Dans un contexte de défiance, l’exercice délicat de Richert pour séduire les patrons

France - 21/09/2016 17h47
Lu 5 734 fois -   LORACTU.fr La Rédaction
Dans un contexte de défiance, l’exercice délicat de Richert pour séduire les patrons
Economie
Philippe Richert devant des chefs d'entreprises lors d'un dîner à nancy (Meurthe-et-Moselle), jeudi 15 septembre 2016. (PHOTO: CCI LORRAINE)

Le président (Les Républicains) de la région Grand-Est a défendu jeudi sa politique économique et d’aide aux entreprises devant un pare-terre de chefs d’entreprises à Nancy (Meurthe-et-Moselle). Un exercice d’équilibriste pour M. Richert qui a dû défendre le potentiel d’une région dont il a combattu la naissance.

L’exercice était déjà délicat lors de la campagne des régionales, il l’est encore davantage depuis la naissance de la méga-région Grand-Est en janvier dernier. Philippe Richert qui a pris la tête de l’Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine s’est efforcé de convaincre une poignée de chefs d’entreprise et d’élus locaux à Nancy (Meurthe-et-Moselle) à l’occasion d’un dîner débat organisé par la CCI de Lorraine. Face à M. Richert, des patrons de PME, des commerçants ou des dirigeants de grands groupes qui sont sensibles au contexte politique local mais aussi national à huit mois de la présidentielle.

«Trop long» pour certains, «bon connaisseur de ses dossiers» pour d’autres chefs d’entreprises, M. Richert s’est passé d’une bonne partie du dîner préférant rester à la tribune pour répondre aux questions de l’assistance. «Un bon signal, il veut nous écouter et nous convaincre c’est sûr» se réjouit le patron d’un groupe industriel de Meurthe-et-Moselle. Durant plus de deux heures, le président de la méga-région a tenté d’expliquer comment sa collectivité qui va hériter de compétences économiques des départements en 2017 entend aider les entreprises. «Nous avons ces nouvelles compétences mais sans les budgets qui vont avec» peste Philippe Richert qui se bat avec Manuel Valls pour obtenir 600 millions d’euros de compensations pour l’ensemble des régions.

Durant ce dîner, M. Richert s’est aussi défendu d’être à l’origine de la «taxe des régions» qui a fortement mobilisé ses homologues de droite réclamant un abandon de ce nouvel impôt. «Tous les présidents de région étaient d’accord. Les Hauts-de-France avaient seulement indiqué ne pas vouloir l’appliquer, soit. Mais je n’ai pas imposé cette taxe à Matignon. Nous avions fait d’autres propositions comme la taxe carbone» assure Philippe Richert. Pourtant, celui qui est aussi président de l’ARF (Assemblée des Régions de France) avait fait publiquement état de sa satisfaction quant à l’accord trouvé avec M. Valls sur l’entrée en vigueur prochaine de cette «taxe d’équipement régional». Avant de faire marche arrière devant la levée de boucliers de ses collègues de droite et son opposition régionale. Il faudra attendre le 29 septembre pour que Manuel Valls puisse faire de nouvelles propositions lors du congrès des régions à Reims (Marne).

- "La région Grand-Est a du potentiel", défend Richert

Avant de dérouler sa vision, Philippe Richert s’est fait violence en revenant sur son parcours personnel, sa personnalité et ses valeurs. Peu habitué à parler de lui, le nouveau président et ex-patron de l’Alsace est peu connu de ses interlocuteurs en Lorraine et en Champagne-Ardenne. Revenant sur ses origines modestes, relevant que son père était agriculteur et sa mère au foyer, il a défendu sa compréhension de l’entreprise. «Je devais devenir peintre en bâtiment (…) je ne voulais pas faire de la politique» a-t-il révélé devant une assistance silencieuse. Après avoir fait ses armes dans le Bas-Rhin, en Alsace et au gouvernement Fillon, il repart finalement aux régionales de 2015. «Je n’avais pas l’intention de me présenter mais il y avait la menace FN qui pouvait l’emporter» relève-t-il. Celui qui a combattu la fusion des régions pilote désormais ce territoire deux fois et demi plus grand que la Belgique et au PIB supérieur à celui du Portugal. Devant des chefs d’entreprises peu convaincus par ce revirement, il a répété son envie de «défendre le Grand-Est, de construire ensemble une identité, une politique économique».

Relevant la puissance des Länder allemands voisins, la Sarre, Rhénanie-Palatinat et le Bade-Wurtemberg, il dit qu’il est indispensable de défendre l’échelon régional pour peser économiquement. «Nous avons un vrai potentiel, notre PIB pèse 150 milliards d’euros» lance M. Richert, défendant aussi ses discussions et ses accords avec le gouvernement de M. Valls. Sur le plan des 500 000 formations initié par François Hollande, Richert a suivi et a convaincu ses collègues présidents de région. «On aurait pu dire non car on est dans l’opposition mais j’ai dit chiche ! Il faut renforcer notre implication dans la formation, dans l’alternance, dans l’apprentissage (...)».

- Défense d'une écotaxe régionale - 

M. Richert a aussi promis aux chefs d’entreprises inquiets de l’état des infrastructures routières et autoroutières – notamment l’A31 – de peser de tout son poids pour défendre l’idée de l’écotaxe régionale. Pour lui, il faut «taxer les camions en transit qui traverse le Grand-Est. Pas les poids-lourds qui effectuent des petits trajets chez nous mais les camions qui traversent la région» dit-il. Favorable à une écotaxe régionale, il a dénoncé la fin de non recevoir de Ségolène Royal largement huée et moquée dans la salle. «L’Etat doit nous céder les routes nationales et les crédits qui vont avec» plaide Philippe Richert qui a assumé sa volonté de grappiller toujours plus de pouvoirs pour les régions. «Je n’oublierai pas ce dossier dit-il conscient toutefois que le gouvernement Valls ne devrait pas céder, des échéances arrivent en 2017» note-t-il, espérant que la droite puisse réactiver ce serpent de mer.

Très technique et long dans ses explications, M. Richert n’a semble-t-il pas convaincu les chefs d’entreprises lorrains. Entre son soutien contesté à Nicolas Sarkozy qu’il a défendu devant le public et le peu d’annonces concrètes, les invités sont repartis déçus. «On n’a pas compris qu’elle était sa vision, ses priorités. Il nous dit qu’il veut construire avec tous les acteurs la région Grand-Est mais construire quoi ? Il ne nous l’a pas expliqué» tacle, cinglant un patron qui gère 500 salariés. 

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