Vers un enseignement de l’islam à l’école en Alsace-Moselle dès 2016
Une expérimentation mise en place dès la rentrée 2016 doit conduire à proposer des cours de religion aux élèves de confession musulmane dans les écoles d’Alsace-Moselle. C’est déjà le cas pour les religions catholique, protestante et juive reconnues par le concordat.
Les musulmans scolarisés dans les écoles d’Alsace-Moselle pourraient bien suivre des cours de religion comme leurs camarades de confession chrétienne ou juive. Les trois départements concordataires pourraient bien tester dès la rentrée 2016, la mise en place de ces cours de religion encouragés par les représentants locaux des cultes mais aussi la préfecture du Bas-Rhin. L’information avait déjà fuité en juin dernier, le site d’informations Rue 89 affirmait que l’Alsace pourrait intégrer des cours de religion pour les élèves musulmans dans ses programmes. Ce week-end, Le Figaro (article abonnés) affirme que la préfecture du Bas-Rhin est désireuse de relancer, dans la foulée des attentats de janvier, «le dialogue interreligieux».
«Les élèves de confession musulmane subissent une inégalité, estime Murat Ercan, président du conseil régional du culte musulman d'Alsace (CRCM). Ils ont besoin d'être reconnus par la République. Dans les discussions que nous avons avec la préfecture et l'Éducation nationale, nous avons la conviction qu'il est possible d'avancer» affirme-t-il, cité par Le Figaro. Selon le quotidien, les responsables des cultes catholiques et protestants travaillent sur un programme qui serait un éveil culturel et religieux à toutes les grandes religions monothéistes, et destiné aux élèves qui le voudront, «sans distinction de religion». Ces cours de religion seraient d’abord donnés dans les lycées où la part d’élèves de confession musulmane est importante.
Dès la rentrée 2016 dans certains lycées
Ainsi, des imams formés pourraient intervenir dans les écoles pour ces cours de religion, poursuit le quotidien. Le syndicat enseignant Usna quant à lui n’est pas du tout enjoué à l’idée de cette expérimentation dans les écoles d’Alsace-Moselle. Pour le syndicat, c’est un «un tour de passe-passe permettant de contourner le Concordat qui ne peut juridiquement intégrer l'islam et les imams». Ce syndicat plaide plutôt pour un arrêt de l’enseignement religieux dans les écoles de Moselle, du Bas-Rhin et du Haut-Rhin.
L'Observatoire de la laïcité, instance rattachée à Matignon, avait préconisé, dans un avis, de faire "évoluer" le droit local spécifique à l'Alsace-Moselle, en abrogeant notamment le délit de blasphème et en rendant pleinement optionnel l'enseignement religieux à l'école. D'après des chiffres cités par l'Observatoire de la laïcité, l'heure de religion est de facto peu suivie dans les écoles: "en 2010, si 63% des élèves suivaient l'enseignement religieux à l'école primaire, ils n'étaient plus que 30% au collège et 14% au lycée" pour les départements du Bas-Rhin, du Haut-Rhin et de la Moselle. Et à Strasbourg, on compte même 72,4% de "dispensés". En théorie, cet enseignement est obligatoire dans les trois départements concernés, à raison d'une heure par semaine dans le primaire comme dans le secondaire. Dans les faits, il est cependant facultatif, puisque les familles peuvent demander à en être dispensées.
Le retour de ce débat risque par ailleurs de s’inviter dans la campagne des régionales dans la région Grand-est. Récemment, Florian Philippot, candidat FN a promis de «se battre» pour que «l’islam n’intègre pas le concordat d’Alsace-Moselle».
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