Vincent Lambert: réquisitoire contre le CHU de Reims de son neveu qui saisit le Conseil d'Etat
François Lambert, neveu de Vincent Lambert hospitalisé dans un état végétatif depuis 2008, a annoncé mercredi qu'il avait saisi le juge administratif pour enjoindre, sous peine d'astreinte, au CHU de Reims de reprendre la procédure sur un éventuel arrêt des soins au patient conformément à la décision de la Cour de Nancy en juin dernier, a-t-on appris mercredi.
Dans un message adressé à des médias, dont l'AFP, François Lambert se livre à une charge sévère contre l'établissement hospitalier (où son oncle est hospitalisé), qui, déclare-t-il, arguments à la clé, "refuse catégoriquement de répondre à la question de l'acharnement thérapeutique concernant Vincent, sans jamais le prendre en compte (...)".
la Cour administrative d'appel de Nancy avait ordonné le 16 juin au CHU de Reims de "répondre aux obligations lui incombant vis-à-vis de M. Vincent Lambert en vertu du code de la santé publique", et de reprendre la procédure de consultation des experts pouvant mener à un arrêt des soins. Cette procédure avait été interrompue en juillet 2015, le CHU faisant valoir que les conditions de "sérénité" nécessaires n'étaient pas réunies.
"Le CHU avait trois mois pour se conformer à l'arrêt. Il ne l'a pas fait. J'ai donc fait une demande d'astreinte (1.000 euros par jour de retard), qui a été transférée par la Cour au Conseil d'État", écrit François Lambert dans un texte communiqué à la presse.
Le CHU de Reims avait déclaré, le 17 juin, qu'il suivrait " l'injonction " qui lui avait été faite, sans plus de précision.
Les parents du patient, qui demandent le transfert de leur fils et sont fermement opposés à sa fin de vie, contestent de leur côté la décision des juges de Nancy devant le Conseil d'Etat. Ils ont par ailleurs déposé un pourvoi devant la Cour de cassation suite au maintien de Rachel Lambert, l'épouse de Vincent, comme tutrice de son époux.
"Le CHU a clairement une position idéologique pro-vie sur cette question de l'acharnement thérapeutique, qui dépasse de loin le cas de Vincent Lambert", a affirmé à l'AFP François Lambert, pour qui l'établissement a "décidé d'entrer dans un bras de fer avec la justice".
Contacté par l'AFP, le CHU n'a pas souhaité s'exprimer.
Le Conseil d'Etat avait, le 24 juin 2014, jugé légal l'arrêt des soins de Vincent Lambert par l'équipe médicale dirigée par le docteur Kariger, qui a quitté ses fonctions depuis. Un jugement validé par la Cour européenne des droits de l'homme en juin 2015.
Vincent Lambert, 40 ans, souffre de lésions cérébrales irréversibles suite à un accident de la circulation en 2008.
François Lambert estime également que la ministre de la Santé Marisol Touraine "a sa part de responsabilité dans (le) fiasco" pour n'avoir pas fait exécuter la décision des juges nancéiens".