Primaire de la droite: les candidats proposent des réformes économiques déjà promises
Les sept candidats à la primaire de la droite et du centre ont expliqué leurs propositions économiques lors de la première partie du débat télévisé jeudi soir. Partageant pour la plupart les mêmes recettes, les candidats ont fait des propositions résolument libérales.
La première partie du débat qui a duré un peu moins d’une heure et demie sur TF1 et RTL à une quarantaine de jours du premier tour a vu les candidats détailler leurs propositions économiques visant à lutter contre le chômage et à «remettre les Français au travail». Libérales, les mesures défendues par Alain Juppé, Nicolas Sarkozy, Bruno Le Maire, Jean-François Copé, Jean-Frédéric Poisson, François Fillon et Nathalie Kosciusko-Morizet ont défendu des mesures similaires à quelques nuances.
Nicolas Sarkozy, situé au centre du plateau, a affirmé jeudi qu'il ne serait pas le "Martine Aubry de droite" en imposant un temps de travail à 39 heures par semaine. "Je veux la liberté, je ne serai pas le Martine Aubry de droite", a déclaré l'ancien président de la République, à propos de l'ancienne ministre de l'Emploi qui avait instauré les 35 heures en 2000. "On ne va pas être des obsédés des 39 heures, chaque entreprise pourra choisir la durée hebdomadaire de son travail librement à deux conditions: la première c'est que si c'est 37 heures, c'est 37 heures payées 37, et la deuxième c'est que ça se fasse par (...) un référendum dans l'entreprise." "Les heures supplémentaires défiscalisées que je confirme commenceront à partir du moment où on aura défini la durée hebdomadaire du travail, entreprise par entreprise", a-t-il encore martelé.
- La chasse aux fonctionnaires -
Pour Bruno Le Maire, il faut privatiser Pôle Emploi et supprimer les emplois aidés car le travail est une priorité absolue pour les Français, a estimé l’ex-ministre de l’Agriculture au coude-à-coude avec François Fillon dans les sondages. Lui, veut baisser massivement les charges des entreprises à hauteur de 40 milliards d’euros en plus du CICE mis en place par François Hollande durant son quinquennat. Tous globalement veulent d’ailleurs baisser les impôts, tant sur les entreprises que sur les ménages.
M. Copé s’accord aussi à baisser largement les charges visant les entreprises et veut réformer par ordonnance. Parmi la quinzaine de mesures à prendre sous cette forme, l’ancien patron de l’UMP veut assouplir les conditions du travail en réformant le code du travail. Alain Juppé qui est largement devant ses concurrents dans les enquêtes d’intention de vote veut quant à lui défendre le plein emploi qui est possible en France, estime-t-il, à condition de mettre fin à l’abus du système effectué par certains demandeurs d’emploi. Défendant la dégressivité des allocations chômage, le maire de Bordeaux prévoit 20% de dégressivité d’ici fin 2017.
La seule femme candidate, Nathalie Kosciusko-Morizet, a marqué sa différence en défendant particulièrement le travail indépendant qui n’est pas assez développé en France contrairement à son voisin britannique par exemple. Défendant une nouvelle société, la chantre du numérique et start-up déplore qu’être indépendant c’est la galère.
- Tous veulent baisser les impôts après une hausse de 2007 à 2012 -
Comme ses concurrents, M. Sarkozy a défendu la baisse des charges, à hauteur de 34 milliards d’euros, estime-t-il. S’il refuse d’abroger en tant quel tel les 35 heures, l’ancien président de la République veut aller plus loin et propose de pousser le référendum en entreprise pour donner la liberté de décider dans chacune d’elle le temps de travail maximum. Chaque entreprise pourra choisir librement le temps de travail. Dans la fonction publique, il veut le big-bang en obligeant les fonctionnaires à travailler 39 heures.
