Moselle: relaxe d'un patron poursuivi pour injures racistes envers un de ses employés
Le patron d'une entreprise mosellane qui avait proféré des insultes à caractère raciste contre un de ses employés, qui avait filmé la scène, a été relaxé mardi à Metz, a-t-on appris auprès des avocats.
Ce chef d'entreprise d'Hauconcourt, qui comparaissait devant le tribunal correctionnel de Metz, avait insulté son employé, chauffeur routier, en juillet 2013, lui reprochant de ne pas avoir mis assez d'eau dans la citerne de son camion.
Sur la vidéo de la scène, captée par le téléphone portable de l'employé et par la suite diffusée dans l'émission "Complément d'enquête" sur France 2, on entend le chef d'entreprise lancer "depuis qu'un patron s'est fait trancher la gorge, j'en ai jusque-là", en référence à la décapitation quelques semaines plus tôt d'un chef d'entreprise dans le Rhône par un de ses employés qui avait brandi des drapeaux islamistes.
L'employé tente un faible "c'est pas pareil", mais son patron rétorque "si, c'est exactement pareil et j'ai envie, moi, de prendre un Arabe et 'tac', et de le mettre en haut de mon bâtiment". Le chef d'entreprise hurle aussi "j'aime pas les Arabes, alors fais gaffe à toi !"
"On a plaidé le fait qu'il n'y avait pas de caractère public dans ces propos, qui ont été tenus dans l'enceinte de l'entreprise", a expliqué à l'AFP l'avocat de la défense, Me Xavier Iochum, soulignant que "ce n'est pas (son client) qui a assuré la publicité de ces propos" mais l'employé qui a filmé la scène.
"L'incrimination choisie par le parquet était fausse", a pour sa part déploré Me Mehdi Zouaoui, avocat de l'employé. "Ce n'est pas terminé, je vais déposer une plainte avec constitution de partie civile pour des faits de harcèlement moral", a-t-il ajouté, alors que l'employé a perdu son travail depuis cet épisode.
"Cette loi de 1881 (sur la liberté de la presse, qui réprime les injures raciales, NDLR) doit changer, mais ce n'est pas aux tribunaux de le faire, c'est aux politiques", a-t-il estimé.
Une personne poursuivie pour une injure raciste, sexiste ou homophobe n'encourt qu'une contravention de 750 maximum si cette injure n'est pas publique, contre six mois de prison et de 22.500 d'amende si elle est proférée en public.