En Lorraine, les maires invités à organiser l'accueil des migrants
Des dizaines de villes, métropoles ou petites communes se sont portées volontaires en Lorraine pour l'accueil de réfugiés syriens qui fuient les combats. La photo du petit Aylan puis l'appel à mobilisation du PS puis du chef de l'Etat a réveillé les consciences faisant abstraction des clivages politiques.
Les maires de la région Lorraine se préparent à accueillir plusieurs centaines de réfugiés notamment syriens qui fuient leur pays secoué depuis plusieurs mois par d'intenses combats menés notamment par l'Etat Islamique (EI). Bernard Cazeneuve a d'ailleurs remercié les élus locaux volontaires et les a conviés à une réunion de travail samedi au ministère de l'intérieur. Objectif : entrer dans le vif du sujet en mettant sur la table les considérations juridiques, logistiques et financières pour accueillir les migrants dans des centaines de communes.
À Metz (Moselle), le maire PS Dominique Gros a dit dès vendredi que sa ville est prête à accueillir des "centaines" de migrants sans toutefois en préciser le nombre - ils pourraient être jusqu'à 250 selon nos informations. L'élu compte surtout sur la solidarité des habitants leur demandant, sur la base du volontariat, d'ouvrir leurs logements, leurs appartements ou leurs maisons pour accueillir des familles de réfugiés. La majorité municipale tiendra une réunion ce mercredi avec les associations humanitaires et les élus pour préparer son dispositif d'accueil. Le numéro de téléphone "Allô mairie" se dit prêt à faire face aux propositions des messins généreux et la mairie veut mobiliser des logements vides. M. Gros a même sérieusement indiqué qu'il était prêt à en accueillir chez lui - initiative déjà réalisée par le passé, selon lui. Le FN n'a pas goûté à l'initiative du maire, demandant l'organisation d'un référendum municipal sur l'accueil des migrants, estimant au passage qu'il y en avait déjà suffisamment.
Metz pourrait accueillir jusqu’à 250 migrants
Du côté de Nancy, si la gauche à réagit publiquement dès vendredi, il a fallu attendre lundi soir pour que la ville confirme son engagement pour l'accueil de réfugiés. Le maire (UDI) avait assuré dès lundi matin lors d'une réunion avec d'autres maires de la région que la cité ducale rejoignait le réseau des villes solidaires. "Pour les Nancéiens qui souhaitent manifester leur solidarité envers les réfugiés, nous avons mis en place un dispositif au travers de la plate-forme Nancy en direct au 03 83 350 350 et une adresse mail sera créée dans les prochains jours" a précisé la mairie dans un communiqué lundi. L'opposition sera reçue ce mardi, une réunion avec les associations tenue ce jeudi et le maire se rendra à la réunion du ministre de l'Intérieur samedi. "Le droit d'asile est un droit fondamental et inaliénable dans l'Europe des Hommes voulue par Robert Schuman" a expliqué M. Hénart, sur la même ligne que François Hollande lundi matin lors de sa conférence de presse.
La députée-maire (Les Républicains) de Thionville a aussi confirmé sa volonté d'accueillir environ 50 migrants dans sa ville, d'une part grâce à la solidarité des habitants et d'autre part en mobilisant des logements vides. Pour Anne Grommerch, "quelques familles thionvilloises se sont déjà proposées pour les héberger et nous communiquerons un numéro de téléphone pour organiser cet accueil. En parallèle, nous travaillons avec l'OPH pour mettre à disposition quelques appartements vacants. Rien ne sera pris à des personnes en attente de logement" assure-t-elle. Selon la parlementaire de droite, cette décision est "assumée" car elle est "en phase avec les valeurs d'humanisme que nous défendons".
