Total renvoyé devant la justice après le décès de deux employés en Moselle
L'ancien directeur de l'usine de Carling en Moselle, où une explosion avait fait deux morts en 2009, et une filiale de Total seront jugés pour homicides involontaires à partir du 29 février 2016 à Sarreguemines.
La filiale Total Petrochemicals, qui rassemble les activités de pétrochimie du groupe Total, comparaîtra en tant que personne morale au côté de l'ex-directeur de la plate-forme de Carling classée Seveso, Claude Lebeau, devant le tribunal correctionnel de Sarreguemines (Moselle) du 29 février au 4 mars.
Total Petrochemicals et l'ancien directeur du site sont poursuivis pour "homicides et blessures involontaires dans le cadre d'une relation de travail" et soupçonnés de négligence dans la catastrophe.
L'annonce du renvoi du dossier de l'explosion de l'usine de Carling devant un tribunal intervient presque six ans après l'explosion qui avait fait deux morts le 15 juillet 2009.
Les familles de Maximilien et Jérôme soulagées
Les deux principales victimes, Maximilien Lemaire, 21 ans, un jeune en formation, et Jérôme Grifoul, présenté comme un opérateur confirmé de 28 ans, avaient été tuées dans une déflagration.
Selon des informations données à l'époque par des syndicats du site et partiellement confirmées par des sources proches du dossier, une poche de gaz aurait provoqué l'explosion d'un surchauffeur, survenue lors du redémarrage du vapocraqueur n°1, qui avait été arrêté deux jours plus tôt à la suite d'un orage. "Selon le protocole d'allumage, le surchauffeur devait être purgé à la vapeur pour éliminer toute présence résiduelle de gaz", a expliqué l'un des blessés au juge d'instruction, cité par Le Parisien-Aujourd’hui en France ce vendredi.
"Le jour des faits, il fallait aller vite parce que s'ils avaient perdu vingt minutes à purger le surchauffeur, il aurait fallu reprendre l'opération d'allumage à la base", a poursuivi le blessé dans le même journal.
"Le matériel était obsolète et archaïque", selon un chef opérateur
Les deux hommes rallumaient à la main le surchauffeur, en présence d'une poche de gaz qui s'était formée pour une raison indéterminée dans la cuve de 30 tonnes, avait affirmé une source syndicale. L'avocat parisien de la mère de Maximilien Lemaire s'est félicité du renvoi du dossier devant un tribunal.
"Nous sommes satisfaits qu'un procès puisse avoir lieu. C'est un combat qui a été long et difficile. On espère que la lumière puisse être faite sur les conditions et la responsabilité dans la mort de Maximilien", a expliqué Me Steeve Ruben.
La mère de Maximilien Lemaire s'est également déclarée "apaisée" de savoir qu'un procès aura lieu, en réclamant la "condamnation de Total". "On ne peut pas laisser des usines vétustes de cette sorte, vis-à-vis des stagiaires et des salariés", a commenté Mme Lemaire.
"Le matériel était obsolète et archaïque", a révélé un chef opérateur lors de l'instruction, selon Le Parisien. L'allumage des surchauffeurs a toujours relevé du bricolage. Les organes de sécurité sont défaillants, il faut allumer à tout prix, notre hiérarchie n'étant pas prête à entendre que l'on ne puisse pas avancer dans le démarrage".
La direction du site Total de Moselle s’est toujours défendu de négligences dans les processus techniques ou sécuritaires.
(Avec AFP)
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