Régionales : la menace FN dans l’est inquiète Manuel Valls
Le FN pourrait emporter «trois à quatre» régions en décembre prochain espère le parti de Marine Le Pen. Si des sondages confirment sa percée dans le nord et le sud, l’inquiétude grandit dans le Grand-est où le numéro deux du FN est le candidat. Il profite à plein d’une forte médiatisation.
Le Grand-est (Alsace-Lorraine-Champagne-Ardenne) s’est ajouté à la liste des régions où le FN est en position de force pour les régionales de décembre prochain. A moins de deux mois du premier tour, le gouvernement craint que le parti de Marine Le Pen ne fasse un carton électoral dans le nord, dans le sud mais aussi dans l’est. A tel point que Manuel Valls va effectuer un tour des 13 futures régions de France pour y tenir un meeting et y effectuer une visite de terrain. Le Grand-est sera l’une des priorités du chef du gouvernement qui craint que l’est puisse basculer aux mains du FN.
«Une région qui serait dirigée par le Front national, cela aurait des conséquences. Je préfère le dire pour qu'il n'y ait pas de surprise, pour que chacun soit bien informé. On ne joue pas avec ce type de comportement ou de vote simplement pour envoyer un avertissement parce qu'on n'est pas content, parce qu'il y a de la colère. Chaque citoyen est responsable» avait prévenu François Hollande ce lundi lors d’une interview sur RTL. A chaque sortie, le président de la République attaque le parti de Marine Le Pen. Une obligation pour le chef de l’Etat à quelques semaines des régionales et à 18 mois de la présidentielle de 2017 où sa chef est donnée en tête du premier tour dans tous les sondages.
Hollande, l’indésirable dans l’est pendant les régionales
Manuel Valls devrait venir courant novembre dans l’est et privilégier un déplacement dans des secteurs «reculés» où le FN est promis à de bons scores. Strasbourg renforcé par la réforme territoriale dans une terre ancrée à droite ne semble pas la priorité. Mais des départements comme les Vosges, la Meuse, la Moselle ou encore la Champagne-Ardenne, «la laissée pour compte» seront visés. Dans le même temps, si Manuel Valls va s’engager dans la campagne, François Hollande n’est pas le bienvenu dans l’est de la France.
Selon L’Express, François Hollande ne viendra pas en Lorraine cet automne comme chaque année. Le président de la République s’est pourtant engagé à revenir à Florange (Moselle) rencontrer les salariés d’ArcelorMittal après le fiasco des hauts-fourneaux. Jean-Pierre Masseret (président sortant PS de Lorraine et tête de liste dans la nouvelle région) aurait obtenu un report de la visite du chef de l’Etat à début 2016. En grande difficulté dans l’est, le PS en est conscient et veut absolument se concentrer sur les sujets locaux pour éviter d’être handicapé par l’impopularité du président de la République. L’Elysée confirme d’ailleurs à l’hebdomadaire que «le principe de la visite est toujours tenu» mais qu’elle pourrait être reportée «à début 2016».
Philippot, "moulin à paroles médiatique"
PHOTO : ARNAUD SCHERER/ LORACTU.fr
Du côté de Florian Philippot, on surfe à fond sur le sujet des migrants mais aussi de l’islam. Grâce à sa popularité médiatique, il peut répéter en boucle son hostilité à l’accueil des réfugiés mais aussi dénoncer les «dérives de l’islam». Dans une région ultra-frontalière, les sujets des frontières et de l’euro sont peu évoqués par le candidat qui veut «privilégier les entreprises régionales dans les marchés publics lancés par la région» plaide-t-il. Sur RTL ce matin, il a encore répété qu’il allait «se battre contre l’agrandissement de la moquée de Strasbourg» ou rappeler son opposition à l’intégration de l’islam dans le concordat d’Alsace-Moselle.
Le candidat FN profite à fond de ses invitations dans les médias nationaux où il rappelle qu’il est candidat dans l’est. Depuis le 1er octobre, Philippot a enchaîné avec LCP, France Bleu, Boursorama, France 3 (Alsace et Lorraine), Public-Sénat/ Sud Radio, RFI, BFMTV, RMC, Europe 1, BFM Politique pendant deux heures, I>Télé, RTL et France Info pour terminer ce 21 octobre. Une omniprésence médiatique dont ne bénéficient pas ses adversaires dans l’est. Seul Philippe Richert (Les Républicains) a pu profiter d’une exposition nationale… pour éteindre l’incendie Morano. Ses concurrents dénoncent un "moulin à paroles médiatique".
Dernier inconnu de ce scrutin dans l’est qui pourrait profiter au FN. Le PS et les Républicains vont-ils s’entendre si Florian Philippot arrive en tête au premier tour ? Dans une interview à LORACTU.fr, le président de l’Alsace a clairement répondu non. Ni fusion, ni retrait, ni accord. Toutefois, selon plusieurs cadres du PS en privé, le front républicain n’est pas exclu. En effet, au soir du second tour, le candidat socialiste pourrait mettre de côté sa candidature et soutenir Richert. Un scénario à double tranchant. Pouvoir empêcher le FN d’arriver jusqu’au pouvoir mais aussi donner de l’eau au moulin de l’UMPS et assurer le triomphe d’un Front national se présentant «seul contre tous».
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