Florian Philippot veut "expulser" Rachid Nekkaz venu payer une amende anti-niqab à Forbach

Politique

Rachid Nekkaz, tout sourire devant le centre des finances publiques de Forbach (Moselle) lundi 24 octobre 2016 venu défier le vice-président du FN, Florian Philippot. (PHOTO: PUBLIEE PAR RADIO MELODIE)

Dans un face-à-face tendu, Florian Philippot, député européen et vice-président du FN a tenté lundi à Forbach (Moselle) d'empêcher l'homme d'affaires algérien Rachid Nekkaz de payer l'amende d'une femme verbalisée pour port du niqab. L’homme qui a renoncé à la nationalité française est arrivé au centre des finances publiques vers 15 heures, portant un foulard représentant le drapeau algérien. M. Philippot avait quant à lui un foulard tricolore bleu-blanc-rouge.

"Nous allons (la France) vous expulser avec fierté, votre comportement n’est pas compatible avec notre liberté de la femme, celle que nous défendons (…) ça l’a été aussi en Algérie, j’espère que ça le sera demain" a lancé M. Philippot à l’homme d’affaires algérien venu défendre son combat pour le port du voile intégral en France. "Allez faire campagne en Algérie avec ce programme et faites-vous élire (…)" a poursuivi le bras droit de Marine Le Pen qui entend de nouveau être candidat aux législatives de juin 2017 dans la circonscription de Forbach.

- "On va vous expulser avec fierté" -

"Expulsons fièrement le fana des burqas", "Sans voile et fière de l’être", "Touche pas à mon égalité homme-femme" pouvait-on lire sur les pancartes des manifestants frontistes. En face, une dizaine de jeunes arborant le drapeau algérien et vivant  dans les environs sont venus apporter leur soutien à  Rachid Nekkaz. L’homme d’affaires a assuré de son côté payer l’amende d’une femme prénommée Hélène et verbalisée pour le port du voile intégral dans la rue. "Vous voulez emprisonner les femmes françaises qui ne sont pas d’accord avec vous ? C’est ça ? " s’est indigné l’homme d’affaires algérien.

Ce promoteur immobilier, adepte des coups médiatiques, a brandi une enveloppe contenant "un chèque" pour payer la "1.174e amende d'une citoyenne française" verbalisée pour port du niqab, a-t-il affirmé, tout sourire. Quand Rachid Nekkaz a voulu entrer dans les locaux de l'hôtel des impôts, le député européen ne s’y est pas opposé, se contentant de chanter La Marseillaise avec une poignée de militants frontistes venu manifester. La députée européenne FN Sophie Montel, élue en Franche-Comté et proche de M. Philippot était également présente.

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- Un autre face à face tendu avec Nadine Morano -

Le 14 octobre dernier à Toul, Rachid Nekkaz avait d’abord proposé un déjeuner à Nadine Morano qui avait décliné. La députée européenne avait affirmé dans plusieurs médias vouloir son expulsion, ce qui a provoqué l’envie de cet homme d’affaires de venir rencontrer l’élue de Meurthe-et-Moselle en payant une amende anti-niqab dans sa ville. Lors d’un face à face encore plus tendu qu’avec M. Philippot, Nadine Morano avait tenté d’empêcher l’accès au centre des finances publiques à M. Nekkaz. La police avait dû calmer Mme Morano et une trentaine de sympathisants en colère alors au bord de l’affrontement.

Après cet épisode, Florian Philippot avait d’ailleurs soutenu publiquement Nadine Morano. Appelant là aussi dans les médias à l’expulsion de Rachid Nekkaz, ce dernier avait annoncé vouloir venir à Forbach pour provoquer le vice-président du FN.

Promoteur immobilier, Rachid Nekkaz affirme mener un combat au nom du
"respect des libertés fondamentales". La loi "interdisant la dissimulation du visage dans l'espace public", promulguée le 11 octobre 2010 par le président Nicolas Sarkozy, punit d'une amende pouvant aller jusqu'à 150 euros le port du niqab (voile qui ne montre que les yeux) ou de la burqa (qui les cache derrière un tissu à mailles).

Dans l'entourage du ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, on rappelle qu'un amendement a été introduit par le gouvernement au projet de loi "Egalité et Citoyenneté", visant à interdire le paiement des amendes par des tiers, "pour permettre de sanctionner ce genre de pratiques". Cet amendement a été voté au Sénat à la mi-octobre.