La direction du groupe Cora a annoncé hier soir sur Facebook l’abandon des poursuites contre une caissière du magasin de Mondelange en Moselle. Mise en cause dans le « vol » d’un ticket de caisse, l’employée a suscité le buzz sur les réseaux sociaux et a agité la sphère médiatique nationale. Comment la caissière a fait plier la direction. Détails.

Samedi 24 septembre : la caissière accusée de "vol"

Une caissière de l’hypermarché Cora de Mondelange récupère un ticket de caisse laissé par un client sur le tapis d’une caisse automatique. L’hôtesse le saisi et découpe un bon de réduction imprimé au dos valable dans un fast-food local pour «un sandwich acheté, un sandwich offert». La mère de famille déclare : «J'ai pensé à mon fils de huit ans, j'ai détaché le coupon». A la fin de la journée un agent de sécurité s’approche de la caissière et l’emmène dans un local du magasin. Elle se voit expliquer que le ticket de caisse et la propriété de Cora Mondelange. On lui signifie qu’elle sera convoquée le 07 novembre pour un entretien préalable de licenciement. C’est le choc.

Quelques heures plus tard elle contre-attaque en portant plainte pour séquestration. Sa plainte est classée sans suite, mais surprise celle du magasin pour vol est maintenue et lui vaut un rappel à la loi.

Mercredi 26 octobre : l'affaire est dévoilée dans la presse et fait le buzz

Dans les colonnes du Républicain Lorrain, l’affaire est brièvement racontée. Citée plus tard dans la journée par l’Express.fr la résonnance médiatique s’amplifie. Quand l’AFP s’en mêle et diffuse une dépêche, toute la presse nationale s’y intéresse. Du prestigieux quotidien « Le Monde » en passant par 20minutes.fr, Métro, Le Parisien ou même les médias régionaux tels La Dépêche du Midi racontent le désespoir de la caissière Lorraine. L’affaire dépassera même les frontières puisque 7sur7 ou l’Essentiel y consacrent aussi des articles.

Dans la même journée des centaines de commentaires sont postés sur les sites d’informations. Les internautes unanimes et dénoncent la décision de Cora Mondelange jugée « violente », « scandaleuse » et « grave ».

Le matin : la caissière s’exprime sur l’antenne nationale de France Inter dans le journal de 08h. La caissière sera alors sollicitée par toutes les rédactions pour témoigner.  

A 13h35 : A la même heure la direction du groupe est peu bavarde mais s’inquiète. Elle prend alors contact avec la direction de l’enseigne de Mondelange. «Sachez que nous sommes actuellement en contact avec la direction de l’hypermarché Cora de Mondelange afin de clarifier cette situation. Nous ne manquerons pas de vous informer dans les meilleurs délais de l’issue de cette mise au point et des dispositions qui en découleront» peut-on lire sur la page Facebook de Cora. Mais le défoulement des clients du magasin va continuer. Ils utiliseront une arme redoutable : les réseaux sociaux. On peut compter près de 2 000 commentaires négatifs sur le réseau social. De même sur Twitter, le mot clé #Cora est le plus tweeté, recherché et commenté de la journée en France !

Les politiques s’en mêlent.La députée PS de Moselle Aurélie Filippetti avait appelé la direction à «mettre fin à cette mascarade honteuse au nom du respect de l'action syndicale». Europe Ecologie-Les Verts (EELV) avait aussi invité Cora à «mettre un terme final à cette procédure absurde», et fustigé l'attitude du parquet qui «en l'espèce aurait été bien inspiré de rappeler à la société Cora qu'il y a d'autres priorités pour la justice que de s'occuper de tickets de caisse destinés à la poubelle d'un supermarché».

A 19h : C’est plié ! La direction de Cora Mondelange abandonne. Suite à une forte pression médiatique «la direction de cora Mondelange a décidé de ne pas poursuivre la procédure engagée à l'encontre d'une salariée du magasin» explique la direction nationale de Cora sur le réseau social Facebook, là où tout a dérapé. «Nous avons conscience de l'émotion suscitée par les informations parues depuis ce matin» conclut-elle sans plus de commentaires.

Jeudi 27 octobre : c'est la douche froide pour Cora Mondelange 

Crédit Photo : Google Street View

La direction de Cora Mondelange se refuse à tout commentaire malgré les nombreuses sollicitations des journalistes. Le buzz négatif continue, France 2 y consacrera même un sujet dans son JT de 13h.

Grâce à une brève dans un journal local, l’affaire a pris une ampleur imprévisible. En quelques heures seulement la caissière a réussi à faire plier la direction du groupe Cora grâce à une «stratégie de communication» bien rodée. L’employée a aussi été aidée par un mouvement surprise des internautes sur la toile. En pleine opération de promotion de l’opération «Le Collector» qui s’appuie sur les personnages DreamWorks, l’enseigne a eu très chaud et a sous-estimé la puissance des réseaux sociaux. Un « bad buzz » dont Cora se serait bien passé.