A Sancy en Meurthe-et-Moselle, "colère" et "soulagement" se mêlent après l’arrestation du ravisseur de Berenyss
L’ADN a parlé dans l’affaire Bérényss, enlevée jeudi en Meurthe-et-Moselle puis relâchée: un agriculteur dont l’empreinte a été retrouvée sur les sous-vêtements de la fillette a été interpellé mardi dans la Meuse et devrait être mis en examen pour enlèvement, séquestration et agression sexuelle.
Le suspect a été par reconnu Bérényss. Il s’agit d’un père de trois enfants proche de la cinquantaine; il a été interpellé mardi à l’aube à son domicile de Montzéville, près de Verdun, par le GIGN, a déclaré le procureur de Briey, Yves Le Clair.
Le GIGN est intervenu car l’homme avait des antécédents de violences avec armes, mais il n’a pas opposé de résistance. Pour le moment, il est dans le «déni complet», a relevé le procureur.
Mais son ADN correspond à celui isolé sur les vêtements et sous-vêtements de la fillette, ce qui en fait «l’élément déterminant» dans l’enquête, selon le procureur.
Une fourgonnette blanche semblable à celle recherchée par les enquêteurs a également été retrouvée à son domicile, une exploitation agricole relativement délabrée sur laquelle les enquêteurs ont posé des scellés.
A l’issue de sa garde à vue qui devrait s’achever mercredi, «il sera déféré et présenté à un juge d’instruction dans le cadre d’une information judiciaire qui va être ouverte des chefs d’enlèvement et séquestration avec libération avant le septième jour et d’agression sexuelle sur mineure», a ajouté le procureur.
Pas de violences
L’homme est soupçonné d’avoir enlevé Bérényss, 7 ans, en l’attirant avec des bonbons alors qu’elle faisait du vélo à quelques pas du domicile familial, jeudi vers 15H00, dans le village de Sancy (Meurthe-et-Moselle).
Il l’aurait ensuite emmenée chez lui à Montzéville, avant de la relâcher vers 23H00 dans le village de Grandpré, dans le département voisin des Ardennes.
Si Bérényss «n’a pas subi des violences au sens commun du terme», elle a bien été victime d’agressions sexuelles, «c’est-à-dire d’actes contraires à la pudeur de la victime mettant directement en cause son corps», a poursuivi le magistrat. L’homme encourt une peine de 10 ans d’emprisonnement et de 150.000 euros d’amende.
Condamné à quatre reprises pour des infractions à la chasse, des dégradations et des violences, l’homme venait de subir un prélèvement d’ADN «à l’occasion d’une très récente plainte en cours d’enquête pour des faits d’agression sexuelle sur des membres de sa famille», a précisé Yves Le Clair.
Les plaignantes de cette première affaire - qu’il nie également - sont ses deux nièces et une troisième proche, de la même tranche d’âge que Bérényss, a souligné le procureur.
Bérényss a reconnu son agresseur
A Montzéville, sous couvert d’anonymat, un de ses voisins évoque «un mec dangereux», qui a déjà attaqué une voiture avec un tracteur à fourche. «Mais je ne l’aurais pas imaginé s’en prendre à des gamins», dit l’homme.
Un ami d’enfance, le maire du village voisin de Lemmes, Hervé Corvisier, évoque «un bon gars» avec qui il allait chasser. A la tête d’une exploitation de 80 hectares avec génisses et céréales, il connaissait d’importantes difficultés financières.
«C’est un garçon très gentil mais il ne faut pas trop l’énerver», concède un autre voisin, à Chattancourt. Ce village abrite l’autre domicile du suspect, où vivent sa compagne et ses trois enfants: une maison au jardinet envahi par la ferraille et les jouets d’enfants, devant laquelle est garée une caravane à l’abandon.
Dans le village de Bérényss, Sancy, après «un premier soulagement quand la petite a été retrouvée, il y a un deuxième vrai soulagement aujourd’hui» avec l’interpellation du suspect, a déclaré le maire, Daniel Matergia. Depuis l’enlèvement de Bérényss, «les enfants du village ne sortent plus», a-t-il relaté. «Il va falloir que le village retrouve une vie normale, un incident de ce type ne laisse jamais indemne».
Sonia, la mère de Bérényss, a elle aussi exprimé mardi soir «un gros soulagement» depuis l’arrestation du suspect. Selon elle, Bérényss a reconnu son agresseur. «Notre fille va se remettre petit à petit, nous aussi (...). C’est une épreuve qui va demander beaucoup de temps, on ne l’oubliera jamais», a-t-elle ajouté.
Les gendarmes avaient interrompu samedi soir leurs recherches sur le terrain, après deux jours de ratissage qui avaient mobilisé quelque 200 hommes et plusieurs hélicoptères, s’en remettant aux analyses scientifiques.
Le plan «alerte enlèvement», déclenché dans cette affaire pour la 14e fois en France, s’est jusqu’à présent révélé efficace dans tous les cas en permettant de retrouver les enfants enlevés.
(AFP)
0 Commentaire