16/10/2014 17:56 |
Un naufrage judiciaire, une folie médiatique et un spectaculaire fiasco policier. Trente ans après jour pour jour, l’affaire Grégory reste dans les mémoires tandis que le meurtrier du petit garçon assassiné dans les Vosges n’a toujours pas de visage.
Dans les Vosges, l’affaire résonne dans les mémoires trente ans après. Il y a 30 ans, le corps du petit garçon de 4 ans, Grégory Villemain était retrouvé dans la Vologne, une rivière qui traverse le département. Il avait été retrouvé noyé avant d’être ligoté le 16 octobre 1984 dans la Vologne dans la commune de Docelles (Vosges).
A la demande des parents, de nouvelles expertises ADN auraient pu soulever le mystère qui règne depuis la mort criminelle de leur enfant. La procédure technique est «longue» et «complexe» avait assuré le procureur général. Les dernières analyses orchestrées par la police scientifique en 2010 n’avaient pas permis d’avancer dans les investigations. Les parents de Grégory Villemin comptent désormais sur les progrès techniques et scientifiques pour faire la lumière sur cette affaire. Mais en 2013, l’ADN n’avait pas permis aux enquêteurs de mettre un nom ou un visage sur le meurtrier du garçon.
Un fiasco judiciaire, médiatique et policier
L’enquête qui se révèle être un fiasco est confié à un jeune juge débutant d’Epinal (Vosges) Jean-Michel Lambert qui sera rapidement pointé du doigt. Les médias quant à eux affluent dans la vallée de la Vologne et multiplient les reportages dans la presse magazine, à la télévision et à la radio. Des centaines de journalistes de la presse parisienne resteront des mois à relever les moindre faits et gestes des familles, n’hésitant pas à utiliser des méthodes contestables pour décrocher le scoop. Les journalistes qualifieront même ce mystère d’affaire du siècle».
Bernard Laroche, un cousin de Jean-Marie Villemin, le père de Grégory est d'abord soupçonné par le juge Lambert, surnommé le «petit juge». Il a été inculpé d'assassinat, un temps incarcéré mais il est rapidement remis en liberté le 4 février 1985 alors qu’il n’y a aucunes preuves de sa culpabilité. L’affaire Grégory prend une tournure spectaculaire quant son père, persuadé de la responsabilité de son cousin l'abat d'un coup de fusil de chasse. Le père de Grégory sera condamné pour ce meurtre à quatre ans de prison en 1993.
En 2014, le crime de Grégory aurait été résolu
Un autre épisode va provoquer la stupéfaction des enquêteurs et de la presse. La mère de Grégory est à son tour soupçonnée du meurtre de son fils. Attaquée dans la presse et présentée comme une mère indigne, elle sera d’ailleurs mise en cause dans un article à charge de Libération par l’écrivaine Marguerite Duras. Christine Villemin sera totalement innocentée en 1993 au terme d'un non-lieu pour "absence totale de charges".
L’affaire quitte les Vosges en 1987 où elle est transférée au parquet de Dijon. Les enquêteurs recommencent leurs investigations de zéro mais seront confrontées à de nombreux couacs matériels. Des indices n’ont pas été relevés sur le terrain tandis que l’autopsie de Grégory a été incomplète. Ces manquements permettront à la France de s’équiper d’une vraie police technique et scientifique car les enquêtes de l’époque étaient surtout basées sur les aveux des suspects.
Selon les enquêteurs, si les faits s’étaient déroulés aujourd’hui le meurtrier de Grégory aurait été identifié. Les nombreuses analyses ADN effectuées sur les preuves matérielles retrouvées près de la scène de crime n’ont rien donné car en trente ans d’enquête les scellés sont passés de main en main. 30 ans après le drame qui a choqué l’opinion, les proches du petit Grégory ne sont toujours pas en paix.