"Affaire Corentin" à Metz: l'enfant décédé d'une opération n’avait pas l’appendicite
Le jeune Corentin, 11 ans, décédé à la suite d'une opération ratée à la clinique Claude-Bernard de Metz (Moselle) en 2014 n'aurait pas dû être opéré. L'enfant n'avait pas l'appendicite.
Des complications s'étaient présentées durant l’opération de Corentin à la clinique Claude Bernard de Metz (Moselle). Le Républicain Lorrain affirmait qu'un scénario noir s'est déroulé au bloc opératoire de la clinique privée pourtant réputée. Selon le quotidien, le premier chirurgien qui parle "d'accident" avait sectionné l'aorte du jeune garçon. Ainsi ce premier chirurgien, qui pratique par cœlioscopie l'opération de l'appendicite aurait touché l'aorte abdominale, provoquant une première hémorragie. Face à cela, il lui a été impossible de juguler les importantes pertes de sang. Selon le quotidien, un second chirurgien de la clinique Claude Bernard est appelé. Lui non plus n'arrive pas à faire face à l'urgence. Durant l'opération, une partie du foie serait lésé et en particulier l'artère hépatique .
Un troisième chirurgien est appelé alors que les complications continuent de s'accumuler. Dans le même temps, Corentin est perfusé. L'hôpital a assuré que le sang ne manquait pas et que tout a été fait dans les règles de l'art. Vers 17H30 les parents sont informés des complications avant que la décision d'emmener le jeune garçon à Nancy par ambulance soit prise. L'enfant se trouve alors dans un état critique. Il décédera dimanche 2 novembre 2014 peu avant 18H.
"C'était un accident"
L'hôpital privé Claude Bernard de Metz où s'est déroulé le drame. PHOTO: ARCHIVES/ ARNAUD SCHERER/ LORACTU.fr
Le chirurgien mis en cause dans cette opération sort du silence dix jours après le décès du jeune garçon. Dans le même journal, le praticien qui faisait l'objet d'une interdiction de bloc opératoire depuis l'accident, dit vivre "reclus", "effondré et anéanti".
"Je suis en deuil, Monsieur, je pleure, ma femme pleure, mes enfants pleurent. Je suis effondré, anéanti" confiait le chirurgien par téléphone. Depuis le drame, il ne sort plus de chez lui en attendant une audition avec les enquêteurs de la Police Judiciaire de Metz chargés de l'enquête. Le parquet de Metz avait en effet ouvert une information judiciaire contre X pour homicide involontaire. "Je vis terré chez moi. Vous savez, c'était un accident. C'est tout ce que je peux vous dire sur les faits pour le moment" ajoute alors le praticien. Dans une autre interview, le directeur de la clinique Claude Bernard a en effet assuré qu'il avait interdit l'accès au bloc à ce chirurgien mis en cause.
"Demandez-le au gens qui me connaissent, ils vous diront, je suis toujours prêt à aider tout le monde. […] Je ne trouve pas les mots pour parler de ce qui s'est passé. C'est trop tôt" poursuit le praticien dans ce même entretien.
Le jeune garçon n'avait pas l'appendicite
Un collège d'experts affirme dans son rapport que Corentin n'avait pas à être opéré. Il va même plus loin en étant très accusateur contre les deux chirurgiens qui ont multiplié les erreurs. D'après Le Républicain Lorrain, qui a pu consulter le rapport du collège d'experts nommé par le juge d'instruction Jean-Marie Caronna, celui-ci ne laisse pas planer le doute sur les circonstances du décès de Corentin. Le jeune garçon souffrant de maux de ventre chroniques avait subi plusieurs examens ne révélant rien. Les parents sont alors dirigés vers les urgences pour la prescription d’un antalgique car Corentin souffre. Une fois aux urgences, le dossier du jeune garçon est réétudié et l'avis du médecin de permanence est demandé. Optant pour une intervention, la suite des événements sera tragique.
Dans le rapport du collège d'experts, le chirurgien se trompe : "l'enfant ne souffrait pas d'une appendicite […] il n'y avait pas d'arguments cliniques ou radiologiques pour retenir le diagnostic […] L'enfant souffrait d'une colopathie fonctionnelle, caractérisée par des troubles du transit et des douleurs abdominales". La conclusion est donc "qu'il n'y avait pas d'indication à faire une intervention chirurgicale".
La mère de Corentin qui avait demandé aux enquêteurs de "faire toute la vérité" sur le décès de son fils. PHOTO: CAPTURE BFMTV
Une intervention qui ne semble pas s'être faite dans les règles de l'art souligne le rapport des experts qui indiquent que l'origine des plaies en est à l'origine à l'aorte qui furent fatales au jeune garçon : "l’open-cœlioscopie n'a pas été faite selon les règles de la science". Le chirurgien se serait entêté à réaliser une coeliscopie avec un outil muni d'une pointe acérée, qui a transpercé l'aorte du jeune garcon. Une technique qui n'est plus répertoriée dans les bons usages après de nombreux accidents opératoires.
Une intervention chirurgicale qui ne respecte pas les règles
Les experts expliquent dans leur rapport que les deux praticiens mis en cause ont perdu du temps et à plusieurs moments durant l'intervention. Les anesthésistes ne sont pas épargnés. Le rapport indique «l'intervention du cardiologue (pour vérifier l'hypothèse de l'embolie) a retardé le diagnostic de choc hémorragique par plaie aortique".Ainsi les deux chirurgiens n'auraient pas découvert la seconde plaie située à l'arrière de l'aorte. Elle ne sera découverte et isolée que par le troisième chirurgien spécialiste vasculaire intervenant six heures après le début de l'opération. Ce dernier, quatre heures plus tôt avait proposé son aide aux deux praticiens qui ont refusé.
Enfin le rapport confirme que seul le troisième chirurgien arrive au bon diagnostic et traite le problème correctement, mais trop tard.
Après l’enchaînement tragique des événements, les deux médecins sont lourdement remis en cause par le rapport. Celui-ci précise également que le deuxième chirurgien s'obstine et échoue à réparer l'aorte du jeune garçon, malgré la demande du personnel du bloc opératoire qui l'incite à passer la main.
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