Site d'enfouissement nucléaire à Bure: des opposants et un ministre allemand s'inquiètent

02/02/2016
AFP

Le récent éboulement mortel sur le chantier du projet controversé d'enfouissement des déchets radioactifs à Bure (Meuse) démontre son "infaisabilité technique", et suscite même l'inquiétude des autorités régionales allemandes, a dénoncé mardi un collectif anti-nucléaire.

L'éboulement dans une galerie à 490 m de profondeur, qui a fait un mort le 26 janvier, nécessite une "enquête approfondie", selon ces associations, tandis que, côté allemand, les autorités régionales de Sarre demandent des "études complémentaires" sur la stabilité de la roche.

Ce grave accident "soulève de nombreuses questions qui doivent trouver réponse", affirment ces associations, dont le Réseau sortir du nucléaire et la Coordination Bure-Stop, dans une lettre adressée à la ministre de l'Ecologie et de l'Energie, Ségolène Royal.

Les opposants demandent à la ministre "une enquête approfondie sur les circonstances et causes" de l'accident, qui selon eux était "prévisible" car "si l'argile est une roche très peu perméable, elle a une stabilité mécanique très médiocre".

Ce drame "démontre clairement que la soi-disant +réversibilité+ de l'enfouissement et la prétendue stabilité de l'argile souterraine dans laquelle pourrait être creusé (le projet) Cigéo sont totalement illusoires", dénoncent encore les associations.

Le collectif affirme en outre que le projet, récemment évalué à 25 milliards d'euros par Mme Royal, est en réalité "financièrement insoutenable".

Une telle estimation des coûts est "très loin du compte", car il faudrait creuser en tout 320 kilomètres de galeries dans l'argile de Bure. "Pour l'instant, seuls 1,6 kilomètres en modèle réduit ont été creusés dans le laboratoire, et déjà surviennent des éboulements imprévus aux conséquences tragiques", raillent les écologistes.

L'éboulement, ont relevé les opposants français au projet, a même suscité l'inquiétude des autorités locales allemandes: le ministre régional de l'Environnement du Land de Sarre, situé à environ 200 km de Bure, a fait part dans un communiqué de sa "consternation".

"Voilà qui confirme nos craintes, nous avions déjà dit que la sécurité du lieu pressenti pour accueillir le site n'était pas suffisamment démontrée", a déclaré ce responsable régional, Reinhold Jost.

Pour ce social-démocrate, dans ce dossier "la rigueur doit passer avant la rapidité" et il est "urgent de procéder à des études de longue durée sur la stabilité de la roche".

Dans son communiqué, M. Jost a rappelé qu'au cours du débat public mené en 2013, les autorités de Sarre, du land voisin de Rhénanie-Palatinat et du Luxembourg avaient déjà réclamé un approfondissement des études sur la géologie de Bure, pour éviter d'éventuels éboulements.

Elles avaient également réclamé le droit d'être "largement associées" à la procédure d'autorisation du projet.

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