En Lorraine, débat sur la fin de la gratuité de certaines interventions des pompiers
Le débat sur le prix des interventions non essentielles des sapeurs-pompiers est relancé dans la région après celui lancé dans le Calvados. Dans ce département, les services de secours vont faire payer certaines prestations ce qui provoque une vive polémique. En Lorraine, certaines interventions sont déjà payantes et le débat est rouvert.
Le 21 mars, le conseil d'administration du Service départemental d'incendie et de secours (Sdis), présidé par le président UDI du département du Calvados en Normandie, Jean-Léonce Dupont, a décidé d'assortir d'une contribution forfaitaire certaines interventions des pompiers. Désormais, il en coûtera 463 euros pour un déblocage d'ascenseur ou pour une "levée de doute alarme incendie", 410 euros pour un "appel abusif avec engagement", 241 euros pour une personne en état d'ébriété ou pour un "relevage à domicile sans transport", à la suite d'un malaise par exemple, ou encore pour un transport d'un malade à domicile.
Un débat vif s’est engagé entre la majorité départementale, la gauche et les sapeurs-pompiers. Dans ce département qui n’est pas épargné par la baisse des dotations de l’Etat et par la crise, les élus de la majorité estiment que ce n’est pas au contribuable de financer les interventions non essentielles. L’élu de la majorité précise que la facturation ne concernera pas les missions confiées au Sdis par la loi, qui, elles, continueront à être effectuées sans contrepartie financière. La facturation portera sur "ce qu'on appelle les interventions de confort ou qui peuvent être réalisées par des partenaires privés", explique l'élu. Mais cette perspective fait bondir les pompiers caennais, dont les relations avec leur tutelle sont déjà tendues. Au début de l'année, ils avaient observé une grève de plusieurs jours, s'estimant "sur-sollicités", après la suppression de 30 postes en 2015 et la fermeture la nuit d'une des casernes de Caen.
- Le débat touche aussi la Lorraine -
En Lorraine, les quatre départements affichent des stratégies différentes concernant le paiement des prestations. En Moselle par exemple, depuis le 1er janvier 2015, les habitants doivent ainsi payer 95 euros pour la destruction d’un nid de guêpes, 130 euros pour une personne coincée dans un ascenseur ou 150 euros pour une ouverture de porte. En Meurthe-et-Moselle, la destruction des nids de guêpes chez les particuliers coûte également 95 euros s'il ne présente pas de danger immédiat. Un tarif qui va prochainement augmenter.
Le président (PS) de Meurthe-et-Moselle Mathieu Klein quant à lui est opposé à l’idée de faire payer trop de services réalisés par les sapeurs-pompiers de son département. Certes, la destruction d’un nid de guêpes est payant mais pas s’il se situe dans un lieu dangereux, proche du public ou d’une école ou d’un hôpital par exemple. Le Sdis de Meurthe-et-Moselle va par ailleurs revoir les tarifs des interventions non nécessaires. Ainsi, la destruction d’un nid de guêpes coûtera désormais 120 euros, près de 280 euros pour un ascenseur coincé et surtout 260 euros pour une intervention des pompiers sur la voie publique en cas d’ivresse manifeste sans danger immédiat.
Du côté des Vosges, le paiement des interventions concerne les nids de guêpe (68 euros) et les ascenseurs bloqués (facturation à la société propriétaire). Du côté du Sdis départemental, on assure que les chutes de personnes âgées à domicile ne sont pas payantes pour éviter de fragiliser les plus isolés et fragiles. Mais face aux fortes économies que doivent consentir les collectivités, il n’est pas exclut que les Vosges se mettent à facturer de plus en plus d’interventions non obligatoires. En Meuse, la destruction d’un nid de guêpes coûte 67 euros et les services de déblocage d’ascenseurs ou d’ouvertures de portes sont également payants.
- En Meurthe-et-Moselle, les pompiers ne feront pas grève -
En Meurthe-et-Moselle, face à la fronde des sapeurs-pompiers qui demandent davantage de moyens et d’effectifs, le département a voté en faveur d’une hausse de sa participation au fonctionnement de 2016 à 2021. «Nous allons augmenter le budget de 3% par an soit 20 millions d’euros. Cela représente une enveloppe de 128 millions d’euros sur cinq ans» assure Mathieu Klein, qui conduit le département Meurthe-et-mosellan. «Le Sdis n’est pas un service du département mais il contribue largement à son financement. Nous ne décidons pas de tout, notamment le nombre de recrutement ou les promotions internes. Nous avons des élus au conseil d’administration» explique M. Klein.
Ainsi, cette hausse de budget pourra être utilisée «librement» par la direction du Service d’incendie et de secours du département, selon Mathieu Klein. Recrutement, équipements, locaux, promotions… Des syndicats demandaient 50 postes de pompiers professionnels tandis que le département estime que le recrutement s’oriente vers 25 nouveaux effectifs. «Nous avons 500 pros et près de 2 500 volontaires dans le département selon Mathieu Klein» qui «comprend» les demandes des syndicats de pompiers. Le préavis de grève déposé avait été retiré et les esprits apaisés.
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