Réforme territoriale : l’agrandissement du conseil régional d’Alsace fait polémique
La région Alsace a décidé d’agrandir l’hémicycle de son assemblée régionale pour accueillir la future assemblée des trois régions fusionnées (Alsace-Lorraine-Champagne-Ardenne). Le choix d’implantation du futur conseil régional n’est d’ailleurs pas encore acté et Metz pourrait décrocher le sésame.
Le choix de Philippe Richert, président (Les Républicains) de l’Alsace, ne passe pas. Le candidat aux régionales a récemment décidé de faire agrandir l’hémicycle du conseil régional d’Alsace implanté à Strasbourg pour pouvoir accueillir suffisamment d’élus dans le cadre de la fusion des trois régions du grand-est, soit 169 conseillers régionaux. Un coût total de 250 000 euros assumé par la région Alsace qui assure ne pas vouloir passer en force pour décrocher le siège du conseil régional qui pourrait revenir à Metz. «On ne peut pas parler d’extension» assure aux DNA le directeur de cabinet du président de la région Alsace.
"Des travaux d’aménagement", selon la région
Pourtant, ces travaux permettront bien d’accueillir le nombre nécessaire de conseillers régionaux issus des élections prévues en décembre. La nouvelle région entrera en vigueur à partir du 1er janvier et aura six mois pour se structurer : sièges des administrations, nom, organisation, identité... Selon la région Alsace, ces travaux permettront d’accueillir les premières sessions du conseil régional car «Strasbourg est capitale». Le choix du siège du conseil régional est en effet encore suspendu et sera acté courant 2016 tandis que la capitale régionale a bien été décrochée par la loi lors du vote de la fusion des régions. Un cas unique en France.
Le conseil régional de Lorraine installé à Metz n’a quant à lui pas besoin de travaux pour accueillir l’ensemble des conseillers régionaux de la future région. Son hémicycle est assez grand pour pouvoir y faire siéger les 169 conseillers. Selon Jean-Pierre Masseret, président (PS) de la Lorraine «ces travaux n’anticipent pas l’avenir. Cette question n’est pas réglée. Je garde bon espoir que l’assemblée territoriale et la questure, soit sa gestion administrative et financière, soient centralisées à Metz» confie-t-il à la presse régionale.
Colère au PS et à Debout la France
Le conseiller régional (PS) de Lorraine chargé de la culture, Bertrand Masson, n’est pas du même avis. «Apprendre que le Conseil régional d'Alsace a engagé des travaux d'agrandissement de son hémicycle pour accueillir la prochaine assemblée régionale, pour 250 000 € ! Au-delà du gaspillage de l'argent public, à l'heure où par exemple, les acteurs culturels alsaciens ont vu leur soutien régional se réduire, il faut rappeler à M. Richert et à ses amis que c'est la prochaine assemblée qui décidera du siège du prochain conseil régional... C'est donc ce qu'on appelle un hold-up démocratique ! Voilà qui en dit long sur les pratiques des Richert, Morano (…)» écrit-il sur les réseaux sociaux.
Pour la l’adjointe (PS) au maire de Strasbourg et conseillère régionale, Pernelle Richardot, fustige également ce choix de Philippe Richert. «Je reconnais bien là la méthode "Richert"....Comme lors du référendum de 2013, il vend la peau de la "bête" avant de l'avoir "gagnée". Sa suffisance (comme celle aujourd'hui de toute une série d'élus régionaux LR-UMP) est indigne et augure mal de sa capacité à travailler avec les autres. Tous ces élus LR-UMP feraient bien mieux de travailler le fond plutôt que de l'atteindre !» critique-t-elle.
Du côté, de la tête de liste Debout la France , Laurent Jacobelli, «en commandant en catimini en plein été de coûteux travaux d'agrandissement de l'Assemblée Régionale d'Alsace pour pouvoir accueillir les 169 élus de la nouvelle région Est, Philippe Richert veut imposer par la force le choix de Strasbourg comme siège du parlement de la future région ACAL. Sans même attendre le résultat des urnes, sans même consulter le peuple, il veut imposer ses choix aux 5,5 millions d'habitants de notre nouvelle région. A t-il simplement demandé leur avis aux Alsaciens qui devront supporter seul la facture ?» fustige-t-il demandant l’arrêt des travaux. Pour lui, Jean-Pierre Masseret «semble prendre acte avec complicité de ce mini-coup d'État. Surement cela fait-il partie de leur accord pré-électoral qui les avait déjà poussé à envisager de faire liste commune il y'a quelques mois !».
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