L'Alsace et la Lorraine, des terres anciennes du judaïsme en France
Des synagogues dans les villages témoignent encore du riche passé du judaïsme rural dans la région.
Des profanations de tombes juives ont souvent eu lieu en Alsace et en Lorraine, deux régions aux communautés juives importantes et dont les cimetières sont fréquemment isolés dans des zones rurales.
Le cimetière juif de Sarre-Union (Bas-Rhin) avait déjà subi cinq profanations depuis 1945, avant celle découverte dimanche.
"A l'orée de la Révolution française, les Juifs d'Alsace et de Lorraine représentaient facilement les deux-tiers du judaïsme français", estime Freddy Raphaël, sociologue émérite de l'Université de Strasbourg et spécialiste du judaïsme alsacien.
Cinq profanations depuis 1945 à Sarre-Union
On recensait environ 20.000 Juifs en Alsace en 1784, et 10.000 en Lorraine vers la même époque, d'après les historiens.
Cette "densité tout à fait particulière" de communautés juives était due au fait que jusqu'au milieu du XVIIe siècle et la fin de la guerre de Trente Ans, "l'Alsace et la Lorraine faisaient partie du Saint-Empire romain germanique, où les Juifs étaient davantage tolérés que dans le royaume de France", relève M. Raphaël.
Dans ces terres impériales, "les Juifs pouvaient notamment s'adonner au prêt d'argent, qui était une condition essentielle de la vie économique naissante et du capitalisme", rappelle l'universitaire.
Des communautés juives très rurales
Cependant, jusqu'à la Révolution, les communautés juives d'Alsace étaient "en grande partie rurales" car dans le courant du Moyen-Age, sur fond de persécutions, les Juifs ont été bannis de villes comme Strasbourg, et avaient l'interdiction d'y enterrer leurs défunts, précise René Gutman, le Grand rabbin de Strasbourg et du Bas-Rhin.
D'où la présence autrefois de nombreuses communautés et cimetières dans les villages de la région, ce qui explique aussi "l'isolement" de ces cimetières anciens et "malheureusement la grande facilité qu'il y a à y faire des saccages ou des destructions", explique M. Gutman.
Outre ces cimetières, de nombreuses synagogues dans les villages alsaciens, la plupart aujourd'hui désaffectées, témoignent encore du riche passé du judaïsme rural dans la région, qui a décliné à partir de la seconde moitié du XIXe siècle au profit des centres urbains.
(Avec AFP)
0 Commentaire