Régionales : fortes tensions pour un premier débat, Richert et Philippot au centre du jeu
Le premier débat entre les principales têtes de liste aux régionales dans l’Est (Alsace-Lorraine-Champagne-Ardenne) s’est déroulé dans une ambiance tendue où Florian Philippot (FN) et Philippe Richert (Les Républicains) étaient au cœur du jeu, mettant en marge les autres candidats.
La campagne des régionales dans l’Est se poursuit dans un climat tendu alors qu’un sondage publié dimanche a redistribué les cartes, pointant une progression importante du FN au premier et au second tour. Sans aucun doute au vue du déroulé de ce premier débat qui se jouait mardi après-midi à Strasbourg (Bas-Rhin), ces élections régionales seront avant tout un duel entre Philippe Richert (candidat Les Républicains-UDI, MoDdem et sortant en Alsace) et Florian Philippot (FN, vice-président du parti et député européen). Le candidat PS Jean-Pierre Masseret (président sortant de Lorraine), Sandrine Bélier (EELV) et Jean-Georges Trouillet (User Land) se sont montrés en retrait.
Si Europe Ecologie Les Verts a tenté d’imposer la «lutte contre le réchauffement climatique au même titre que la lutte contre le chômage» dans ce premier débat d’une heure et demie, les autres candidats n’ont globalement pas évoqué ce sujet, se concentrant sur l’économie, la formation professionnelle ou encore l’identité de la nouvelle région. «Créer des emplois passera par l’investissement dans les énergies renouvelables, dans les transports collectifs, dans le bio, le consommer local… Tous ces secteurs représentent des emplois» a plaidé Sandrine Bélier (EELV).
Richert attaqué de toute part sur la défense de l’Alsace
Pour créer des emplois, Richert (LR-UDI-MoDem) rappelle que l’Alsace va engager dans quelques semaines «un plan de 1,4 milliard d’euros pour le haut débit ou encore le contournement de Strasbourg», projet très contesté en Alsace. Durant tout le débat, Philippe Richert s’est surtout employé à défendre son bilan de président de l’Alsace, seule région à droite en France, alors qu’il était attaqué par tous ses contradicteurs sur le maintien de son identité régionale. Le parti User Land qui est farouchement opposé au rattachement de l’Alsace à la Champagne-Ardenne et à la Lorraine n’a eu de cesse d’attaquer M. Richert, qualifié de «fossoyeur» de l’Alsace.
Les trois principales têtes de liste aux régionales dans l'Est. Massert (PS), Philippot (FN) et Richert (Les Républicains-UDI-MoDem).
Pour Jean-Pierre Masseret (PS), crédité de 18% au premier tour dans le dernier sondage qui n’a pas été attaqué par la droite pendant le débat mais surtout par le FN, le «chômage en Lorraine augmente moins que dans les autres régions du Grand-Est» a-t-il affirmé. Lui a clairement assuré son soutien au gouvernement pour sa réforme territoriale. «J’ai toujours dit que j’étais pour ce mariage, j’adhère à cette réforme» a-t-il dit s’attirant les foudres de Florian Philippot. Du côté du FN, il a concédé que la région «ne peut pas régler seule considérablement le problème du chômage et réindustrialiser cette région» a-t-il prévenu. Selon Florian Philippot, s’il prend la tête du Conseil régional, le Grand-Est privilégiera le patriotisme économique, les marchés publics en faveur des entreprises régionales, le soutien aux PME et le +manger Français+ dans les cantines des lycées afin d’aider les agriculteurs locaux.
