La région Grand-Est présente son premier "budget de transition", selon M. Richert
La nouvelle région Grand-Est (Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine) présidée par Le Républicain Philippe Richert va adopter ce lundi son budget 2016. Pour son patron, il s’agit d’un budget «de transition» avant que l’ex-patron de l’Alsace ne puisse marquer sa patte sur le prochain budget.
M. Richert a dû jouer à l’équilibriste ce lundi en présentant le budget 2016 de la nouvelle région Grand-Est, ménageant les dépenses votées sous les précédentes mandatures des ex-régions Alsace, Champagne-Ardenne et Lorraine. Deux de ces anciennes composantes administratives étaient dirigées par la gauche. Seule l’Alsace était conduite par la droite sous la houlette de Philippe Richert. Pour son premier budget, le nouveau-né Grand-Est s’arme de 2,5 milliards d’euros. A titre de comparaison, les précédents budgets de l’Alsace, de la Lorraine et de la Champagne-Ardenne représentaient respectivement 765 M d’€, un peu plus d’un milliard d’euros et 570 millions d’euros. «C’est un budget de transition» selon Philippe Richert qui assure qu’il a voulu ménager les décisions prises par les ex-majorités afin d’éviter de brusquer les acteurs de la nouvelle région déjà déboussolés par la fusion.
- Les transports, premier poste de dépense de la région -
Philippe Richert a assuré vouloir «définir des politiques nouvelles adaptées à cette nouvelle région qu’est le Grand-Est» a-t-il dit en introduction lors des débats qui se sont ouverts à Metz (Moselle) dans l’ex-maison de la région Lorraine. Les élus s’étaient accordés il y a plusieurs semaines pour que les séances plénières se tiennent à Metz et non plus à Strasbourg. Le président a mis en lumière les dépenses en matière de transport TER, principal budget de la région (600M d’euros). «En matière ferroviaire, nous avons en ligne de mire la négociation d’un compte TER unique à la fin de cette année représentant 430 millions d’euros». Le président du Grand-Est a de nouveau pointé le «manque de volonté» de la SNCF à entretenir et pérenniser 700 kilomètres de ligne ce qui pourrait coûter 300 millions d’euros à la région. Sa récente nomination au Conseil de surveillance de la SNCF devrait aider Philipe Richert dans son bras de fer engagé avec son président Guillaume Pépy.
Durant ces débats qui s’étalent sur une journée – et non deux comme le souhaitent la gauche et le Front national – seront passés en revue les principaux postes de dépense de la collectivité aux compétences encore resserrées malgré la fusion du 1er janvier 2016. Si le transport représente près de 600 millions d’euros, le second porte sur la formation professionnelle (484 Md’€), la gestion des lycées (306 Md’€), les fonds européens et relations internationales (79 Md€), le développement économique (68 Md€), l’aménagement (68 Md’€), l’innovation (65 Md’€) et l’enseignement supérieur et la recherche (42 Md’€). Ensuite, le budget est morcelé entre plusieurs compétences non obligatoires : la Culture (52 Md’€), l’Environnement (37 Md’€), le Tourisme (28 Md’€) et l’Agriculture (20M d’€).
- Le FN dénonce un "éxécutif régional dépassé" -
Les élus du Grand-Est débatent du budget 2016 de la nouvelle région, à Metz (Moselle), lundi 30 mai 2016. (PHOTO: LORACTU.fr)
Doté d’un budget où les dotations de l’Etat sont en baisse chaque année, M. Richert a regretté cette «amplification» du désengagement central alors que les régions ont peu de marge de manœuvre fiscale (11% du budget est financé par une fiscalité aux taux libres). «Pour le Grand-Est, c’est 40 millions d’euros en moins et nous savons que le mouvement n’est pas terminé. En négociation avec le gouvernement de Manuel Valls Philippe Richert qui préside aussi la puissante Assemblée des Régions de France (ARF) veut obtenir au forceps de Bercy une plus grande liberté fiscale. «J’espère que nous arriverons à des propositions opérationnelles dans le cadre du projet de Loi Finances 2017» qui sera examiné par les députés à l’automne prochain.
Le Front national (46 élus) a dénoncé un «exécutif régional dépassé» qui s’est «engouffré dans les brèches des budgets adoptés par la gauche dénoncés par la Chambre régionale des Comptes» a lancé Thomas Laval en l’absence du chef de file Florian Philippot, retenu à Paris où il continue d’assurer le service après-vente médiatique du FN. Le député européen était en effet l’invité de la matinale de BFMTV-RMC ce matin pour y dénoncer la mise en scène des cérémonies des commémorations de Verdun ce dimanche. Une absence que n’a pas manqué de relever Philippe Richert assurant «qu’il ne court pas les plateaux télés et radios pour dénoncer l’ineptie de cette réforme territoriale». Selon le FN, ce budget du Grand-Est est une «compilation des ex-budgets» dénonçant les premières initiatives de M. Richert telles que l’achat de «coûteux» iPhone et iPad, l’agrandissement de l’hémicycle de Strasbourg ou encore la consultation populaire en ligne pour déterminer le nom de la nouvelle région.
- La gauche demande deux jours de débats -
Pour le parti d’extrême-droite, le budget est un «saupoudrage d’aides» aux entreprises alors que la région «aurait dû privilégier le patriotisme local» a dénoncé M. Laval attaquant également la «baisse du budget à l’aménagement des territoires». «Vous êtes en déconnexion dans votre tour d’ivoire !» a lancé le conseiller régional du Front national au président. «Vous êtes dans un objectif de centralisation» dénonce-t-il, accusant M. Richert d’être un «porte-parole de la propagande européiste».
La gauche quant à elle souhaitait deux jours de débats comme dans d’autres régions. «Cette séance plénière est pourtant hautement importante et symbolique, le nouveau budget régional s’élevant à 2,5 Milliards€. Il eut été décent de débattre dans des conditions respectueuses des enjeux de notre nouvelle région, sur deux jours, comme cela avait été initialement prévu» a dénoncé la co-présidente du groupe de gauche (19 élus) Pernette-Richardot. La socialiste a d’ailleurs dénoncé une «maltraitance» des fonctionnaires régionaux «depuis le 1er janvier». «Votre responsabilité est de rassembler même en cas de vents contraires dans votre propre majorité» a-t-elle interpellé s’adressant à Philippe Richert qu’elle avait soutenu à l’entre deux-tours des régionales contre le candidat PS frondeur Jean-Pierre Masseret qui co-préside également le groupe de la gauche. «On sera exigeants mais aussi force de proposition» a promis Mme Richardot.
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