Escroquerie à l'assurance-vie: six mises en examen en France
Six personnes ont été mises en examen en France dans le cadre d'une vaste escroquerie à l'assurance-vie pilotée depuis Israël, a-t-on appris mardi de source judiciaire.
L'escroquerie consistait à détourner des millions d'euros, en faisant croire à des héritiers qu'ils étaient bénéficiaires d'un compte secret ouvert à l'étranger par un proche défunt.
A ce jour, quelque 180 victimes ont été recensées, pour un préjudice d'au moins quatre millions d'euros, a précisé à l'AFP Mathieu Fohlen, vice-procureur de la République à la Juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) de Nancy.
Cinq des personnes mises en examen pour association de malfaiteurs, escroqueries et blanchiment en bande organisée ont été interpellées en France, et une sixième a été remise à la JIRS par la justice belge.
En parallèle, une commission rogatoire internationale est en cours pour interpeller les commanditaires du réseau, basés en Israël, a-t-il précisé.
L'enquête met en effet en cause plusieurs équipes basées en Israël, comprenant des hommes et des femmes, qui récupèrent les fonds et démarchent de nouvelles victimes.
Les enquêteurs sont parvenus à identifier des gérants des sociétés-écrans et des titulaires des comptes bancaires utilisés à l'étranger par les escrocs pour transférer l'argent hors de l'Union européenne.
Une des personnes mises en examen a été interpellée en mars 2016 en possession de plus de 70.000 tirés des escroqueries.
Un autre, arrêté en avril 2016, "était chargé de répondre aux appels téléphoniques des victimes et de participer à la réalisation des faux sites internet de cabinets d'avocats", précise la JIRS dans un communiqué.
Le système sévit depuis 2012 dans toute la France, et le préjudice réel devrait être encore plus important car les escroqueries se poursuivent, a dit M. Fohlen.
Les escrocs, qui se font passer pour des avocats, repèrent des victimes qui ont récemment perdu un proche, puis les appellent et leur annoncent que le défunt avait ouvert un compte secret à l'étranger, crédité de 200.000 à 300.000 euros.
Tout en leur faisant signer des clauses de confidentialité, ils allèguent ensuite qu'il leur faut encore régler une dernière mensualité de plusieurs milliers d'euros, ainsi que des frais de rapatriement.
Certaines victimes ont dépensé jusqu'à 100.000 euros, sans jamais toucher le moindre centime du supposé compte à l'étranger. Elles se tiennent souvent à la loi du silence, par culpabilité envers les autres héritiers que les escrocs les ont encouragées à ne pas associer à l'affaire.
Les auteurs utilisent de faux sites internet d'avocats ou de généalogistes aux noms variables ou usurpés, tels que Me Albert Foulain, Me Du Boublanc, Me Thierry de Bahn, Me Serge Dauhmet, cabinet Miller-Olofson & Morel.
Certains de ses sites sont toujours actifs. Réalisés avec un grand professionalisme, ils présentent toutes les apparences de sociétés réelles, avec des trombinoscopes d'avocats et des textes de présentation soignés.