Vallini: "Alsace/Lorraine/Champagne-Ardenne et Strasbourg en capitale"
Le Secrétaire d’Etat à la réforme territoriale, André Vallini, plaide dans une interview à «LOR’Actu» pour une fusion des régions Alsace, Lorraine et Champagne-Ardenne avec Strasbourg pour capitale. Il y rassure les alsaciens et réagit à l’actualité nationale avant un déplacement dans la Meuse ce lundi.
La mort de Rémi Fraisse a provoqué de nombreux dérapages et violences à Nantes, Toulouse, Dijon ou encore Paris. Malgré les appels au calme du gouvernement, les affrontements se poursuivent. Faut-il abandonner le projet du barrage de Sivens ?
Je pense que les deux choses ne sont pas mécaniquement liées. Le barrage est contesté mais les débordements violents sont condamnés par les responsables politiques écologistes. Il faut séparer les deux problématiques et même si la décision du conseil général du Tarn de suspendre le projet est sage, il ne faut jamais céder devant les violences. Il faut donc arrêter les casseurs et les déférer devant la justice qui devra se montrer aussi sévère que possible.
Selon un sondage IFOP pour Le Journal du Dimanche, Marine Le Pen est la première opposante à François Hollande loin devant de nombreux leaders de gauche et de droite. Est-ce un échec collectif ?
C'est surtout un terrible échec pour la droite classique, deux ans après la défaite de Nicolas Sarkozy en 2012, une droite qui n’a toujours pas trouvé sa cohérence, son unité et donc sa crédibilité. Pour autant je n'exonère pas la gauche de toute responsabilité car Marine Le Pen capte aussi un électorat de gauche qui est déçu et qui se sent même parfois abandonné. En réalité la crise est profonde, elle demande des efforts, le redressement prend du temps et les Français, notamment les plus modestes, s'impatientent jusqu'à céder au discours démagogique du Front national. A nous de démonter les impostures et les dangers de ce discours
«Sarkozy a raté son retour», «socialisme est un beau mot»
François Hollande se pliera à un bilan de mi-mandat jeudi soir sur TF1 et RTL. Le chef de l’Etat est rejeté par les Français. Qu’est-ce qui ne marche pas ?
On a trop tardé à parler aux Français de l’état catastrophique dans lequel nous avons trouvé le pays, les déficits abyssaux, la dette vertigineuse et la dégradation de l’appareil industriel. Le quinquennat se jugera à la fin en 2017 mais il est vrai que le problème majeur vient du temps que nous mettons pour obtenir des résultats sur le front de l’emploi. Il faut serrer les dents face aux difficultés, et serrer les rangs face à l'adversité. Le président de la République n’a pas été élu pour être populaire mais pour redresser le pays et le réformer. Je suis un fidèle de François Hollande depuis longtemps, je le connais bien et je sais qu’il ira jusqu’au bout de sa mission avec la même détermination, le même courage, la même abnégation.
«Serrer les rangs» et ne «pas se diviser»… mission impossible au PS ?
Le débat a toujours eu lieu au PS car c'est un parti démocratique mais quand une majorité se dégage, la minorité doit suivre, c'est une règle absolue. Quant aux déclarations de Manuel Valls elles animent le débat, et pourquoi s’interdire de lancer des débats quand on est au gouvernement. Manuel Valls est un socialiste d’aujourd’hui qui veut faire évoluer son parti, il en a parfaitement le droit et même le devoir.
Il veut aussi faire évoluer le nom du PS. Etes-vous d’accord ?
Socialisme c’est un mot qui est beau et qui remonte au XVIIIème siècle. Ce que je retiens de l’idée de Manuel Valls, c'est de bâtir une maison commune entre les forces de gauche. Face à une droite qui sera sans nul doute rassemblée et une extrême droite menaçante,, il faut que les forces de gauche se présentent ensemble en 2017, sous la forme d'une fédération rassemblant les socialistes, les radicaux, les écologistes, les communistes, tous les démocrates et les progressistes qui ne se résignent pas au retour de la droite. Quant aux centristes, ils sont les bienvenus pour voter nos réformes, comme certains le font déjà sur la réforme territoriale que je porte par exemple. Mais il n’est pas question de créer une nouvelle coalition en cours de législature.
Le député PS René Dosière pointe du doigt une hausse de la rémunération des conseillers dans les cabinets ministériels. Qu’en pensez-vous ?
Pour ce qui me concerne, la rémunération de mes conseillers est en dessous de la moyenne car en cette période de crise où l'on demande des efforts aux Français, il faut rester vigilant et être économe de l'argent public.
Comment qualifiez-vous le retour de Nicolas Sarkozy qui est sévèrement jugé par la presse et les sondages ?