Les positions sont partagées à Epinal et Gérardmer (Vosges) ou encore Sarreguemines (Moselle) et Malzéville ou Longwy (Meurthe-et-Moselle) qui ont annoncé leur intention d'accueillir des migrants ces prochains mois en mobilisant des moyens de logement, d'aide alimentaire et d'insertion. De nombreux élus attendent des précisions du ministère de l'intérieur samedi car c'est l'Etat qui est chargé du droit d'asile et de la gestion des flux migratoires. Fait exceptionnel: les collectivités locales vont s'associer pour tenter de "repartir" les 24 000 réfugiés attendus en deux ans que la France s'est engagé hier - par la voix de François Hollande - à accueillir.
A Forbach, le maire estime avoir déjà pris sa part
A Forbach (Moselle), la ville située à la frontière franco-allemande, l'accueil des migrants ne faut pas l'unanimité. Le Parti de Gauche a demandé la semaine dernière au maire PS d'accueillir davantage de réfugiés en s'inspirant du voisin allemand. La réponse de Florian Philippot, numéro deux du FN et ex-candidat à la mairie n'a pas tardé : la ville est selon lui "submergée" de migrants. Pour le maire socialiste, la position est plus complexe. Dans un entretien publié aujourd'hui dans Le Républicain Lorrain, Laurent Kalinowski assure agir en faveur des migrants depuis plusieurs mois, se défend des accusions de la gauche et du FN et affirme que la ville "sera solidaire dans la limite des possibilités". Comprendre en substance que les capacités d'accueil sont au maximum et que le maire préfère ne plus en accueillir. "Disons que d’autres collectivités doivent aussi le faire maintenant" affirme-t-il ce mardi.
En Meurthe-et-Moselle, face à la saturation des structures d'hébergement du département et à l'afflux de réfugiés en cours, Mathieu Klein (PS) a lancé un appel aux familles pour l'accueil d'enfants et adolescents isolés sans parents. "On ne peut plus détourner notre regard. La diffusion de la photo du petit Ayan doit être un 11 janvier bis pour le réveil citoyen des habitants" a affirmé le président du Conseil départemental à LORACTU.fr. Pour M. Klein, toutes les collectivités doivent se mobiliser dont les départements où les régions en plus de l'Etat et des communes. "Les départements ont de toute façon l'obligation légale d'accueillir tous les enfants isolés en difficultés étrangers et Français" rappelle-t-il.
L’Eglise se mobilise aussi, le FN s’oppose à l’accueil des réfugiés
Outre la mobilisation des collectivités et des élus, l'Eglise est également entré dans la brèche après l'appel du pape François appelant toutes les chapelles d'Europe à accueillir les réfugiés. Le diocèse de Metz s'est déjà dit prêt à prendre sa part dans l'accueil des migrants. Même constat à Thionville ou en Meurthe-et-Moselle.
Si les élus de tous bord s'accordent sur l'accueil des migrants, le FN fait entendre une voix discordante. "En 2014, le seul conseil départemental de Moselle, a versé 10 263 311 € pour les centres d’accueil et l’hébergement d’urgence des demandeurs d’asile et « personnes issues de la demande d’asile » (en effet seul 1% des déboutés repartent du territoire) et 7 168 779 € en chambres d’hôtels" s'est insurgé le Front national de Moselle dans un communiqué lundi. "Comme l’a rappelé Marine Le Pen, accueillir plus de clandestins, les loger et assurer leurs soins médicaux n’empêchera aucun autre Aylan de mourir lors de son voyage vers l’Union européenne. Cette surenchère de générosité incitera au contraire toujours plus de personnes à risquer leur vie en traversant les mers" fustige Kévin Pfeffer, responsable FN de Moselle et proche de M. Philippot.
Dans la grande région, Strasbourg (Alsace) s'est clairement mobilisé pour accueillir les migrants tandis que Troyes (Champagne-Ardenne) est l'une des seules villes de France à s'être rapidement démarquée de l'élan de solidarité. Son maire (Les Républicains) François Baroin a clairement indiqué qu'il ne souhaitait pas accueillir de réfugiés dans sa ville.
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