Mort de Corentin à l’hôpital : un rapport qui accable les chirurgiens
Un rapport de l’Agence Régional de Santé (ARS) accable les chirurgiens de l’opération ratée du petit garçon mort à l’hôpital Claude Bernard de Metz (Moselle). Toutefois, l’agence épargne l’hôpital qu’elle ne tient pas comme responsable dans ce drame rarissime.
Les conclusions de l’ARS sur la mort de Corentin, 11 ans, à l’hôpital Claude Bernard de Metz en novembre 2014 sont sans appel. Les chirurgiens sont directement pointés du doigt dans la responsabilité de la mort du collégien. «La technique hybride d’introduction du premier trocart était risquée et une maladresse a conduit à la plaie aortique» écrit l’ARS dans son enquête dont des extraits sont publiés dans Le Républicain Lorrain de jeudi. «Un retard de diagnostic de cette plaie liée à des erreurs de diagnostics et des interactions délétères entre l’équipe d’anesthésie et l’équipe chirurgicale ayant entraîné un retard d’1h15 minimum à la laparotomie en urgence qui s’imposait» poursuit le rapport.
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Le premier chirurgien est critiqué pour son erreur de diagnostic car l’enfant n’avait pas d’appendicite selon l’ARS qui critique également le second médecin. Il n’a pas voulu passer la main à un spécialiste alors que la situation était plus que critique. «Une prise en charge défaillante de la réparation aortique ayant entraîné la persistance pendant au minimum deux heures supplément aires d’une hémorragie majeure». Deux heures perdues qui auraient pu être confiées à un spécialiste des vaisseaux sanguins et peut-être éviter la mort du petit garçon.
Concernant la clinique privée Claude Bernard, l’ARS épargne ses responsables. «Les inspecteurs ont relevé des dysfonctionnements organisationnels (…) mais ceux-ci ne sont pas à incriminer dans le décès de l’enfant» estime l’agence. L’Agence régionale de santé de Lorraine estime d’ailleurs que l’enfant n’aurait jamais dû être opéré. «Le diagnostic d’appendicite aiguë posé par le docteur B. n’est pas cohérent avec les éléments cliniques et biologiques disponibles […] L’indication d’appendicectomie qui en a découlé n’est pas solidement étayée».
Deux rapports estiment que l’enfant ne devait pas être opéré
Corentin, 11 ans, avait été admis le 31 octobre 2014 dans la clinique Claude-Bernard de Metz pour des douleurs au ventre, diagnostiquées comme une appendicite. Il y avait été opéré le lendemain, mais des complications lors de l'intervention avaient conduit à son décès le dimanche 2 novembre. "Il n'y avait pas d'appendicite aiguë, ni d'indication opératoire immédiate", avait indiqué le 26 janvier dernier à l'AFP Pierre Jeras, le père du petit garçon, en se fondant sur les conclusions d'un rapport d'expert paru dans la presse.
Les parents de Corentin, qui se plaignait de douleurs au ventre, s'étaient rendus à l'hôpital pour un scanner. Après cet examen, le radiologue les avait orientés vers les urgences "pour une prescription d'antibiotiques, et c'est là que les choses se sont accélérées", selon M. Jeras. L'intervention, débutée le 1er novembre, avait été rapidement stoppée lorsqu'un choc avait été constaté à la pose d'un tube utilisé pour des cœlioscopies.
Selon une source proche du dossier, c'est à cette occasion que l'aorte de l'enfant aurait été touchée. Au total, sept praticiens, dont trois chirurgiens, sont intervenus au chevet de l'enfant, qui mourra le lendemain au CHU de Nancy, où il n'avait été transféré en urgence qu'au bout de neuf heures d'opération à Metz.
Les parents ont déposé plainte contre X pour homicide involontaire, et le parquet de Metz a ouvert une information judiciaire contre X après ce décès.
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