"Nuit Debout", la contestation populaire gagne les villes du Grand-Est
A Strasbourg, Metz, Nancy et Reims, le mouvement «Nuit Debout» né à Paris il y a presque une semaine gagne les villes de la région Grand-Est. La nuit dernière 300 personnes étaient réunies à Strasbourg tandis que des mouvements se préparent à Metz et Nancy.
Le mouvement contestataire qui s’oppose à la Loi Travail et plus globalement au gouvernement ou au «système» commence à mobiliser partout en France. Outre sa sixième nuit passée à Paris sur la Place de la République, le mouvement citoyen s’invite dans des dizaines de grandes villes dont celles du Grand-Est. Mardi soir à Strasbourg (Bas-Rhin), 200 personnes se sont réunies pendant la nuit malgré la pluie tandis que Metz et Nancy vont veiller dans la nuit de vendredi à samedi. A Reims, une mobilisation est également prévue.
Depuis quatre nuits, ils viennent se rassembler place de la République, à Paris. Ils étaient plusieurs centaines dans la nuit de dimanche à lundi 4 avril à avoir répondu une fois encore à l'appel du mouvement "Nuit Debout", apparu dans la foulée des manifestations contre la Loi travail. Chaque matin depuis vendredi, plusieurs dizaines de manifestants sont délogés par les forces de l'ordre, avant de revenir occuper la place. Associé au DAL (Droit au Logement), le collectif a obtenu l'autorisation d'occuper la place jusqu'au 4 avril. Mais les participants ont décidé de prolonger le mouvement et compte rester au-delà d'une semaine.
- "Salaire à vie", "démocratie par tirage au sort", "baisse des hauts revenus" -
"Salaire à vie", "démocratie par tirage au sort", "baisse des hauts revenus", "embauche de tous les chômeurs", "destruction globale du système capitaliste", les revendications sont diverses et les participants se succèdent au mégaphone pendant l'AG qui dure plus de deux heures. ""Nous ne sommes pas des bisounours, on est des optimistes, le monde dont on rêve, il est là", s'enthousiasme une jeune femme. Certains rêvent ici de "réécrire la Constitution" et réclament "la démission du gouvernement".
Dans la nuit de dimanche à lundi Remy Buisine, un jeune homme qui se trouvait sur la place de la République, a retransmis en direct le rassemblement durant quatre heures, via l'application Periscope. Son live a réuni plus de 80 000 personnes.
Outre le retrait de la Loi travail, le mouvement agrège aussi, sous le hashtag #NuitDebout sur les réseaux sociaux, d'autres revendications politiques ou sociales. Nombre de participants y voient l'amorce d'un phénomène informel comme les mouvements "Occupy" nés dans divers pays, ou comme celui des "Indignés" de la Puerta del Sol, apparu en 2011 à Madrid pour dénoncer l'austérité et la corruption.
- Le gouvernement "pas inquiet" et "attentif" -
"Je reste attentive à toutes les interpellations, quelles qu’elles soient, issues de la mobilisation qu’il y a eu la semaine dernière, celle qui s’exprime aussi place de la République, comme celle qui s’exprime aussi des syndicats dits réformistes qui soutiennent certaines avancées de cette loi", a déclaré Myriam El Khomri lundi. Selon la ministre, le mouvement Nuit debout exprime "une volonté de lutter contre la précarité". "Notre pays vit depuis trente ans un chômage de masse, donc il faut entendre ces exaspérations-là", a-t-elle affirmé. "Après, j’admets moins les leçons faciles : quand j’entends un jeune de la place de la République qui dit qu’avec cette loi on va pouvoir en tant qu’apprenti travailler près de soixante heures, c’est faux ; ceci n’est pas dans ma loi", a-t-elle ajouté
Le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll a jugé mercredi qu'il fallait "respecter" le mouvement "Nuit debout" de mobilisation contre la loi travail, affirmant que l'exécutif n'était pas "inquiet" face à cette mobilisation.
"Il ne faut pas être inquiet", a déclaré M. Le Foll devant la presse lors de son compte-rendu du Conseil des ministres, précisant toutefois que cette question n'avait pas été abordée à cette occasion. Selon le porte-parole du gouvernement, ceux qui se réunissent place de la République à l'appel de ce mouvement sont "tout à fait à leur place" lorsqu'ils évoquent des "idéaux" ou des "changements profonds (...) par rapport au capitalisme". "Je ne conteste pas le fait qu'il y ait à chaque fois des moments de débat, que les gens aient besoin de se poser des questions et ça, ça doit être respecté", a-t-il poursuivi, estimant que ce mouvement s'apparente à celui des Indignés en Espagne.
Les manifestations Nuit Debout dans le Grand-Est
A Strasbourg, Place de la République depuis le mardi 5 avril
A Nancy, Place Stanislas vendredi 8 avril à 18H
A Metz, Place de la Comédie vendredi 8 avril à 18H
A Reims, Place Royal vendredi 8 avril à 18H
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