Sommet franco-allemand de Metz: les annonces d’Hollande et Merkel
Les deux chefs d’Etat étaient réunis pour la première fois à Metz (Moselle) à l’occasion d’un sommet franco-allemand en pleine crise des réfugiés et à deux mois du «Brexit». Outre la crise migratoire, François Hollande a aussi réagit aux révélations Panama Papers et au lancement du parti politique d’Emmanuel Macron.
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Les sociétés européennes qui fraudent poursuivies
"Les sociétés en Europe" dont les agissements frauduleux ont été révélés par les Panama Papers "seront poursuivies", a promis jeudi le président François Hollande, à l'issue d'un conseil des ministres franco-allemand à Metz. "Comme le disait M. Schaüble (NDLR: le ministre allemand des Finances), ce qui a été révélé est une bonne nouvelle parce que nous pouvons encore traquer davantage la fraude, les fraudeurs, et s'il y a des sociétés en Europe qui se livrent à ce type d'agissements, elles seront poursuivies", a affirmé le président de la République, lors d'un point de presse conjoint avec la chancelière allemande Angela Merkel.
"Je pense au blanchiment notamment d'argent de tous les trafics", a-t-il précisé. "Depuis plusieurs années, nos ministres travaillent ensemble pour lutter contre la fraude fiscale, contre les paradis fiscaux. Nous avons progressé, nous avons réussi à faire ces échanges d'informations, ce qui fait que, aujourd'hui, pour les fraudeurs, c'est plus difficile", a poursuivi M. Hollande.
L'opération Panama Papers, enquête réalisée par une centaine de journaux qui a révélé des avoirs dans des paradis fiscaux de 140 responsables politiques, de stars du football ou de milliardaires, a suscité depuis lundi une onde de choc mondiale.
La banque française Société générale fait partie des cinq banques qui ont créé le plus grand nombre de sociétés offshore par l'intermédiaire du cabinet d'avocats panaméen Mossack Fonseca, a détaillé mardi le quotidien Le Monde, après analyse des données Panama Papers.
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Hollande et Merkel assurent être d’accord sur la politique migratoire
La chancelière allemande Angela Merkel a répondu par un trait d'humour aux critiques du Premier ministre Manuel Valls sur sa politique à l'égard des réfugiés, déclarant que des "mots difficiles" avaient plutôt tendance à la "stimuler".
"Des mots un peu difficiles ou des critiques ont plutôt tendance à me stimuler qu'à me mettre en colère", a répondu Mme Merkel dans un sourire, interrogée lors de sa conférence de presse commune avec le président français de Metz.
François Hollande, qui avait d'abord éludé la question d'un, "je vous en prie" amusé, cédant la parole à la chancelière, a ensuite déclaré: "Moi, sur les critiques, je n'ai rien à dire." "Mais il n'y a qu'une seule position de la France et elle est exprimée par le président de la République, le Premier ministre, les ministres concernés", a-t-il cependant enchaîné.
Cette position, a-t-il poursuivi, "a toujours été la même depuis le départ de cette crise: la protection de la frontière extérieure, l'accueil des réfugiés au titre du droit d'asile (...) et, en même temps, le retour des migrants qui n'ont pas de droits à faire valoir pour vivre durablement sur le continent européen". "Je suis parfaitement conscient de ce qu'a été la situation en Allemagne: cet accueil de dizaines, de centaines de milliers de personnes et de ce que ça a pu représenter", a-t-il assuré.
A la mi-février, visitant un camp de réfugiés à Munich, le Premier ministre français avait critiqué la politique migratoire de la chancelière allemande, déclarant que sa politique d'ouverture, "qui a pu se justifier un temps", n'était "pas tenable dans la durée". M. Valls avait ensuite légèrement nuancé son propos, toujours à Munich, se disant "très impressionné par la capacité du peuple allemand à accueillir" ces réfugiés et affirmant "respecter profondément" la décision prise par l'Allemagne de les recevoir en masse, même si ça "n'a pas été la position de la France".
