Avant sa venue à Metz avec Merkel, Hollande estime que l'Europe est trop lente

Metz - 06/04/2016 10h14
LORACTU.fr La Rédaction
Avant sa venue à Metz avec Merkel, Hollande estime que l'Europe est trop lente
Politique
Le chef de l'Etat lors d'une déclaration au Palais de l'Elysée à Paris. (PHOTO: Présidence de la République - J. Bonet)

François Hollande revient sur la politique migratoire française, la lutte contre le terrorisme et la relation franco-allemande dans une interview publiée ce mercredi dans le quotidien allemand Bild. Jeudi, il conduit avec Angela Merkel le 18ème sommet franco-allemand à Metz (Moselle). 

Le chef de l’Etat sera demain à Metz avec Angela Merkel où se tiendra le 18ème sommet franco-allemand où les sujets d’évasion fiscale, de crise des réfugiés, de menace terroriste, de construction européenne ou de croissance seront au menu de rencontres bilatérales entre les deux dirigeants et une quinzaine de ministres des deux pays.

Dans une interview au quotidien populaire allemand Bild (lien en français)  publiée ce mercredi à la veille du sommet, M. Hollande regrette que «décider à 28 est plus difficile qu’à 6, 12 ou même à 15, au temps où François Mitterrand et Helmut Kohl pouvaient régler en face à face les questions liées à la réunification allemande» appelant la France et l'Allemagne à marcher «d'un même pas pour que l’Europe avance.

Hollande est pour que  Grande-Bretagne reste dans l'Union, car «c'est son intérêt, c'est celui de l’Europe. Mais seul le peuple britannique peut dire ce qu'il veut pour son avenir» dit-il, appelant à respecter les pays qui ne sont membres de l’Union européenne. Il affirme aussi souhaiter après ce référendum vouloir que les pays qui le souhaitent aillent plus vite dans «l’intégration européenne».

Avec Angela Merkel,  «ces crises nous ont rapprochés sur le plan personnel même si nous n’avons pas les mêmes sensibilités politiques» reconnaît François Hollande. «Sur les réfugiés, nous avons bâti ensemble une solution européenne. Mais nos situations étaient différentes. L’Allemagne accueille des centaines de milliers de réfugiés. Et fait preuve d’une  grande générosité. Mais, pour l’Allemagne comme pour la France, cela ne pouvait se faire hors des règles européennes, c’est-à-dire de Schengen» poursuit M. Hollande dans cet entretien réalisé à l’Elysée.

Face à la crise des réfugiés, «l’engagement de la France, c’est d’accueillir 30.000 réfugiés, syriens et irakiens, d’ici deux ans et je tiendrai parole» promet M. Hollande. «Mais il y a des migrants qui viennent en France par d’autres moyens. En 2015 nous avons eu une augmentation (…) avec près de 80.000 personnes accueillies en France» rappelle François Hollande alors que l’Allemagne sur la même période a préféré accueillir 1 millions de réfugiés.

- "L'Europe prend trop de temps pour décider" -

Alors que Manuel Valls avait ouvertement critiqué la politique migratoire de l’Allemagne lors d’un déplacement à Munich, Hollande est plus réservé. «Je sais l’effort réalisé par l’Allemagne et je salue la solidarité dont elle fait preuve. Elle devra consacrer à l’accueil et à l’intégration des réfugiés des moyens importants.  Mais il ne pouvait être question de reproduire en 2016 ce qui s’était passé en 2015 (…)» assure-t-il, affirmant que la réponse devra être coordonnée sur le nombre de personnes accueillies pour éviter que des pays européens ferment leurs frontières. «La réponse ne peut être qu’européenne. Sinon ce sera la fin de Schengen et le retour aux frontières nationales, c’est à dire une régression historique» s’inquiète-il.

Contre le terrorisme, Hollande plaide pour «l’identification des personnes dangereuses et la centralisation des informations» entre pays européens. «Les contrôles systématiques aux frontières de l’Europe et l’échange des données des passagers aériens (PNR européen)» sont aussi défendus par François Hollande. A Bild, le chef de l’Etat évoque aussi l’idée de «l’Europe de la Défense» car «ne comptons pas sur une autre puissance même amie pour nous débarrasser du terrorisme» prévient-il.

A propos de la réforme constitutionnelle et la déchéance de nationalité pour les terroristes, camouflet et recul majeur pour le président de la République, Hollande assume. «Ce n’est pas en enlevant la nationalité que l’on peut combattre le terrorisme» reconnaît le président de la République qui a pourtant défendu cette mesure. «C’est en luttant contre les racines mêmes de la radicalisation et de la haine. Et c’est en menant des politiques coordonnées à l’échelle de l’Europe pour appréhender les individus qui veulent nous frapper» dit-il. «C’est le problème majeur de l’Europe. Elle prend souvent trop de temps pour décider», un temps «coûteux» fustige M. Hollande.

- "Ce n’est pas en enlevant la nationalité que l’on peut combattre le terrorisme" -

«Ce que je sais c’est que la banalisation comme la diabolisation sont les plus mauvaises réponses» a déclaré le chef de l'Etat français dans cette interview. «Il faut dénoncer les fausses solutions et démonter les propositions fallacieuses, montrer que ce vote est contraire non seulement à nos valeurs mais à nos intérêts» poursuit-il, estimant que «l'on ne pourra gagner qu’en apportant des réponses aux peuples qui attendent de l'Union Européenne qu’elle les protège». Le président français assure cependant ne pas avoir «de conseil à donner» à la chancelière allemande Angela Merkel, confrontée à l'émergence de l'AfD (Alternative für Deutschland), un parti populiste porté par la crise des réfugiés.

Il revient en revanche sur la «bien pénible expérience» vécue par la France depuis 30 ans avec le Front national dont «certains imaginaient», à tort selon lui, qu'il était «lié à (la) personne» de Jean-Marie Le Pen. «Et voilà que sa fille et sa petite-fille font prospérer le mouvement qu’il a créé», observe-t-il. «Marine Le Pen fait tout pour banaliser le Front National en France, mais lorsqu’elle s’exprime au Parlement européen devant Mme Merkel et moi-même, elle reprend les vieux discours sur la rivalité franco-allemande», poursuit François Hollande. «Elle appelle à un retour des frontières nationales et à la sortie de la France de l’euro, voire même de l’Union européenne», souligne-t-il.

«Ce qu’il y a de commun à toutes les extrêmes droites, c’est la peur, la peur de l’autre, la peur de l’Europe, la peur de la mondialisation», analyse encore le président Hollande.

A propos de sa candidature à la présidentielle de 2017, M. Hollande a répondu réserver sa réponse à la presse française. 

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2Commentaires

Lothringen
Simonis E. - il y a 20 jours
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Il est vrai que le président, lui, est un rapide. Il suffit de constater la vitesse du déclin de la France... Ou, comme dirait Marianne, avec Hollande c'est "l'arrêt public": terminus, tout le monde descend (aux enfers socialistes)! Répondre
Urgo
Victor U. - il y a 19 jours
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L'Europe à 28 est un grand foutoir ! Quant à son avenir, on ne sait pas très bien de quoi il sera fait. Mais à l'allure où vont les choses, ce ne sera guère réjouissant. Quant aux britanniques, ont ne les retient pas. S'ils veulent reprendre leurs billes, on en fera pas une maladie. Répondre
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