Nancy: 9 ans de prison requis contre Sylvie Leclerc pour le meurtre de son compagnon
Le parquet a requis jeudi 9 ans de prison à l'encontre de Sylvie Leclerc, une quinquagénaire jugée depuis lundi à Nancy pour avoir abattu son compagnon d'une balle de fusil en 2012, afin selon elle de se "libérer" de son emprise.
"Oui elle a tué Gérard, oui elle était sa concubine. Non son discernement n'était pas aboli, oui il était altéré", a souligné dans son réquisitoire l'avocate générale Marie-Claude Weiss.
"Mais une vie douloureuse et la dépression chronique ont créé chez elle cette impression qu'il n'y avait pas d'autre issue", a ajouté la magistrate, précisant qu'elle ne souhaitait pas "ajouter du malheur au malheur, car chez Mme Leclerc, le malheur est tenace et le bonheur est fugace".
Le verdict est attendu dans la soirée. Mme Leclerc encourt la réclusion criminelle à perpétuité.
Pendant ces quatre jours d'audience, l'accusée de 54 ans a été présentée par ses défenseurs comme une nouvelle Jacqueline Sauvage, devenue un symbole des violences faites aux femmes après sa condamnation en décembre à Blois à 10 ans de réclusion pour le meurtre de son mari violent, mais qui a bénéficié ensuite d'une grâce présidentielle partielle.
Devant les jurés de la cour d'assises de Meurthe-et-Moselle, Mme Leclerc a tenté d'expliquer à quel point il lui était devenu nécessaire de se "libérer" de l'emprise de son compagnon, qu'elle avait abattu à bout portant dans son lit.
Cet éboueur de 58 ans dont elle a partagé la vie durant 35 ans était selon elle un être "jaloux" et "colérique", qui l'insultait et la forçait à des rapports sexuels douloureux.
La propre fille de Sylvie Leclerc et Gérard Schahan, Aude, 27 ans, a déclaré à la cour que sa mère avait "bien fait" de tuer son père, car "c'était la seule issue". "Mon père avait une emprise sur ma mère, sur moi et sur tout son entourage", a-t-elle raconté.
Mais les débats ont également mis en lumière la relation complexe entre l'accusée et sa victime. Mme Leclerc était "davantage prisonnière de sa propre dépendance que de l'emprise objective de son conjoint", a ainsi souligné à la barre un expert psychologue.