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L’Allemagne et la France continuent de vouloir l’Ukraine dans l’UE
La France et l'Allemagne continueront d'appliquer l'accord d'association sur l'Ukraine, a déclaré le président François Hollande, interrogé sur le "non" des Néerlandais, exprimé mercredi par référendum, sur cet accord d'association UE-Ukraine. "Nous continuerons à soutenir l'Ukraine et à appliquer, pour ce qui nous concerne, dans nos pays respectifs (France et Allemagne), l'accord d'association", a dit le président de la République devant la presse à Metz.
Ce référendum néerlandais était "consultatif" et le Premier ministre néerlandais, Mark Rutte, s'exprimera prochainement "pour dire la réponse qui va être celle de son pays", a ajouté le président Hollande, qui s'exprimait au côté de la chancelière allemande Angela Merkel. "Pour ce qui concerne l'Europe, elle va appliquer ce qui peut l'être de l'accord d'association. Et pour nous, France-Allemagne, Angela a rappelé notre responsabilité dans le format Normandie", a-t-il indiqué.
Le "format Normandie" a été mis en place par la France, l'Allemagne, l'Ukraine et la Russie pour trouver une solution à la question des régions rebelles prorusses dans l'est de l'Ukraine. Mme Merkel a déclaré pour sa part que les autorités néerlandaises allaient élaborer leur réponse à ce référendum "avec les institutions européennes". "Nous avons surmonté d'autres dossiers difficiles. Il sera également possible de régler cette difficulté. Nous nous en remettons là aux Néerlandais et aux institutions européennes", a ajouté la chancelière.
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Un soutien au gouvernement libyen
Les deux pays ont réaffirmé leur soutien au gouvernement libyen d'union nationale de Fayez al-Sarraj, a indiqué le président François Hollande, à l'issue d'un conseil des ministres franco-allemand, à Metz. "Nous avons (...), sur le plan politique, réaffirmé notre soutien au gouvernement libyen", a dit François Hollande, qui s'exprimait devant la presse au côté de la chancelière allemande Angela Merkel.
Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault, s'est entretenu jeudi avec le Premier ministre libyen, Fayez al-Sarraj, "pour faire en sorte que nous puissions lui apporter la solidarité qu'il demandera et pour que nous puissions aussi, dans le cadre de la mission européenne, assurer également la lutte contre les trafics", a ajouté François Hollande.
"La Libye peut être un chaos et offrir aux passeurs, aux trafiquants de toutes sortes, l'occasion de mettre des populations entières en danger et ensuite de faire arriver en Europe, en Italie ou à Malte, des dizaines de milliers de personnes", a-t-il relevé. Fayez al-Sarraj tente d'installer son pouvoir à Tripoli avec le soutien de la communauté internationale, dont l'Union européenne, qui a sanctionné de hauts responsables accusés d'"obstruction".
L'UE a imposé récemment des sanctions contre trois poids-lourds des deux autorités rivales qui se disputent le pouvoir et s'opposent depuis des semaines à l'installation en Libye du gouvernement d'union formé sous l'égide de l'ONU.
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Hollande sur Macron: "Ça s'appelle faire de la politique"
François Hollande n'a pas souhaité s'étendre jeudi à Metz sur la création par son ministre de l'Économie Emmanuel Macron de son mouvement "En Marche", relevant tout juste que "ça s'appelle faire de la politique".
"Un ministre veut dialoguer avec les citoyens, ça s'appelle faire de la politique et faire en sorte que des convictions puissent être partagées", a-t-il simplement observé. Comme on lui demandait si l'initiative de son ministre marquait le début d'une recomposition politique en France, le chef de l'État a répondu dans un sourire: "Je vous confirme, si vous n'en étiez pas informé, qu'il n'y a pas de gouvernement de coalition en France."
"Je n'en dirai pas davantage", a-t-il conclu, sous le regard attentif d'Emmanuel Macron, assis dans les premiers rangs. François Hollande s'exprimait au côté de la chancelière allemande Angela Merkel qui a clos l'échange, amusée, d'une phrase: "Et moi je m'occupe d'un gouvernement de coalition", entre les conservateurs de son parti, la CDU, et les sociaux-démocrates du SPD.
(Avec AFP)
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