Ouverture à Nancy du procès de Sylvie Leclerc, accusée du meurtre de son compagnon
Le procès de Sylvie Leclerc, 54 ans, qui affirme avoir tué son compagnon pendant son sommeil pour se libérer de son emprise un soir de mai 2012, s'est ouvert lundi devant les assises à Nancy.
Cheveux courts et bruns, vêtue d'un haut bleu à paillettes et portant un pendentif en forme de crucifix, l'accusée a salué avec émotion quelques proches venus la soutenir, en pleurs dans la salle.
Elle avait tué d'un coup de fusil à bout portant Gérard Schahan, l'éboueur de 58 ans avec lequel elle a partagé 35 ans de vie commune, à leur domicile de Jarville-la-Malgrange, près de Nancy (Meurthe-et-Moselle).
L'accusée est défendue par Me Nathalie Tomasini et Me Janine Bonaggiunta, les mêmes avocates que Jacqueline Sauvage, 68 ans, condamnée en décembre à 10 ans de réclusion par les assises du Loir-et-Cher pour le meurtre de son mari violent, mais qui a bénéficié d'une grâce présidentielle partielle.
Selon ses avocates, les deux affaires présentent des similitudes. Ce sont ainsi, selon Me Tomasini, "des années d'humiliation" qui ont provoqué chez Sylvie Leclerc "une altération du discernement: elle a entendu des voix qui l'ont inexorablement conduite au passage à l'acte".
"Elle n'a pas subi de violences quotidiennes mais elle a subi des violences sexuelles. Celles dont on ne parle pas. Et tout se passait à huis clos", a souligné Me Bonaggiunta.
Les jurés vont devoir trancher entre cette version et le point de vue diamétralement opposé de plusieurs avocats des parties civiles.
"Ce n'est pas une nouvelle affaire Sauvage", et cette comparaison est "scandaleuse pour la mémoire de Gérard Schahan", a ainsi souligné devant la presse Me Philippe Lyon, qui représente notamment la mère de la victime.
"Non, ce n'est pas le procès des femmes battues, mais le procès d'une femme qui a tué son mari de sang froid", a renchéri peu avant l'ouverture du procès Me Rui Manuel Pereira, qui représente le frère de Gérard Schahan.
"Elle était malade et des experts psychiatres ont reconnu qu'elle était atteinte d'une altération du discernement, mais il n'y a aucune trace de violence conjugale dans ce dossier", a-t-il précisé.
Selon Me Pereira, "c'est la maladie et toute une vie faite de malheur qui l'ont fait passer à l'acte".
Le verdict est attendu jeudi.