Les 35h ont fait perdre le sens du travail en France, assure Bruno Le Maire, car elles ont entraîné des pertes d'emplois et une baisse de la valeur du travail. Le candidat est favorable à une négociation avec les entreprises et au sein des entreprises sur le sujet. Je ne vois que le référendum d'entreprise. Les salariés et eux seuls voteraient au référendum sans passer par les syndicats qui auraient pour seule mission d'accompagner, et non pas de bloquer. Ils ne sont plus représentatifs» a assuré de son côté Jean-François Copé.
Sur les 35 heures, le maire de Bordeaux entend «libérer la question de la durée du travail», et entend «laisser les entreprises et les syndicats décider». «Les Français travaillent très bien, mais travaillent moins que la plupart des pays européens, argue-t-il. Donc si dans les 2 ans il ne se passe rien, l'entreprise peut passer aux 39 heures».
Sur les impôts, tant augmentés sous Nicolas Sarkozy que François Hollande, tous se sont accordés sur une baisse pour les ménages également. NKM et Jean-Frédéric Poisson ont défendu l’impôt pour tous. Fillon, Sarkozy, Le Maire, Juppé et Copé ont plaidé pour une baisse de l’impôt sur le revenu. Nicolas Sarkozy et Jean-François Copé se sont écharpés sur la question de la TVA. Le maire de Meaux veut l’augmenter de 3 points tandis que Sarkozy s’y est opposé alors qu’il avait imposé la TVA sociale à la fin de son mandat.
- Plus de liberté sur la durée du temps de travail -
Si la plupart des candidats plaident pour la suppression de l’Impôts de Solidarité sur la Fortune (ISF), Nathalie Kosciusko-Morizet s’est démarquée en proposant de la faire évoluer en imposant une obligation d’investir dans l’économie nationale aux plus fortunés, notamment dans les PME.
Nicolas Sarkozy qui avait fait appliquer le non remplacement d’un fonctionnaire sur deux durant son quinquennat veut aller plus loin s’il est réélu quant à la réduction du nombre de fonctionnaires. Pour lui, il entend supprimer 300 000 emplois publics partagés de moitié entre la fonction publique d’Etat et territoriale. Il veut passer un pacte avec les associations d’élus locaux, ce qu’il n’avait pas réussi à faire durant son quinquennat. D’ailleurs, il veut aussi permettre aux villes, régions et départements de déterminer le temps de travail de leurs fonctionnaires.
NKM veut supprimer le statut de la fonction publique dans beaucoup de mission non régaliennes notamment dans l’Education nationale et mettre fin au contrat à vie. Jean-François Copé partage la proposition de l’ex-ministre de l’Ecologie et aussi défendu l’idée d’embaucher massivement des policiers, des juges ou des militaires, taclant au passage les baisses d’effectifs décidés sous le quinquennat de M. Sarkozy. Bruno Le Maire défend quant à lui la suppression de 100 000 emplois publics par an durant le quinquennat.
- Opposition Copé-Sarkozy sur la hausse de la TVA -
Enfin, pour les retraites, les candidats suggèrent globalement un allongement de la durée du travail. Nicolas Sarkozy défend un départ à 63 ans en 2020 et à 64 ans en 2025. Défendant un alignement du régime de retraite du public sur celui du privé, là aussi M. Sarkozy défend une réforme déjà promise par la droite quand elle était au pouvoir. Juppé de son côté veut étaler par étape l’allongement de l’âge de départ à 65 ans de 2017 à 2026 permettant, selon lui, de faire 20 milliards d’économies par an d’ici la fin du prochain quinquennat.
Bruno Le Maire veut supprimer tous les régimes spéciaux, visant à la fois les entreprises publiques (SNCF, EDF, RATP, La Poste…) mais aussi les parlementaires tandis que Nathalie Kosciusko-Morizet a défendu un système de retraites à points. Comme Nicolas Sarkozy, il veut aussi aligner le régime public-privé et augmenter le minimum retraite.
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