A deux jours des départementales, Hollande surfe sur la "reprise" chez PSA en Moselle
François Hollande était sur le terrain de l’économie ce vendredi matin sur des terres de chômage à deux jours du second tour des élections départementales. Le président est venu en personne annoncer le choix du site de Trémery (Moselle) pour la création d’une nouvelle ligne de production de moteurs essence.
"Il faut mettre le turbo dans le moteur de l'économie française": à deux jours des départementales, François Hollande était en Moselle vendredi pour parler industrie et reprise, célébrant la décision du groupe PSA Peugeot Citroën de conforter l'activité de son usine de Trémery.
Menacée par le déclin des propulsions diesel dont elle est une grande spécialiste, l'usine s'est vu confier opportunément jeudi par le groupe automobile la fabrication d'un moteur à essence turbo. "C'est une bonne nouvelle", a lancé le chef de l'Etat devant les salariés de l'usine, dans un département, la Moselle, où le Front national est arrivé en tête du premier tour des départementales avec 32% des suffrages.
"L'investissement très important de 60 millions d'euros" permet de "conforter" les quelque 3.700 emplois du site, a-t-il souligné, rappelant que c'était "aussi l'Etat actionnaire" du groupe qui s'exprimait.
Hollande assure qu’il y a un "frémissement" de l’économie
"Il y a quelques mois, on se posait la question de l'avenir même de PSA", a d'ailleurs rappelé le président Hollande qui s'est félicité du redressement du groupe -une "bonne nouvelle pour la France- et plus généralement de l'industrie automobile française dont "la production est repartie à la hausse l'année dernière, pour la première fois depuis 10 ans".
Après deux visites de terrain, mardi sur le thème de la santé et vendredi, sur celui du réchauffement climatique, le président Hollande a profité de ce déplacement pour le réaffirmer: "La reprise est là, encore fragile mais nous devons la conforter".
"La consommation des ménages se redresse, les marges des entreprises s'améliorent, le moral des chefs d'entreprise remonte", a-t-il fait valoir, concluant dans une envolée saluée par une salve d'applaudissements: "Vive le turbo, vive le moteur à essence, vive la reprise de l'économie française, vive la Lorraine et vive la République".
Depuis quelques semaines, l'exécutif croit discerner un "frémissement" de l'activité économique en France. Jeudi, l'Insee a ainsi annoncé que la France avait enregistré l'an dernier un déficit public inférieur au 4,4% du PIB visés par le gouvernement, à 4%. Annoncés la veille, les chiffres du chômage sont cependant repartis à la hausse avec 3,49 millions de demandeurs d'emploi fin février, soit +0,4% sur un mois, flirtant avec le record absolu atteint fin 2014.
Soucieux de ne pas brouiller son message sur la reprise, François Hollande s'est bien gardé de répondre aux journalistes qui l'interrogeaient sur cette nouvelle contre-performance.
Un "avenir prometteur" pour le site
Quoi qu'il en soit, Trémery se voit confier la fabrication de 200.000 moteurs essence "3 cylindres EB Turbo PureTech" par an. Le site était en concurrence avec celui de Vigo en Espagne, une usine de montage sans ce type d'expérience mais aux coûts de production très concurrentiels.
Les pouvoirs publics s'étaient fortement mobilisés pour que Trémery soit choisi, sauvé il y a peu de la faillite grâce à une injection de capital de l'Etat et une garantie publique à la filiale financière du groupe.
"Depuis des semaines, on sentait que le vent commençait à tourner. Cela nous a aidé à poursuivre et intensifier nos efforts pour défendre la candidature de Trémery pour l'attribution de cette nouvelle ligne de moteurs, synonyme d'un avenir prometteur", s'est réjoui Serge Maffi, délégué du SIA-GSEA, syndicat majoritaire du site lorrain. "A un moment donné on avait même peur pour l'avenir du site, parce qu'un site sans projet c'est un site qui ferme", a noté l'un de ses salariés, Jean-Luc Meyer, en marge de la visite présidentielle.
Un "chantage à l’emploi pour obtenir des subventions", selon la CGT
De son côté, la CGT a relativisé la portée de l'annonce du groupe, affirmant qu'il ne s'agissait que d'une "évolution naturelle du produit" et accusant PSA d'avoir "maintenu délibérément la peur chez les salariés, en jouant au chantage à l'emploi, pour encore obtenir des subventions publiques".
Le moteur dont la fabrication est confiée au site de Trémery est un 3 cylindres, qui équipe les Peugeot 208, 308, 2008 et 3008, les Citroën C3, C4, C4 Cactus et C4 Picasso ainsi que les DS3 et DS4. PSA le présente comme particulièrement économe et peu polluant.
Situé entre Metz et Thionville, Trémery est le premier site mécanique de PSA Peugeot Citroën au monde, avec 1,58 million de moteurs et 893.000 boîtes de vitesses fabriqués en 2014. La marque au lion est ainsi le premier employeur privé en Moselle et en Lorraine avec 5.300 emplois directs.
(Avec AFP)
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