Il est évident que le retour de Sarkozy est raté. Il n’a pas trouvé le ton juste et finalement il n’a pas changé sinon que ses défauts se sont aggravés. Certes il sera élu président de l’UMP mais de là à redevenir président de la République, il y a une marge...Quant à Bruno Le Maire et Hervé Mariton, je les connais, ils ont des convictions sincères et sont à ce titre respectables.
Régions : «il n’y a pas de carte idéale»
Manuel Valls et le gouvernement plaident pour une carte des régions à 13 quand le Sénat adopte une version à quinze. Quel scénario va l’emporter ?
On ne sait pas quelle carte sortira en décembre du processus législatif et le gouvernement respectera bien sûr le travail parlementaire, aussi bien du Sénat que de l’Assemblée Nationale.
Le gouvernement est-il d’accord pour une fusion de l’Alsace, de la Lorraine et de la Champagne-Ardenne ?
L’Alsace-Lorraine était l'option retenue dans la première carte du gouvernement mais les députés ont opté pour un scénario Alsace-Lorraine-Champagne Ardenne pour l’Est et Picardie-Nord-Pas-de-Calais pour le nord et cette carte à 12 régions plus la Corse nous paraît équilibrée. En fait la carte idéale n’existe pas et même si on avait pris six mois ou un an de plus, on se serait trouvé avec les mêmes difficultés à satisfaire toutes les demandes.
On ne fait pas une nouvelle carte des régions pour gommer les identités provinciales qui remontent souvent à l’Ancien Régime. Et l’Alsace, la Lorraine, la Champagne ou la Picardie vont bien sûr perdurer. Notre but est uniquement de construire des régions puissantes à l’échelle européenne avec des compétences économiques renforcées.
Quel message adressez-vous aux alsaciens qui sont fermement opposés à une fusion avec la Lorraine et la Champagne-Ardenne ?
J’ai reçu beaucoup d’élus alsaciens dont le président de la région Alsace, Philippe Richert et je respecte profondément leurs aspirations et même si leur projet de collectivité unique est intéressant, il faut aussi comprendre l’intérêt d’une grande région Est dont Strasbourg serait la locomotive. Il s'agit d'additionner les forces des trois régions de l’Est, et pas de les diluer, de mettre en synergie les atouts agricoles, industriels ou touristiques de la Lorraine, de la Champagne-Ardenne et de l'Alsace.
Strasbourg sera donc bien la capitale de la région Est ?
Strasbourg sera capitale, personne ne le conteste. Le choix sera fait après consultation de tous les élus régionaux mais nous ne souhaitons pas concentrer tous les services dans la future capitale régionale. Les villes de Metz ou Nancy continueront bien sûr à rayonner et Châlons-en-Champagne continuera aussi d'accueillir des services régionaux.
«Nous n’allons pas toucher à la commune»
Quel est l’avenir des conseils généraux dont la prochaine disparition est annoncée par le gouvernement ?
Leurs compétences majeures, celles des solidarités, seront maintenues. Et chaque conseil général va rester garant de la solidarité sociale et de la solidarité territoriale: l'enfance en danger, les familles en difficulté, l’aide aux personnes âgées , le soutien aux personnes handicapées mais aussi les aides aux communes pour financer leurs projets . Nous avons cinq ans devant nous pour mesurer la montée en puissance des nouvelles régions et des intercommunalités et l'avenir des conseils départementaux dépendra aussi des particularités locales.
La fusion des communes est aussi l’un de vos objectifs…
La commune est dans l’ADN de notre République et nous ne souhaitons pas y toucher mais nous allons inciter les plus petites à fusionner car elles n'ont souvent plus les moyens d'assumer leurs compétences. L'expérience montre que les communes qui ont fait ce choix ont réalisé des économies de l’ordre de 10 à 15% sur certaines dépenses comme l’achat de fournitures scolaires ou les contrats d'assurance. Une nouvelle loi va donc permettre de faciliter la fusion des communes qui le souhaitent.
La baisse des dotations de l’Etat aux collectivités territoriales inquiète beaucoup les élus locaux…
Il y a en effet une baisse de 3,6 milliards d’euros des dotations d’Etat aux collectivités territoriales à prévoir chaque année jusqu’en 2017 soit au total 11 milliards d’euros. Nous mesurons l’effort qui est demandé aux élus locaux mais il faut comprendre que les économies que l’Etat s’inflige à lui-même sont encore plus importantes. Nous voulons donc inciter les collectivités à mutualiser leurs dépenses et nous allons surtout renforcer la péréquation, ce qui signifie que la baisse des dotations sera modulée et moins importante pour les communes les moins riches et les plus en difficulté. Cela s'appelle une répartition de l'effort équitable et juste.
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