Affaire Sylvie Leclerc à Nancy: 9 ans de prison ferme requis pour avoir tué son compagnon
Neuf ans de prison ferme ont été requis contre Sylvie Leclerc, une femme accusée d'avoir tué son compagnon d'un coup de fusil en plein coeur lors de son sommeil en 2012. Un meurtre que Mme Leclerc justifie par 35 ans de viols et de violences conguales perpetrées par Gérard. L'avocat de la famille de cet éboueur de profession a contesté durant le procès qui s'est ouvert lundi aux assises de Nancy (Meurthe-et-Moselle) la version de Sylvie Leclerc. Les avocates de l'accusée ont tenté de comparer ce procès à l'affaire Jacqueline Sauvage qui avait tué son mari puis partiellement graciée par François Hollande.
L'avocate générale a aussi requis 5 ans de suivi soci-judiciaire de Sylvie Leclerc.
"Je pense que c'était la seule issue pour ma mère et qu'elle a bien fait de faire ce qu'elle a fait. Il me faisait très peur, même s'il ne m'a jamais frappée", a expliqué à l'audience mercredi Aude, fille unique de Sylvie Leclerc et de Gérard Schahan, tué d'un coup de fusil tiré à bout portant un soir de mai 2012 près de Nancy.
S'adressant directement à sa mère depuis la barre, Aude Leclerc lui a lancé, très émue: "Maman, tu as bien fait de le tuer. Il est mieux là où il est", ajoutant que "c'était salutaire pour lui, il aurait fini par se suicider". "Je ne dis pas que c'était un sadique, mais depuis que je suis devenue mère et que je suis mariée, j'ai un élément de comparaison, et je me rends compte que mon père avait une emprise sur ma mère, sur moi et sur tout son entourage", a déclaré la jeune femme de 27 ans.
Ces déclarations constituent un revirement important par rapport à celles faites par Aude Leclerc aux enquêteurs. Elle avait alors déclaré n'avoir jamais vu son père commettre un acte de violence sur elle ou sur sa mère. Elle avait également décrit son père, éboueur de 58 ans, comme un homme doux et gentil, mais dépressif et renfermé.
Sylvie Leclerc avait affirmé mardi devant la cour que son compagnon était "jaloux" et "colérique", qu'il l'insultait et la contraignait à des rapports sexuels longs et douloureux, inspirés de films pornographiques. Aude a confirmé mercredi avoir été le témoin auditif de ces relations imposées par son père à sa mère. A l'instar de proches de Gérard Schahan entendus mardi, elle a toutefois aussi décrit son père comme un homme profondément meurtri par le départ de Sylvie, pendant une phase de rupture qui avait duré environ six mois. "Quand elle est partie, mon père était perdu, on aurait dit un oiseau tombé du nid. Il pleurait tout le temps", a-t-elle dit.
- "La voix du mal" -
En fin de journée mercredi, le Dr Jacques Henry, expert psychiatre qui a rencontré Sylvie Leclerc en détention, a pour sa part estimé que "la relation d'emprise était pour partie partagée entre les deux conjoints", soulignant qu'"il existe quelque chose dans la personnalité de Sylvie qui a pu participé à établir cette relation".
Pour le médecin, Sylvie Leclerc, qui parle de "la voix du mal" qui lui aurait dicté son geste, "ne présente pas d'abolition du discernement, mais est atteinte d'un trouble psychique susceptible d'avoir altéré son discernement au moment des faits".
Un soir de mai 2012, Mme Leclerc a tué Gérard Schahan, son compagnon depuis 35 ans, d'une balle de fusil tirée à bout portant dans le thorax, tandis qu'il dormait dans leur appartement. Elle s'était ensuite réfugiée chez des voisins, leur expliquant: "Il me harcelait, je serai tranquille!".
Le verdict du procès est attendu jeudi en fin de journée ou en début de soirée.