Régionales: le FN recentre son discours, Les Républicains et le PS très techniques
Les cinq principales têtes de liste dans l’Est se sont opposées dans un débat diffusé ce mercredi soir sur France 3. Le FN, donné gagnant dans un sondage, a préféré recentrer son discours sur les compétences de la région tandis que les Républicains et le PS s’attardaient sur un discours très technique.
Philippe Richert (Les Républicains-UDI-MoDem), Florian Philippot (FN), Jean-Pierre Masseret (PS), Sandrine Bélier (EELV-PRG) et Patrick Perron (Front de gauche) se sont opposés ce mercredi lors d’un débat diffusé ce soir à 22H50 sur les antennes régionales de France 3 en Alsace, en Lorraine et en Champagne-Ardenne. Lors d’échanges plutôt calmes voire sophroniques ou trop techniques, les candidats ont déroulé leur proposition sur les compétences régionales: économie, organisation de la future région, transports, agriculture et environnement. Même le FN a recentré son discours sur ces thématiques parlant peu d’immigration ou de sécurité.
Alors qu’un sondage Elabe publié mardi dans Les Echos donne le FN Florian Philippot largement en tête au premier et vainqueur au second tour, le candidat de centre-droit Philippe Richert affirme que l’élection se jouera autour d’une «triangulaire très serrée». Plus tard dans le débat, il assurera même que l’avenir de la région «se joue entre le FN et nous», excluant d’office la gauche du jeu. Pour le principal intéressé, «c’est un sondage qui ne fait pas l’élection et le plus important est d’aller voter dimanche» assure M. Philippot. Pour Jean-Pierre Masseret (PS), «ce sondage montre que la gauche est en deuxième position au premier tour» assure-t-il alors qu’il est crédité de seulement 20%. Mais l’ensemble gauche avec Europe Ecologie Les Verts et le Front de Gauche donne le bloc de gauche devant celui de la droite.
"Le futur de la région c’est le FN ou nous", selon la droite
Lors de ce débat, Jean-Pierre Masseret a confirmé qu’il ne fusionnera pas sa liste avec les Républicains pour éviter une victoire possible du FN. Par ailleurs, il a répété qu’il est «hors de question» de se retirer. Agacé, M. Masseret a demandé qu’il fallait «l’écrire, l’écrire, le répéter encore et encore (…)». Dans la matinée, à la radio, Philippe Richert a lui aussi rejeté toute fusion avec le PS au second tour. «On ne peut pas laisser cette région aux mains du FN» a toutefois lancé Patrick Perron (Front de Gauche) plaidant pour un front républicain.
Lors des débats, les candidats ont déroulé leurs propositions déjà détaillées à l’épreuve du terrain pendant une campagne bouleversée par les attentats du 13 novembre. Sur le plan économique, Philippe Richert veut la création d’une agence économique unique, un fond d’accompagnement des entreprises, l’instauration d’une taxe poids-lourds pour tous les camions et a assuré que les subventions aux entreprises en Alsace se font déjà en échange de contreparties de création d’emplois.
Une région fusionnée que personne ne veut, sauf le PS
Philippot (FN) veut favoriser les aides aux PME, PMI et petits agriculteurs. Le vice-président du FN a aussi défendu la priorité aux entreprises locales et régionales pour les marchés publics, défendu une taxe pour les poids-lourds étrangers la création d’un guichet unique pour les entreprises.
La tête de liste PS Jean-Pierre Masseret qui a présidé la région Lorraine pendant deux mandats s’est montré très technique et globalement incompréhensible pour l’électeur lambda en développant son programme économique. Il veut créer des commissariats locaux à l’emploi sur l’ensemble de la région, développer la formation professionnelle ou encore territorialiser les politiques publiques économiques. «La région a des responsabilités pour l’emploi» a-t-il plaidé.
Philippe Richert (LR-UDI-MoDem), Sandrine Bélier (EELV-PRG), Florian Philippot (FN), Jean-Pierre Masseret (PS) et Patrick Perron (Front de gauche). PHOTO : CAPTURE FRANCE 3/ MONTAGE LORACTU.fr
Sandrine Bélier a plaidé pour un plan d’investissement pour la transition écologique : lancer des chantiers d’isolation des bâtiments, développer la filière industrielle des énergies renouvelables et flécher les aides aux PME-PMI et non aux grands groupes.
Pour l’organisation de la future région, les candidats se sont montrés hostiles à la fusion de l’Alsace, la Lorraine et la Champagne-Ardenne. «On ne voulait pas de cette région, cette fusion n’est pas éternelle» a assuré Florian Philippot, évoquant une réorganisation de la carte de France en cas de victoire de Marine Le Pen en 2017. «Mais on fera avec et on oubliera aucun territoire rural» assure le FN qui veut la capitale régionale à Châlons-en-Champagne, l’assemblée régionale à Metz et conforter Strasbourg en capitale économique et siège du Parlement européen.
Les transports au cœur du débat
A droite, Philippe Richert défend l’identité des régions mais veut «pour construire le futur une nouvelle identité» pour le Grand-Est. Le président sortant de l’Alsace défend trois maisons de région avec des services à Strasbourg, Metz et Châlons. Pour Jean-Pierre Masseret (PS), il «faut conserver le nom des trois régions» même s’il assure avoir défendu la fusion portée par le gouvernement.
Le sujet des transports a occupé l’espace pendant le débat. Philippe Richert veut la création d’un schéma cohérent de transports ferroviaire entre les trois régions tout comme Sandrine Bélier qui défend une Champagne-Ardenne laissée à l’abandon. Le candidat LR veut une taxe de transit sur les camions pour financer les projets d’infrastructures, rappelant à Philippot que la législation ne permet pas de viser uniquement les poids-lourds étrangers. Le PS quant à lui défend la gratuité des transports scolaires quand le FN veut les déléguer aux départements. Florian Philippot a aussi proposé la création de minibus dans les campagnes et le maintien des gares rurales.
Le candidat FN favori des sondages a peu évoqué la question de l’immigration et de la sécurité qu’il a longuement exploitée tout au long de la campagne. Il a répété son intention de supprimer les subventions aux communes accueillant des migrants, sa volonté de ne pas intégrer l’islam dans le concordat d’Alsace-Moselle et son intérêt pour «améliorer» la sécurité aux abords des lycées.
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