Trafic de Subutex en Moselle: deux ans avec sursis pour le médecin

11/01/2016
AFP

Un médecin mosellan accusé d'avoir alimenté un trafic de Subutex, un substitut à l'héroïne, a été condamné lundi à Sarreguemines à deux ans de prison avec sursis et deux années d'interdiction d'exercer son métier, a-t-on appris auprès de son avocat.

Le Dr Jacques Furlan, médecin généraliste et ancien maire de la ville de Hombourg-Haut, avait été mis en examen en octobre 2013. L'enquête avait établi qu'il avait prescrit de fin mars 2011 à avril 2013 près de 25.000 ordonnances de Subutex à quelque 285 patients.

Lors de l'audience fin novembre devant le tribunal de Sarreguemines, la procureur avait requis à l'encontre du sexagénaire trois ans de prison dont deux avec sursis, 50.000 euros d'amende et l'interdiction d'exercer son métier. Marion Freitag avait alors fait valoir qu'"en distribuant du Subutex à des patients qui n'en ont pas besoin, on alimente un réseau".

"Je ne peux pas mener moi-même une enquête" sur chaque patient, avait rétorqué le médecin, assurant n'avoir "jamais eu (...) une intention de frauder la Sécurité sociale".

"On veut que je serve d'exemple et que les autres médecins aient peur et ne prescrivent plus de Subutex", avait-il alors déploré.

Son avocat, Me Dominique Rondu, a indiqué à l'AFP qu'il envisageait de faire appel de l'interdiction d'exercer de deux ans à compter du jugement, qui vient s'ajouter aux deux année passées sans exercer, depuis la mise en examen du Dr Furlan.

Un pharmacien, qui avait comparu aux côté du médecin, a été relaxé.

L'Ordre des médecins s'est vu attribuer un euro de dommages et intérêt, ce qu'il avait demandé, a précisé son avocat, Me Stanislas Louvel, satisfait de la "reconnaissance de culpabilité" qu'établit ce jugement.

Le Subutex est dans la ligne de mire de l'Académie de médecine, qui a demandé en juillet aux pouvoirs publics de prendre des mesures pour renforcer la lutte contre ce médicament "recherché avec avidité par les héroïnomanes". Facilement accessible sur simple prescription, il donne lieu à un trafic qui coûte, selon elle, près de 250 millions d'euros par an aux organismes payeurs comme la Sécurité sociale.

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