"Sublimes, les tremblements du monde", la nouvelle expo du Centre Pompidou-Metz
Le centre Pompidou-Metz propose, à partir de jeudi, un regard sur le sublime, cette «délicieuse horreur» que provoquent tremblements de terre, éruptions et tempêtes.
Organisée en 5 chapitres, qui proposent une balade décalée à travers les enjeux écologiques, l'exposition, dont la conception a commencé il y a trois ans, rencontre un écho particulier quelques semaines après la COP 21. «Ces dernières années, les images se sont démultipliées d'ouragan, de tsunami, de tempête. Et chaque fois, le même discours apparaît, assez catastrophiste, comme si chacun de ces éléments était l'annonce d'une plus grande catastrophe à venir», explique Hélène Guénin, commissaire de l'exposition, évoquant l'ambiguïté du regard du spectateur face à ces images où «malgré l'horreur, nous somme happés par la puissance de la nature».
Avec cette exposition, le musée souhaite «proposer un regard sur ces enjeux écologiques en remontant le curseur de l'histoire de l'art».
Dans la première salle, plongée dans le noir, une vidéo tourne sans cesse, montrant des flammes léchant un sol, sans que l'on ne distingue clairement s'il s'agit d'une cheminée ou d'un incendie. Tournée au Turkménistan, dans un lieu baptisé «la bouche de l'enfer», il s'agit en fait d'un feu qui brûle depuis 40 ans. Depuis que des scientifiques soviétiques l'ont découvert en forant une énorme poche de gaz. Craignant qu'elle n'explose ils y ont mis le feu, qui ne cesse depuis de se consumer, tel une illustration de «la patte irrémédiable de l'homme sur l'environnement», explique Mme Guénin.
Viennent, après le feu, des images de hauts sommets, les premières que le grand public a pu voir grâce aux scientifiques. Hommes de sciences et explorateurs sont d'ailleurs célébrés dans une salle entièrement consacrée à deux chasseurs de volcan, Maurice et Katia Krafft, totalement conscients de l'esthétique des coulées de lave dont ils ont pris des milliers de photos et de films.
Des chasseurs de volcan
Ana Mendieta,Silueta Works in Mexico,1973-1977 - (The Estate of Ana Mendieta Collection, LLC).
Entre le feu et la glace, les tempêtes sont aussi étudiées, avec un chef-d'oeuvre de William Turner, «Paysage marin avec tempête qui approche», dont les jaunes et les gris prennent d'assaut le visiteur. Puis plusieurs salles reviennent sur les «Imaginaires de la catastrophe», cette «fascination occidentale pour la disparition, qui fait que l'on se réinvente des fins possibles», explique Hélène Guénin.
Des fins du monde qui se concrétisent dans les angoissantes photos du chapitre suivant consacré à «La tragédie du paysage», où la beauté de coulées de nickel prend quelques secondes le pas sur l'image de la destruction de la nature. Comme pour souligner le propos, une salle présente ensuite plusieurs affiches militantes des années 70/80, dont une demi planète-bleue dans un presse-agrume. Avec les chapitres suivants, Alternatives et Ré-enchantement, l'exposition tente de nous ramener vers des salles plus «apaisées», sans parvenir tout à fait à chasser les images de la salle consacrée au nucléaire.
L'œuvre proposée par l'artiste japonais Tadashi Kawamata, au dernier étage du musée, parachève l'exposition avec une évocation du tsunami du 11 mars 2011. Le public se retrouve, cou plié en deux, à observer accrochés au plafond des milliers de pièces de bois qui forment une vague. Dans cet immense espace, le sentiment d'oppression opère inexorablement, sous les quelque 20 tonnes de bois suspendues. De nuit, la vague se reflète sur les vitres, pour se prolonger à l'infini sur les lumières de Metz.
(Avec AFP)
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