Escroquerie à l'assurance-vie: une centaine de victimes, 1,2 million de préjudice

05/02/2015
AFP

Une vaste escroquerie à l'assurance-vie, qui consiste à faire croire à des héritiers qu'ils sont bénéficiaires d'un compte secret à l'étranger ouvert par un proche défunt, sévit depuis 2012 dans toute la France, pour un préjudice recensé de 1,2 million d'euros, a-t-on appris jeudi de source judiciaire.

"Nous avons une centaine de victimes, dont 70 qui ont versé des fonds", a expliqué à l'AFP le vice-procureur chargé du dossier à la juridiction inter-régionale spécialisée (JIRS) de Nancy, Mathieu Fohlen.

Estimant que d'autres victimes pourraient se signaler, la JIRS a décidé de lancer un appel à témoins dans cette affaire.

Les escrocs, qui se font passer pour des avocats, repèrent des victimes qui ont récemment perdu un proche, puis les appellent et leur annoncent que le défunt avait ouvert un compte secret à l'étranger, crédité de 200.000 à 300.000 euros.

"On leur explique ensuite que, malheureusement, le défunt avait oublié de régler une dernière mensualité de 6.000 euros. Puis, s'ils ont mordu le hameçon, qu'il faut encore 6.000 euros de frais de rapatriement, etc...", a détaillé le vice-procureur.

Les faux avocats font par ailleurs signer à leurs victimes une "clause de confidentialité", qui leur interdit de parler de la transaction, "une manière de tenir leurs victimes qui expriment ensuite une grande culpabilité, puisqu'elles ont sciemment spolié les autres héritiers, leurs frères ou leurs soeurs", a précisé M. Fohlen.

Certaines victimes ont dépensé jusqu'à 100.000 euros, sans jamais toucher le moindre centime du supposé compte à l'étranger.

"Les escrocs s'attaquent à des personnes d'un certain âge, et principalement dans les zones frontalières: le but, c'est que leurs victimes ouvrent un compte à l'étranger, où elles versent les +frais+, et sur lequel l'héritage doit tomber", a encore expliqué le vice-procureur, qui compare le mode opératoire à celui des escroqueries aux faux ordres de virement qui se multiplient dans les entreprises.

L'utilisation de téléphones IP et de comptes à l'étranger complique considérablement la tâche des enquêteurs, qui estiment que de nombreuses victimes n'ont pas osé déposer plainte, bien que de nouveaux faits soient signalés "toutes les semaines", a souligné le vice-procureur.

Les auteurs utilisent par ailleurs de faux sites internet d'avocats aux noms fluctuants ou usurpés, tels que "Marc de la Villardiaire", "Charles de la Roche", "Pierre Calvin", "Gérald de Courcheville", "Julien de Fréville", "Charles Delcourt", "Pierre Delaunay", ou "Honoré & Caron".

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