Le PS maintien son soutien à la fusion des régions
Attaqué sur le maintien de l’Alsace, Philippe Richert a assuré qu’un référendum «était impossible» alors qu’il a été hué par la salle à plusieurs reprises – environ 250 personnes – à chaque fois que le thème de la fusion des régions était sur la table. «Nous sommes contre cette nouvelle région mais nous devons faire avec, il fallait un référendum pour être plus fort et faire plier le gouvernement !» a demandé M. Philippot. «Je suis contre cette fusion à titre personnel mais maintenant elle existe» a répondu le président de l’Alsace provoquant un nouveau brouhaha dans la salle, huées et invectives lancées à son encontre. Selon un sondage publié dimanche, 67% des habitants rejettent la fusion des trois régions de l’Est (80% en Alsace, 66% en Champagne-Ardenne et 59% en Lorraine).
Le PS de son côté a défendu plus de «proximité». Pour développer la création d’entreprises et d’emplois, Jean-Pierre Masseret a plaidé pour «plusieurs agences économiques selon les filières (numérique, énergie, silver économie…etc.)». Les autres candidats ont plaidé une simplification administrative en réduisant le nombre d’agences ou de services. «Les PME sont étouffées par cette complexité administrative», selon Georges Trouillet (User Land). Avis partagé par le FN.
Le FN au centre du jeu, User Land pique Richert
Sandrine Bélier (EELV) a aussi défendu le développement des transports collectifs (TER, bus…) dans les territoires isolés. «Allez en Champagne-Ardenne sans voiture ! C’est un cauchemar… Il faut développer des solutions pour les jeunes et les séniors» a défendu Mme Bélier. «C’est bien dé défendre son bilan mais je n’entends pas de nouvelles recettes face au chômage» a lancé l’écologiste contre M. M Richert et Masseret. Ella fustigé – comme le FN – des aides économiques fléchées surtout «aux grands groupes et aux banques». «Il faut aider nos PME !» a-t-elle assuré.
Philippe Richert a promis 10 000 apprentis en plus à la fin de la mandature et a assuré avoir «mis le paquet» sur l’apprentissage en Alsace, modèle qu’il veut calquer dans la future grande région. «Faux» lui a répondu Philippot. «Vous avez baissé de 25% le budget de l’apprentissage» a critiqué le vice-président du FN provoquant une nouvelle réponse de la droite. «Nous avons 20% d’apprentis en plus que les autres régions et le gouvernement a baissé les crédits».
Les écolos tentent d’imposer leurs thèmes de campagne
Outre l’économie, le débat s’est aussi joué sur les enjeux de la fusion des trois régions. Florian Philippot s’est inquiété de la disparition de marques comme l’Alsace et la Champagne. «Pour le bien des producteurs de champagne, la disparition du nom peut inquiéter» a concédé Europe Ecologie Les Verts. «Les seuls qui faisons du local c’est nous, vous passez votre temps à faire du national à la télévision» a lancé Richert à Philippot. «Occupez-vous d’abord de sauver l’Alsace !» lui répond-il, cinglant.
Le débat s’est terminé sur les langues régionales, l’Europe et l’apprentissage de l’allemand dans les écoles. Si M. M Masseret et Richert ont défendu chacun leurs bilans pour favoriser l’apprentissage de l’allemand dans les écoles, de la maternelle au lycée, ils ont été mis en difficulté par le FN et User Land. «Nous devons devenir la région d’excellence en France pour l’apprentissage de langues étrangères» parie Philippe Richert tandis que Philippot a appelé à «défendre les langues régionales, les festivals culturels locaux et l’apprentissage de langues parlées en Chine, au Brésil, en Inde ou en Russie». Enfin, Europe-Ecologie-Les-Verts a rappelé être pour la ratification de la charte des langues régionales et a défendu un plan d’investissement pour les transports transfrontaliers. «Il faut une uniformisation des tarifs des transports entre la région et les pays frontaliers» a-t-elle proposé. « Les frontaliers paient plein pot».
Les représentants des listes du Front de Gauche, de Debout la France, d’UPR et de Lutte Ouvrière n’étaient pas invités au débat qui n’était pas télévisé et donc soumis aux règles de temps de parole imposées par le CSA.
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