Carburants: toutes les raffineries de France en grève, la pénurie s’accélère
La CGT a annoncé la grève dans les huit raffineries françaises tandis que la pénurie de carburants dans les stations service s’accélère. Pour Valls, les blocages «ça suffit» et promet la force pour débloquer les sites pétroliers. Du côté d’Hollande, c’est une «minorité» qui s’y emploie.
Les huit raffineries françaises sont grève, a annoncé Emmanuel Lépine, secrétaire général de la branche pétrole de la CGT. "Une grève a été votée ce matin à Notre-Dame-de-Gravenchon (Seine-Maritime) en réaction à la charge des forces de l'ordre à Fos-sur-Mer", a-t-il précisé. "Il va y avoir au minimum une baisse du débit de 50%" à la raffinerie Exxon Mobil de Gravenchon, a-t-il ajouté. "A Fos, la grève a aussi été votée. Plus aucun produit ne sort. Il y a maintenant huit raffineries sur huit en grève."
Le terminal pétrolier du Havre doit également joindre le mouvement de grève à partir de 19h30, ce mardi, comme l'avait annoncé le personnel de la Compagnie industrielle et maritime (CIM), lundi soir . Ces blocages provoquent depuis plusieurs jours des difficultés d'approvisionnement des stations-service, entraînant des ruées d'automobilistes à la pompe. Selon les derniers chiffres du secrétaire d'État aux Transports communiqués lundi soir, 20% des stations sont «fermées ou en grande difficulté» sur les quelque 12.000 recensées dans le pays. Selon le secrétaire d'État au Transport, Alain Vidalies, 1600 stations-service, sur les 12.000 que compte le territoire, sont touchées par le mouvement de grève. La moitié est en pénurie.
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Tôt ce mardi matin, les forces de l'ordre ont procédé au déblocage du site pétrolier de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône), bloqué depuis lundi dernier par des militants CGT opposés à la loi travail. Au total, deux heures ont été nécessaires pour les déloger. La raffinerie Esso et le dépôt de carburants ont été dégagés mardi à l'aube. Les forces de l'ordre ont rencontré "une résistance importante", jets de projectiles, feux de palettes et de pneus, selon préfecture de police. Pour déloger les manifestants, elles ont utilisé des grenades lacrymogènes et des canons à eau. Bilan: sept blessés légers parmi les policiers, selon la préfecture; "quelques blessés" du côté des manifestants, frappés à coups de matraques, selon la CGT.
"Il est illégal de débloquer les raffineries : Sarkozy a essayé en 2010 il a été condamné par l'OIT pour non respect du droit de grève", a répété Philippe Martine, secrétaire général de la CGT sur l’antenne de BMTV/ RMC.
Valls promet la force, la CGT assure vouloir maintenir les blocages
Interrogé par Europe 1, en marge de son déplacement en Israël et dans les Territoires palestiniens, le Premier ministre Manuel Valls a une nouvelle fois durci le ton contre syndicat. La CGT a appelé ce mardi à "la généralisation des grèves partout". Manuel Valls estime que prendre la population "en otage" n'est "pas démocratique".
François Hollande a dénoncé mardi, sur France Culture, le "blocage" des raffineries et dépôts de carburant, "une stratégie portée par une minorité" opposée au projet de loi travail. Évoquant le conflit social en cours lors d'un entretien consacré à l'Histoire, le chef de l'Etat a dit ne pas vouloir "ignorer, négliger ce qui se passe, considérer que ça ne mérite pas une forme de respect par rapport à ceux qui ont des revendications légitimes". "Mais ça ne me conduit pas non plus à accepter ce qui est aujourd'hui un blocage qui est fondé simplement par une stratégie portée par une minorité", a-t-il ajouté.
"Des désaccords persistent avec certains syndicats, mais si le droit de manifester est important, il n'est pas le droit de bloquer l'économie ni de prendre en otage les Français. Je respecte la CGT, son histoire et ses militants, mais certains de ses leaders sont dans une stratégie jusqu'au-boutiste qui me semble irresponsable. Nous resterons fermes. Je serai le 13 juin au Sénat pour défendre la loi, le processus législatif suit son cours", assure la ministre du Travail Myriam El Khomri qui porte le projet de loi contesté, dans une interview publiée ce mardi dans Nice Matin.
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