Les musées de Nancy aux côtés de l'UNESCO pour sauver le patrimoine syrien de Palmyre
Les musées de la ville de Nancy (Meurthe-et-Moselle) ont annoncé ce lundi avoir contribué à une collecte de matériel à destination de Palmyre en Syrie en partie ravagée par le groupe terroriste de Daesh (Etat Islamique).
Les musées de la Ville de Nancy, musée des Beaux-arts, Palais des ducs de Lorraine/ musée Lorrain et musée de l'École de Nancy, ont contribué à une collecte, en réunissant l’équivalent de 4,2 millions d’euros de matériel de conservation préventive : étiquettes, compas, truelles, conformateurs à aiguilles, sacs, boîtes notamment. «La ville de Nancy a eu à cœur de se mobiliser pour accompagner cette initiative visant à sauvegarder notamment les trésors archéologiques du site de Palmyre» explique la municipalité dans un communiqué rappelant que la Place Stanislas notamment est classée au Patrimoine Mondial de l’UNESCO.
La Syrie possède un patrimoine culturel d’une richesse exceptionnelle qui, depuis 2011, a sérieusement été affecté par le conflit qui sévit dans le pays, avec des destructions croissantes de ses monuments les plus importants, y compris ceux inscrits sur la Liste du patrimoine mondial de l'UNESCO. De nombreux sites archéologiques ont été ravagés et pillés par des groupes organisés avec l’intention d’exporter illicitement des objets archéologiques et des œuvres d’art pour ensuite les vendre sur le marché international de l'art.
L'UNESCO est investi depuis 2011, et plus encore depuis l’adoption par le Conseil de Sécurité de l’ONU de la résolution 2199 du 12 février 2015, d’une mission de lutte contre les graves atteintes portées au patrimoine syrien plusieurs fois millénaire. Il a confié à son bureau de Beyrouth (Liban), la mise en œuvre de plans d’actions mobilisant des acteurs locaux, des ONG et des partenaires de la communauté internationale en faveur de la protection de ce patrimoine, à travers le projet de sauvegarde d’urgence du patrimoine culturel syrien financé par l’Union Européenne et les Gouvernements d’Autriche et de Flandre.
Si les professionnels du patrimoine de Syrie organisent avec efficacité depuis le début du conflit l’évacuation et la mise à l’abri des collections d’objets et œuvres d’art jusque là conservés dans les musées et les dépôts archéologiques menacés de destruction ou de pillage, le manque de moyens freine considérablement leur action.
- Palmyre était détenu par l'Etat Islamique (IE) -
Face à ce constat, l’UNESCO s’est associé, à l’été 2015, à des professionnels français et suisses de l’archéologie et du patrimoine pour recenser les besoins précis des acteurs de terrain en matériels utiles à la poursuite de leurs actions de sauvegarde : matériels de conditionnement indispensables à l’évacuation et à la mise à l’abri des collections, matériels de conservation pour préserver les pièces fragiles et restaurer les pièces endommagées, mais aussi matériels d’étude et d’enregistrement pour permettre de continuer à compléter les inventaires et la documentation scientifique du patrimoine syrien, et ainsi faciliter son identification, sa gestion et la sauvegarde des données s’y rapportant.
Coordonnée par le Centre archéologique européen et le musée de Bibracte EPCC (France), une vaste collecte a mobilisé plus de cinquante institutions, associations et professionnels indépendants du monde de la culture, des archives, des bibliothèques, des musées, de l’archéologie, de la restauration et de l’art répartis sur l’ensemble du territoire français et en Suisse. Au total, près de 7 tonnes de matériel ont été rassemblées et acheminées jusqu’à Beyrouth, pour être données au bureau de l’UNESCO de Beyrouth. L’UNESCO a décidé à son tour d’en faire don aux professionnels en charge de l’archéologie, du patrimoine et des musées de Syrie, qui ont réceptionné le matériel en mars dernier. Au renfort matériel qui vient appuyer leur capacité d’intervention sur le terrain s’ajoute le réconfort apporté par une mobilisation concrète en faveur d’un patrimoine dont l’intérêt pour l’histoire du peuple syrien et pour l’humanité n’est plus à démontrer.
Parmi les contributeurs de cette grande collecte, la ville de Bordeaux, de Dijon, le Pôle Archéologie Préventive de Metz Métropole, le Museum d’Histoire Naturelle de la ville de Toulouse, de La Rochelle ou encore l’Association nationale pour l’archéologie de collectivité territoriale y ont participé.
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