L’Etat affrèterait un jet privé pour évacuer des migrants de Calais vers Metz

Société

PHOTO : ILLUSTRATION/ LORACTU.fr

Des sans-papiers de Calais ont été conduits en jet privé loué par l’État, du nord de la France vers des centres de rétention administrative dans tout le pays, avant d’être libérés quelques jours plus tard, révèle StreetPress dans une enquête qui a duré plusieurs mois, selon le site internet. Une enquête qui montre l’inefficacité et le coût de la méthode puisque les migrants restent dans leur nouveau centre de rétention quelques jours avant d’être finalement relâchés «systématiquement».

A en croire cette enquête, pour les seuls mois de septembre et octobre, la PAF (Police aux Frontières) a effectué au moins 7 vols au départ de Calais vers Metz, Toulouse, Nîmes, Hendaye et Perpignan. D’après le quotidien local Nord Littoral, c’est «4 000 euros l’heure de vol». L’Etat louerait à prix d’or un jet privé à une société spécialisée pour permettre d’évacuer une poignée de migrants, au moins une centaine, qui a été éloignée de Calais. La volonté du ministère de l’Intérieur qui avait lancé un appel d’offres pour la mise à disposition d’un avion est de «répartir la pression migratoire» alors que la «Jungle» de Calais fait face à de plus en plus de migrants voulant regagner le Royaume-Uni. Pire, selon le site internet, certains migrants, revenus à Calais, ont été envoyés par avion plusieurs fois.

«Vous voyez ça [en pointant l’avion du doigt] c’est nos impôts qu’on dépense. Ça ne sert à rien. On les envoie à l’autre bout de la France. Mais à l’autre bout de la France, le juge ne va pas les expulser», affirme un policier cité par le site web. En incluant les salaires des fonctionnaires et le kérosène, «la facture pourrait grimper jusqu’à 23 000 euros par jour d’utilisation» déplorent les journalistes qui signent cette enquête qui n’a pas bénéficié de démenti ou de commentaire du ministre de l’Intérieur.

Certains réfugiés ne sont pas expulsés et reviennent à Calais

Le Royaume-Uni a dépensé 19 millions d'euros en jets privés ces dix-huit derniers mois pour expulser des demandeurs d'asile, selon une enquête du Guardian (article en anglais). Mais dans ce cas, les déboutés du droit d’asile n’étaient pas simplement reconduits dans d’autres zones du pays, mais vers leur pays d’origine. 

Récemment, c’est la SNCF qui a été pointée du doigt par la droite et le Front national. La compagnie ferroviaire était accusée de faire voyager gratuitement les migrants dans ses trains en France. Une information démentie par le gouvernement. La SNCF a été contrainte de préciser une note interne détournée par la droite et l’extrême droite qui se disputent ce sujet sensible en pleine campagne des régionales. «Il n’y a pas de billets gratuits» pour les migrants. «Ces personnes sont contrôlées comme les autres, doivent être munies d’un billet comme les autres, peuvent faire l’objet d’un PV comme les autres» avait indiqué un cadre de la SNCF à l’AFP.

En revanche, «ce qu’on a mis en place est une possible gratuité de la réservation, pour attribuer des places numérotées à ces populations afin qu’elles restent groupées et qu’on évite tout risque de conflit entre voyageurs si jamais elles allaient occuper des places réservées par d’autres», a ajouté ce responsable. Il reconnaît au passage que les « équipes, soit en gare, soit à bord des trains, ont été appelées au discernement».