Région Lorraine: la gestion du PS Jean-Pierre Masseret épinglée

Politique

L'ex-président (PS) de la région Lorraine, Jean-Pierre Masseret, en avril 2016. (PHOTO: LORACTU.fr)

Le rapport de la Chambre régionale des Comptes de Lorraine-Champagne-Ardenne sur la gestion de l’ex-région Lorraine par le socialiste Jean-Pierre Masseret s’annonce acide. Celle de Philippe Bachy, ex-président Divers gauche de Champagne-Ardenne aussi. Les conclusions seront rendues en septembre prochain mais les intéressés ont déjà reçu la première ébauche des critiques. En Champagne-Ardenne, l’ex-socialiste devenu Divers gauche qui n’a pas souhaité se lancer dans la course aux régionales est, selon Le Canard Enchaîné, pointé du doigt pour des avances données à des entreprises jamais remboursées. Afin de préserver l’emploi dans une région sinistrée par le départ de nombreuses usines, la région Champagne-Ardenne avait consenti à des aides remboursables.

En Lorraine, les critiques portent sur plusieurs points. D’abord sur des «nombreuses» et «généreuses» embauches selon le journal satirique qui cite des niveaux de salaires «disproportionnés» et «sans rapport avec la qualification» des personnels affirmerait le rapport de la Chambre régionale des Comptes. La chambre révélerait également des frais de bouches (cocktails, réceptions, déjeuners et dîners…) portant de nombreuses «incohérences» pour des responsables de la région. Enfin, la communication de l’ex-exécutif de la région – déjà très critiquée par la droite et le FN à l’époque – serait également épinglée par le rapport. La situation atypique de huit montgolfières sponsorisées par la région Lorraine lors du rassemblement Lorraine Mondial Air Ballons qui se déroule tous les deux ans sur une ancienne base militaire de Chambley-Buissières (Meurthe-et-Moselle). La chambre s’étonne en effet du financement d’associations organisatrices d’événements qu’elles doivent prendre en charge notamment ce rassemblement de ballons, l’un des plus grands au monde.

- Masseret dénonce un "tissu d'erreurs" -

Pour Jean-Pierre Masseret, qui a déjà adressé ses réponses à la chambre régionale par écrit, il s’agit d’un «tissu d’erreurs». L’ex-président de la Lorraine a affirmé samedi sur France 3 dans l’émission politique La Voix est Libre que «les frais de bouches ne sont pas pris en compte par le chambre» dans son rapport. «Les frais de bouche du président» n’existent pas, selon lui, assurant que la critique sur les salaires porte sur «deux personnes» notamment le «patron de l’agence de mobilisation économique initiée par Jacques Chirac». «Ces salaires sont à la hauteur de leurs compétences. Leur rémunération est équivalente à celles qu’ils touchaient dans le privé avant d’être embauché par la région» s’est défendu le sénateur PS de la Moselle.

Selon lui, «il n’y a pas de critiques» portant sur les embauches à son ex-cabinet ou au service de communication de l’ex-région Lorraine, lui aussi très critiqué par l’opposition de l’époque, selon M. Masseret La droite et l’extrême droite avaient dénoncé les importantes dépenses de communication de l’exécutif – près de 9 millions d’€ en 2011 faisant de la Lorraine la seconde région la plus dépensière de France pour la comm -. Sur le rassemblement de montgolfières de Chambley, M. Masseret se défend assurant «qu’il n’y a jamais eu 8 montgolfières de la Région».

- Les critiques prudentes de Philippe Richert -

Philippe Richert, président (LR) du Grand-Est et Jean-Pierre Masseret, ex-président (PS) de la région Lorraine.

Interrogé par notre site début avril, le nouveau président (Les Républicains) de la région Grand-Est (Alsace, Champagne-Ardenne et Lorraine) critiquait prudemment la gestion de son prédécesseur lorrain. «Nous avions des méthodes différentes en Alsace, en Lorraine et en Champagne-Ardenne. Le dossier de l’aéroport de Metz-Nancy par exemple, j’ai découvert qu’il y avait un déficit – qui était connu – mais au-delà des versements de la région pour combler les déficits et contribuer à son rayonnement, il y avait aussi des participations via le budget de la communication, du tourisme… Cela ne me semble pas une bonne chose. Les sommes dont nous parlions au début est loin  du total. Pareil au niveau de Chambley. Nous n’avons pas l’intention d’arrêter le Lorraine Mondial Air Ballons par exemple, on va continuer à le soutenir mais quand je regarde toutes les sommes qui vont vers ce site, je me dis qu’il faut revoir son fonctionnement. Un million d’euros est consacré au fonctionnement de ce site payé entièrement par la région. Il faut ajouter le Lorraine Mondial Air Ballons, plus les budgets de la communication…» critiquait le président du Grand-Est.

«J’attends les avis de la Chambre régionale même si parfois des choses ne dépendent pas toujours de l’exécutif» a-t-il poursuivi dans cette interview. «J’en ai l’expérience. Mais quand je regarde la gestion de certains projets, on n’a pas donné assez de transparence sur leur financement. La région intervenait par bien trop de canaux. En définitive, la vision que le conseil régional ou le contribuable pouvait avoir était tronquée» selon M. Richert.