Déchets nucléaires à Bure: les occupants du bois Lejuc pas expulsés dans l'immédiat
Les militants antinucléaires qui occupent le bois Lejuc, épicentre de la lutte contre le projet Cigéo d'enfouissement des déchets nucléaires à Bure (Meuse), devront attendre le mois d'avril pour être fixés sur leur possible expulsion, a-t-on appris mercredi auprès du TGI de Bar-le-Duc.
Le tribunal de grande instance a en effet décidé de surseoir à statuer sur l'expulsion du bois de Sven Lindstroem, un Finlandais ayant décidé d'y établir son domicile - une cabane en bois partagée avec d'autres opposants au projet.
La justice avait été saisie par l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra), qui a retenu le bois Lejuc pour l'installation des cheminées d'aération du projet Cigéo, visant à enfouir 500m sous terre les déchets nucléaires les plus radioactifs ou à vie longue du parc français.
L'agence doit pour l'heure réaliser des forages exploratoires dans la forêt afin de récolter des données en vue du dépôt de la demande d'autorisation de création (DAC) du site, prévue pour 2018, forages rendus impossibles par l'occupation du bois.
Avant toute décision, le tribunal a sommé Sven Lindstroem de se présenter le 29 mars, souhaitant qu'il justifie de son identité et communique tout justificatif sur ses conditions d'hébergement et les caractéristiques du logement qu'il occupe dans le bois.
La décision en elle-même est renvoyée au 5 avril. Elle interviendra ainsi après d'autres décisions attendues dans le dossier Cigéo, qui donne lieu à une véritable guérilla juridique entre l'Andra et les opposants.
Le 27 février, le même tribunal devra dire, en appel, si des travaux de défrichement entrepris par l'Andra dans le bois étaient légaux. En première instance, il avait ordonné l'arrêt des travaux.
Le 28, ce sera au tribunal administratif de Nancy de dire si la cession du bois à l'Andra s'est ou non, faite dans les règles.
Enfin, en mars, la cour d'appel de Versailles se prononcera sur le potentiel géothermique de Bure, que les opposants soupçonnent plus important que ce qui a été déclaré par les défenseurs du projet Cigéo.
Le report de la décision sur l'occupation du bois Lejuc a été salué comme une bonne nouvelle par les opposants.
Ils entendent profiter du temps pour mobiliser leurs soutiens et "bosser les dossiers de fond", explique John - un surnom - habitant de la "Maison de la résistance", dans le village de Bure. Ils espèrent ainsi trouver de nouveaux interstices pour continuer à attaquer le projet en justice.
Du côté de l'Andra, on fait pour l'heure savoir qu'en tant qu'agence publique, "on respecte les décisions de justice, et on attend avril".
"Les recours juridiques sont une réalité avec laquelle nous devons composer au fur et à mesure que le projet avance", explique l'agence.
D'ici là, la question de Bure continue de s'inviter dans le débat public. Yannick Jadot, le candidat Europe Écologie-Les Verts en a même fait un point des négociations avec le candidat du Parti socialiste, Benoît Hamon.
Interrogé sur les conséquences que cela pourrait avoir sur le projet, l'Andra avance qu'elle "n'a pas à se prononcer sur des choix programmatiques", ajoutant que "quels que soient les choix de la France en matière de politique énergétique, la gestion des déchets radioactifs est une question à laquelle il convient d'apporter une réponse concrète", alors que 30% des déchets hautement radioactifs et 70% de ceux à vie longue qui pourraient être enterrés à Bure sont déjà produits.