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27/02/2011 18:24
France /
Politique
Nicolas Z.

 

La chef de la diplomatie française, Michèle Alliot-Marie, critiquée pour son attitude sur la Tunisie et les révolutions arabes, a annoncé dimanche sa démission dans une lettre communiquée à l'AFP, tout en soulignant n'avoir « commis aucun manquement ». Elle est remplacée par Alain Juppé. Au-delà de la perte de crédibilité de Michèle Alliot-Marie du fait de ses relations avec la Tunisie du président déchu Ben Ali, le "printemps arabe" a révélé le profond malaise qui couvait depuis longtemps dans la diplomatie française. Un groupe de diplomates en activité ou à la retraite a ainsi dénoncé la semaine passée dans une tribune (parue dans Le Monde) au vitriol la façon dont Nicolas Sarkozy pilote la politique étrangère française. Dans un tel contexte, le départ rapide de Michèle Alliot-Marie est jugé inéluctable, tant au sein du gouvernement que dans la majorité.

 

Remaniement annoncé ce soir à 20h, BFM TV annonce déjà la couleur

 

Le départ de l'Elysée de Claude Guéant, qui a joué un rôle important dans la définition et la conduite de la politique étrangère française depuis 2007. Selon ce scénario, Claude Guéant remplacerait au ministère de l'Intérieur Brice Hortefeux, un proche de Nicolas Sarkozy qui quitterait le gouvernement. Le président du groupe UMP au Sénat Gérard Longuet (Conseiller régional de Lorraine) devrait remplacer Alain Juppé à la Défense.

 

Nicolas Sarkozy pourrait enfin être tenté de profiter de ce remaniement pour faire entrer trois centristes à des postes de secrétaire d'Etat - un mouvement qui était initialement envisagé pour le lendemain des élections cantonales de mars. « Remettre ça dans un mois donnerait un sentiment d'instabilité avec des relents de IVe République », fait valoir un ministre sous couvert de l'anonymat. Quant à l'ancien secrétaire d'Etat Yves Jégo, il plaide carrément un changement de Premier ministre.

 

BFM TV annonce déjà le remaniement alors que le président de la République, Nicolas Sarkozy doit s’exprimer ce soir à 20h à la télévision et à la radio. La chaîne d’information en continu annonce déjà la couleur avant le chef de l’Etat sans employer le conditionnel. Comme lors du précédent remaniement, BFM TV s’accorde l’exclusivité. Selon la chaîne.

 

Alain Juppé est nommé au Quai d'Orsay à la place de Michèle Alliot-Marie

Claude Guéant est nommé au ministère de l'Intérieur à la place de Brice Hortefeux

Gérard Longuet devient ministre de la Défense à la place d'Alain Juppé

Patrick Ollier (compagnon de MAM) reste à son poste de ministre des Relations avec le Parlement

 

Mise à jour du 27 février 2011 à 18h45 :  Gérard Longuet, sénateur de la Meuse devient Ministre de la Défense

 

Crédits Photo : DR. 

 

 

Ancien ministre, ancien député de la Meuse et sénateur depuis 2001, il est président du groupe UMP au Sénat depuis 2009. Libéral, Gérard Longuet est vice-président du mouvement Les Réformateurs au sein de l'UMP. En 1992, il devient président du conseil régional de Lorraine. À ce poste, il appuie la création de la LGV Est, en particulier la construction de la gare de Meuse TGV. Face à la « vague rose » des régionales de 2004, il perd les présidences de la Lorraine (qui sera entre les mains de Jean Pierre Masseret, PS) et de l'ARF. L'année suivante, il devient président de l'Agence de financement des infrastructures de transports de France (AFITF). Par ailleurs Gérard Longuet est « libéral ».  Il s'est déclaré favorable à la suppression du bouclier fiscal et de l'ISF avant 2012. Gérard Longuet condamne les 35 heures en raison de la « perte de compétitivité » induite par cette loi, de la « stagnation du pouvoir d'achat » des salariés, ainsi que la charge imposée aux contribuables « pour financer ce système » 

 

