Aux assises de Nancy, les relations complexes entre Sylvie Leclerc et son compagnon (mis-à-jour)
Les débats se sont concentrés mardi sur les relations complexes unissant Sylvie Leclerc à son compagnon, qu'elle a tué d'un coup de fusil en 2012, au deuxième jour du procès de la quinquagénaire devant les assises de Meurthe-et-Moselle à Nancy.
"Jamais je n'aurais pu imaginer Sylvie tirer sur mon frère. Quant à Gérard, tuer Sylvie? Jamais! Il l'aimait trop!" s'est exclamée devant la cour l'une des soeurs de la victime, partie civile dans le procès.
Présentée par ses avocates comme ayant des similitudes avec Jacqueline Sauvage, cette femme condamnée à Blois pour le meurtre de son mari violent, Sylvie Leclerc a dressé un tout autre tableau de son amour.
Cet éboueur de 58 ans dont elle a partagé la vie durant 35 ans était selon elle un être "jaloux" et "colérique", qui l'insultait et la forçait à des rapports sexuels douloureux.
La cour s'est notamment penchée sur une rupture intervenue entre Sylvie Leclerc et Gérard Schahan, entre novembre 2010 et mai 2011, lorsque l'accusée avait rejoint un jeune Tunisien rencontré au cours de vacances au Maroc.
Selon l'entourage de Gérard, ce dernier avait beaucoup souffert de cette séparation.
Après avoir réalisé que le jeune Tunisien s'intéressait à son argent, Sylvie Leclerc était retournée vivre en Lorraine avec Gérard, avec qui elle avait une fille.
Mme Leclerc a expliqué que son compagnon était vite redevenu agressif après une courte période d'accalmie: il la traitait de "p...", lui lançait des insultes racistes, lui reprochait sans cesse son escapade tunisienne.
Il lui imposait des rapports sexuels: "Cela durait entre quatre et cinq heures, presque tous les jours, sauf les lundis et les jeudis", a-t-elle expliqué à la barre.
"Il regardait toujours des films porno et voulait refaire la même chose avec moi, je lui disais +Non, arrête! J'ai mal!+ mais il continuait", a-t-elle raconté, ajoutant: "Moi, j'acceptais parce que je voulais lui prouver qu'il ne s'était rien passé avec le Tunisien."
Un soir de mai 2012, Mme Leclerc avait fini par le tuer d'une balle de fusil tirée à bout portant dans le thorax, tandis qu'il dormait dans le lit conjugal de leur appartement dans la banlieue de Nancy.
Après le meurtre, elle s'était réfugiée chez des voisins, leur demandant d'appeler la police, en expliquant: "Il me harcelait, je serai tranquille!"
La soeur de Gérard Schahan a dit découvrir à l'audience ce que subissait sa belle-soeur.
"Pour moi, c'était un couple amoureux et heureux, je n'ai jamais vu Gérard être violent avec Sylvie devant moi. Si Sylvie m'avait parlé, alors j'aurais pu les aider", a-t-elle regretté.
A la barre, l'accusée a affirmé avoir subi de son concubin des violences psychologiques plus dures que ne l'auraient été des violences physiques.
"J'aurais voulu prendre plus de coups, plus de coups de poings, qu'on me détruise. Parce que les coups psychologiques, c'est plus dur. Les coups de poing, au moins, ça disparaît", a-t-elle dit au jurés de la Cour.
Le verdict est attendu jeudi.