A Nancy, Taubira accuse la gauche de faire "parfois" des politiques de droite
L’ancienne ministre de la Justice de François Hollande qui avait claqué la porte du gouvernement avec fracas a livré sa vision de la société et du pays jeudi soir à Nancy (Meurthe-et-Moselle) lors d’une conférence organisée par le campus Sciences Po. Elle a vivement chargé la gauche qui «parfois» fait des politiques de droite.
Mme Taubira qui s’est affichée cette semaine aux côtés de François Hollande dont elle avait quitté avec fracas le gouvernement en janvier dernier a livré sa vision de la société et du pays jeudi à Nancy lors d’une conférence organisée à Sciences Po. Face aux étudiants, l’ex-garde des Sceaux a livré une violente charge contre la gauche qui selon elle se livre «parfois» à appliquer des politiques de droite mais aussi contre le Front national qu’elle désigne clairement comme l’ennemi de la campagne présidentielle de 2017.
Alors qu’on lui prête des intentions cachées pour la présidentielle – et que les candidatures de gauche au scrutin suprême se sont multipliées ces dernières semaines, Mme Taubira n’a pas dit un mot sur son ambition lors de cette conférence où elle a souhaité prendre de la hauteur. En s’affichant mercredi à l’Elysée avec François Hollande, elle a quelque peu refermé le chapitre des spéculations quant à sa possible candidature. Elle était venue assister à l’Elysée à une cérémonie de réhabilitation des mineurs ayant participé à la grande grève de 1948, réprimée dans la violence par un gouvernement socialiste. Une cérémonie offrant à M. Hollande une bouffée d’oxygène pour offrir un gage à son aile gauche alors qu’il doit annoncer ses intentions pour 2017 d’ici deux mois.
Celle qui a quitté le gouvernement en désaccord avec le projet de déchéance de nationalité pour les terroristes – finalement abandonné – a assuré que "la Gauche est fidèle à elle-même quand elle lutte pour libérer les individus des servitudes du travail." Assurant par ailleurs que "la gauche a toujours, historiquement, été confrontée à des forces contraires en son sein", elle a visé à demi-mots Emmanuel Macron ou Manuel Valls qui s’affrontent volontiers pour se démarquer de la gauche traditionnelle.
- "Le vote FN chez les jeunes est une déviance" -
Marine Le Pen est donnée en tête au premier tour de la prochaine présidentielle dans quasi tous les scénarios – sauf en cas de victoire de M. Juppé à la primaire LR -, alors Taubira y voit une «déviance» notamment chez les jeunes qui plébiscitent de plus en vote le parti d’extrême droite. "Le vote FN chez les jeunes est juste une déviance. Quand on est jeune, on devrait être ouvert aux autres" s’est indignée l’ancienne ministre de la Justice face aux étudiants du campus franco-allemand de Nancy. Profitant du caractère européen de Sciences Po Nancy, Mme Taubira a assuré que l’Europe est «le territoire, l’horizon, le monde» de la jeunesse. Des attaques contre le FN aussitôt dénoncées par Florian Philippot, vice-président du parti qui a assuré sur Twitter jeudi soir que "pour Taubira un criminel est une victime mal comprise. Mais un jeune électeur FN, un +déviant+".
Pour elle, «le mandat présidentiel est de 5 ans. Au bout de 3 ans, on ne parle plus que de la prochaine élection» défendant à Nancy le retour du septennat. "Je suis favorable au septennat non-renouvelable. Le temps court est préjudiciable en politique" a-t-elle vanté. Par ailleurs, même si elle ne partage pas la ligne politique d’Emmanuel Macron qui ne cache plus ses intentions pour 2017, Mme Taubira semble constater comme lui que "la politique ce n’est pas la guerre, les gens de droite et de gauche peuvent se parler et travailler ensemble".
En pleine campagne des primaire de la droite et du centre qui se concentre de plus en plus sur les sujets identitaires et sécuritaires, Mme Taubira assure ".ne pas diaboliser la droite" mais "la supplier au contraire de redevenir elle-même, de redevenir républicaine". "Il y a une erreur fondamentale à vouloir se replier sur soi-même pour construire l'avenir" a-t-elle également prévenu en plein débat sur la répartition des migrants de la jungle de Calais dans les régions.
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