Duel Bedos-Morano à la barre du tribunal de Nancy: le parquet requiert une amende
Guy Bedos a récusé toute misogynie, lundi à la barre du tribunal de Nancy où il comparaissait pour avoir traité de "conne" l'eurodéputée (Les Républicains) Nadine Morano, qui a pour sa part accusé l'humoriste de lui vouer une "animosité personnelle".
Pour le procureur Pierre Kahn, "la limite a été franchie" lorsque l'humoriste a copieusement insulté l'élue lors d'un spectacle à Toul (Meurthe-et-Moselle) en 2013, qui lui vaut désormais ces poursuites pour "injure publique" passibles d'une amende maximale de 12.000 euros. Le tribunal a mis sa décision en délibéré au 14 septembre.
"Monsieur Bedos se drape derrière son statut d'humoriste. Or il n'y a pas deux catégories de citoyens", a déclaré Nadine Morano à son arrivée au palais de justice.
Mme Morano a également estimé que Guy Bedos faisait preuve à son encontre "d'une animosité personnelle qui va au-delà de l'engagement politique".
Pour Me Alain Behr, l'un des avocats nancéiens de l'ancienne ministre, M. Bedos a "profité de la protection que lui procurait son costume de bouffon pour insulter Mme Morano", dénonçant la "bordée d'injures", dont elle avait été victime ainsi que la "volonté de Guy Bedos de mépriser et d'humilier Nadine Morano devant son public" à Toul où elle était alors conseillère municipale de l'opposition UMP.
"Je suis tout sauf misogyne" s'est pour sa part défendu Guy Bedos, 81 ans. "On veut m'accuser d'avoir tenu des propos infamants sur les femmes. C'est tout le contraire de mes convictions", a-t-il ajouté.
L'un des avocats de l'humoriste, Me Stéphane Cherqui, a dénoncé une "instrumentalisation de toute cette affaire assez évidente de la part de Nadine Morano".
Selon lui, elle n'était pas seule et il y avait "toute une kyrielle de personnalités égratignées dans le spectacle de M. Bedos". Pour son avocat, Guy Bedos n'a fait que brocarder "la Nadine Morano que tout le monde connaît", celle qui fait régulièrement le buzz avec des déclarations maladroites, à l'instar de ces propos sur sa "meilleure amie, (...) plus noire qu'une Arabe" lors d'un entretien télévisé.
A une journaliste qui lui demandait à l'issue de l'audience si Mme Morano avait "manqué d'humour", Guy Bedos a répondu : "Un peu", avant de lâcher, non sans ironie, être "désolé d'avoir fait tant de peine à Nadine Morano".
"Tout ceux qui me connaissent savent que j'ai beaucoup d'humour", a rétorqué Mme Morano en souhaitant "que cette condamnation soit un exemple".
Mme Morano a précisé avoir réclamé 15.000 euros de dommages et intérêts qu'elle souhaite verser à des associations de luttes contre les violences faites aux femmes.
"Nadine Morano a été élue ici à Toul? Vous l'avez échappé belle! On m'avait promis qu'elle serait là... Quelle conne !", avait notamment lancé l'artiste à un public de 1.300 personnes, le 11 octobre 2013 un spectacle à Toul. Il avait ensuite lancé plusieurs injures à l'intention de l'élue.