Chômage, renoncement à 2017, Jacqueline Sauvage: le retour en grâce d’Hollande

Politique

François Hollande lundi 26 décembre 2016 lors d'un déplacement consacré à l'emploi, jour où le chômage accuse une nouvelle baisse pour le troisième mois consécutif.

Le renoncement le 1er décembre de François Hollande à briguer un second mandat a provoqué un séisme politique inédit laissant la gauche se disputer dans une primaire éclaire qui s’annonce compliquée dans un contexte où elle a déçu depuis son accession au pouvoir en 2012. Mais – depuis ce renoncement – le retour en grâce du chef de l’Etat est indiscutable. L’inversion de la courbe du chômage, son éloignement du combat électoral, une baisse d’impôts et la grâce totale de Jacqueline Sauvage, symbole des violences faites aux femmes: M. Hollande retrouve la sympathie de l’opinion publique.

Selon le dernier sondage de popularité du chef de l’Etat publié le 13 décembre, sa cote remonte largement, selon un sondage Ifop-Fiducial publié avant l’annonce des chiffres du chômage de novembre et la grâce de Mme Sauvage. Avec 35% de bonnes opinions, le chef de l'Etat retrouve le milieu du tableau, après avoir stagné durant des mois en bas de classement. Cette hausse, spectaculaire, se rapproche de l'augmentation record de 21 points enregistrée au mois de janvier 2015, après les attentats de Charlie Hebdo et de l'Hyper Cacher. Après les attentats de novembre, la cote de popularité du président était remontée de 8 points.

- En hausse dans les sondages -

La semaine de François Hollande a bien démarré lundi avec la baisse pour le troisième mois consécutif du chômage, une première depuis 2008. Même si l’opposition a dénoncé des chiffres «artificiels», M. Hollande pense que la tendance va continuer pour les chômeurs de la catégorie A pour les chiffres de décembre publiés le mois prochain. L’exécutif espère que ces chiffres seront bons jusqu’à la présidentielle de mai pour que le candidat de la gauche profite du bilan du chef de l’Etat. "A ce rythme-là, il va terminer à 75% d'opinions favorables", ironise un élu hollandais dans Libération., après la grâce présidentielle de Jacqueline Sauvage.

Ce geste fortement symbolique pourrait permettre au président de la République de grimper dans les sondages. La grâce partielle de la prisonnière de 69 ans libre aussitôt après le geste d’autorité du chef de l’Etat a été saluée par la classe politique, du Front national au Front de gauche en passant par le PS déchiré et les élus de Le Républicains. "Bientôt les candidats à la primaire de la gauche se battront pour se revendiquer de François Hollande alors qu’avant son renoncement tous prenaient des distances du chef de l’Etat" note un ministre proche de l’Elysée. Seuls les magistrats, déjà froissés par les propos rapportés dans Un président ne devrait pas dire ça où il les qualifiait de "lâches", ont flingué la proposition du président.

- Faire oublier un difficile quinquennat -

D’ailleurs, même la presse qui a été très sévère durant tout le quinquennat contre lui a salué le choix de François Hollande. "Adieu le "Culbuto", voici "François le Juste", qui a bien fait d'user du droit de grâce qu'il voulait supprimer il y a dix ans !", se réjouit Bruno Mège de La Montagne. "Il est grand temps que la peur, dans ces affreuses affaires, (celles soit aussi dans le camp du bourreau. La décision d'hier y contribue", poursuit-il. Dans Le Parisien/Aujourd'hui en France, Jean-Marie Montali crie "Justice" dès le titre de son éditorial et donne son sentiment sur la grâce présidentielle : "la place de Jacqueline Sauvage n'était plus en prison".

L’opinion publique regardera certainement d’un autre œil les vœux télévisés de François Hollande samedi 31 décembre à 20h où il évoquera le cap de ses derniers mois de mandat, sans la contrainte de l’agenda électoral. Avec un déplacement au Mali à la mi-janvier, une probable dernière conférence de presse en début d’année et une série de discours de vœux, M. Hollande espère en cinq mois faire oublier cinq ans de valse-hésitation, de renoncements et de demi-mesures qui ont provoqué la colère jusque dans sa propre famille.