De plus, Longuet va créer plusieurs polémiques qui vont lui porter préjudice. En 2010, Gérard Longuet s'oppose à la nomination de Malek Boutih à la tête de la Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité (Halde), déclarant qu' « il vaut mieux que ce soit le corps français traditionnel qui se sente responsable de l’accueil de tous nos compatriotes. Si vous voulez, les vieux Bretons et les vieux Lorrains - qui sont d’ailleurs en général Italiens ou Marocains - doivent faire l’effort sur eux-mêmes de s’ouvrir à l’extérieur. Si vous mettez quelqu’un de symbolique, extérieur, vous risquez de rater l’opération » Ces déclarations feront forcément réagir l’opposition par la voix de Benoît Hamon et Harlem Désir ainsi que les associations antiracistes, auxquels s'ajoutèrent des voix de la majorité présidentielles comme Jean-Louis Borloo, Eric Besson ou Frédéric Lefebvre, qui jugèrent « plutôt regrettables » les propos de leur collègue Gérard Longuet. Enfin en juillet 2008, Gérard Longuet fait un rapprochement entre homosexualité et pédophilie. Une nouvelle polémique éclate. Alors que Xavier Darcos annonce une campagne de sensibilisation de l'éducation nationale sur l'homosexualité, Gérard Longuet prend la parole au Sénat : « J'avais une question malicieuse, mais je la poserai plus tard... C'était de savoir où commençait et où s'arrêtait l'homophobie, mais enfin, ça c'est un autre sujet (…). C'est extrêmement réjouissant de savoir que l'on promeut en effet des formes nouvelles de sexualité dans l'école et qu'on combat en même temps la pédophilie… Il y a quand même un moment où il faut savoir sur quelles valeurs on s'arrête... ». Une association LGBT demande alors à Patrick Devedjian, secrétaire général de l'UMP, l'exclusion du sénateur. Interrogé par nos confrères de  L'Est républicain, Gérard Longuet répond ne pas avoir souvenir d'avoir tenu ces propos mais ajoute : « Qu'il y ait un lien entre homosexualité et pédophilie, ça peut arriver. Notamment dans des écoles catholiques, on a pu voir ça »

 

Aujourd’hui Gérard Longuet revient sur le devant de la scène en brimant le poste de Ministre de la Défense. Un ministère prestigieux pour un élu lorrain qui a maintenant bien roulé « sa bosse » dans le monde politique. Michèle Alliot-Marie démissionne de son poste de Ministre des Affaires Etrangères, Alain Jupé qui fut jusqu’à aujourd’hui ministre de la Défense la remplace. Le trône de Juppé reste donc libre. Nicolas Sarkozy prend la décision d’y nommer Gérard Longuet. 

 

Mise à jour 27 février 2011 à 21h46 :  Nicolas Sarkozy tente de rassurer les Français sur sa politique extérieure

 

Nicolas Sarkozy s'est exprimé ce soir à la télévision pour tenter de rassurer les français. 

Crédit Photo : Capture d'écran TF1. 

 

Après des semaines de polémique, Nicolas Sarkozy a remanié dimanche les postes régaliens (Intérieur, Défense, Affaires Etrangères) de son gouvernement, remplaçant Michèle Alliot-Marie par Alain Juppé au Quai d'Orsay, afin de muscler sa politique étrangère qui était jugée "ridicule" par le Monde entier. 

Lors d'une allocution radio-télévisée de moins de sept minutes, le chef de l'Etat a également annoncé l'arrivée à l'Intérieur de son homme de confiance, le secrétaire général de l'Elysée Claude Guéant, à la place d'un autre de ses fidèles de près de 30 ans Brice Hortefeux, et confirmé la nomination du patron des sénateurs UMP Gérard Longuet à la Défense.

"Mon devoir de président de la République est d'expliquer les enjeux pour l'avenir mais tout autant de protéger le présent des Français", a-t-il dit, "c'est pourquoi, avec (...) François Fillon, nous avons décidé de réorganiser les ministères qui concernent notre diplomatie et notre sécurité".

Dans ce climat, Nicolas Sarkozy a justifié le remodelage de son gouvernement par la nécessité d'y nommer des hommes "préparés à affronter les événéments à venir dont nul ne peut prévoir le déroulement". Le président n'a par contre pas eu un mot pour MAM, qui lui a finalement présenté dimanche sa démission après des semaines de polémiques sur les conditions de ses vacances de Noël en Tunisie. Ce remanienent est tout-de-même le quatrième en moins d'un an. 

 

L'opposition critique le remaniement de Nicolas Sarkozy

«Si tout cela s'est produit, si ces affaires à répétition viennent à ce point perturber l'opinion française et les citoyens», c'est parce qu'il y a en France «un pouvoir entièrement entre les mains du président de la République et de son cercle proche», a déclaré François Bayrou, président du MoDem. 

 

«Michèle Alliot-Marie aurait dû démissionner avant», assure Hervé Morin (Nouveau Centre), ancien ministre de la Défense sous le précédent gouvernement Fillon. 

 

«Une démission c'est bien peu», commente Benoît Hamon le porte-parole du Parti socialiste. «C'est en mai 2012 que la France aura la possibilité de retrouver sa place dans le monde».

 

Marine Le Pen, la présidente du FN : «on met à l'Intérieur Mr Guéant dont on nous dit qu'il suit le président depuis neuf ans. Et on remet les mêmes, ceux qui n'ont pas su réguler l'immigration. C'est inquiétant. Rien sur les contrôles de flux migratoires à nos frontières.»

 

Cécile Duflot, présidente d'Europe Ecologie les Verts : «C'était le moment où le président pouvait se ressaisir et être à la hauteur des enjeux».

 

«Le président de la République est contraint, sous la pression, de limoger dans l'urgence deux ministres qui n'ont pourtant fait qu'obéir à ses ordres, estime Ségolène Royal à l'AFP. «Il avait dit au début de son mandat: " je prends personnellement la responsabilité des succès et des échecs". Aujourd'hui, les échecs sont cuisants. Il en est le seul responsable», déclare la présidente de Poitou-Charentes.

 

 
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