INTERVIEW. Bruno Le Maire: le bilan d’Hollande est "un champ de ruines"
Le candidat à la primaire des Républicains se rend jeudi en Meurthe-et-Moselle et vendredi en Moselle. Engagé dans un tour de France depuis sa tentative de décrocher la présidence du parti LR (ex-UMP), Bruno Le Maire gagne du terrain dans les sondages.
Son programme, le bilan de François Hollande, Black M à Verdun, grogne des policiers… le candidat Bruno Le Maire fait le tour de l’actualité avant son déplacement en Lorraine qui sera principalement consacré à l’économie, au numérique ou encore à la ruralité.
Jeudi, l’ex-ministre de l’Agriculture se rendra dans une ferme en Meurthe-et-Moselle puis rencontrera des chefs d’entreprise à la CCI de Nancy avant de s’entretenir avec le maire (UDI) de la ville Laurent Hénart. Il donnera ensuite un meeting. Le lendemain, il est attendu dans une cristallerie de Saint-Louis près de Sarreguemines en Moselle puis déjeunera avec des élus locaux. A Metz ensuite, il rencontrera des entrepreneurs du numérique à TCRM-Blida avant de tenir un nouveau meeting à Marly.
Le bureau politique des Républicains a trouvé un compromis mardi soir concernant l’organisation du vote des Français de l’étranger (1,2 millions d’inscrits sur les listes électorales). Vous, ainsi que Juppé et Fillon, aviez saisi la Haute Autorité de la primaire. Etes-vous satisfait de la solution proposée ?
C’est un bon compromis et il répond à deux exigences. Tous les Français de l’étranger peuvent voter librement et c’est la Haute Autorité de la primaire qui a repris la main pour garantir une neutralité du scrutin. La question que nous devons nos poser est la suivante : comment garantir une primaire qui se passe le mieux possible afin d’offrir une vraie expression démocratique ? La primaire doit se dérouler de manière exemplaire.
L’organisation du vote des Français de l’Etranger décidée par Nicolas Sarkozy en l’absence de ses principaux concurrents semble le premier couac de la primaire…
Ce n’est pas un couac. Des incompréhensions ont été levées. Je souhaite qu’il n’y ait pas de querelles de personnes pendant cette campagne de la primaire. Il y a des programmes différents en compétition. Je propose des choses que les autres candidats n’inscrivent pas dans leur programme. J’ai une voix singulière dans cette primaire mais pour autant je me refuse d’attaquer les autres candidats. Marquer une différence ce n’est pas forcément se combattre entre nous.
Les policiers ont crié leur colère ce mercredi à Paris et dans plusieurs villes en région. Ils dénoncent une haine «anti-flic». Que pensez-vous de ce type de mobilisation, rarissime ?
Je soutiens les forces de l’ordre de notre pays. Le désordre, ça suffit ! Les insultes et les menaces contre les policiers, ça suffit ! Les injures et les provocations, ça suffit ! On a assez vu d’images de désordre dans notre pays. La police doit pouvoir arrêter et traduire en justice les casseurs. Même si François Hollande dit aussi que ça suffit, il doit donner les moyens aux forces de l’ordre d’agir. Ce que j’aimerai c’est que les policiers n’aient pas à manifester. Si je suis élu président de la République, ma priorité sera de renforcer les moyens des forces de l’ordre et des forces armées mais aussi de construire des places de prison.
La gauche aime à rappeler la suppression des postes de policiers, de gendarmes et de militaires durant le quinquennat de Nicolas Sarkozy. Jugez-vous ces choix comme préjudiciables ?
Avoir baissé la garde sur le sujet des forces de sécurité a été une erreur. Il faut garantir la sécurité des Français. Je ne suis pas là pour juger le passé d’un ancien ministre de l’Intérieur ou président de la République mais propose des solutions pour l’avenir. Je donnerai de véritables moyens à la police et aux armées.
- "La place de Black M n'est pas à Verdun" -
Le maire de Verdun a invité le rappeur Black M pour les commémorations du 29 mai et a finalement renoncé face aux pressions d’une partie de la droite et du FN. François Hollande a proposé mardi de donner les moyens à cet élu local pour d’organiser le concert. Qu’en pensez-vous ?
Je suis allé à Verdun à plusieurs reprises et je dois dire que c’est l’un des lieux de mémoire les plus émouvants de France. La place de Black M avec les propos qu’il a tenus n’est pas à Verdun pour une commémoration. Quand on commémore des sacrifices et des dizaines de milliers de morts qui se sont battus pour le pays, on ne peut pas inviter un rappeur qui tient ces propos. Je suis surpris et je conteste la décision de François Hollande qui a proposé de l’aide au maire de Verdun pour l’organisation de ce concert. Les forces de l’ordre ont mieux à faire que de sécuriser un concert de Black M à Verdun. Il aurait fallu un concert qui heurte moins la sensibilité des Français légitimement choqués par ce choix.
Le gouvernement est passé en force sur la loi Travail via l’article 49.3, les mobilisations se poursuivent dans la rue… Vous aviez indiqué ne pas vouloir consulter les syndicats pour réformer. Comment réformer sans violences en cas de contestation ?
Il faut revenir sur les fondamentaux de la démocratie. La majorité l’emporte sur la minorité qui est opposée à la réforme. Je suis pour un nouveau CDD, un assouplissement du marché du travail, un changement profond de la formation, une dégressivité des allocations chômage… Toutes ces propositions sont inscrites dans mon programme. Si je suis élu, une majorité est d’accord avec ce programme qui doit être appliqué. Je ne négocie donc pas avec les syndicats qui n’ont pas à faire de la politique. La place des syndicats est dans les entreprises. Une série d’ordonnances de juillet à septembre 2017 sera donc préparée pour appliquer ces réformes qui sont inscrites dans mon programme. Un programme qui ne bougera pas dont la présentation est prévue en septembre prochain.
Vous proposez l’organisation d’un référendum sur l’Europe. Quand sera t-t-il organisé en cas de victoire à la présidentielle et sur quelle question portera-t-il ?
Je veux être un président qui redonne un sens à l’Europe mais sans tourner le dos au peuple. Ce référendum serait organisé dans le courant du quinquennat – je ne peux pas donner de dates car une telle décision ne se prend pas seul mais avec nos partenaires européens – et porterait sur plus d’Europe. Le référendum permettra aux Français de dire s’ils acceptent plus d’intégration (harmonisation fiscale entre les pays, politique économique commune…). La blessure de 2005 doit être refermée.
- "Avoir baissé la garde sur le sujet des forces de sécurité a été une erreur" -
Quelles conséquences en cas de départ du Royaume-Uni de l’Union européenne ?
Je ne veux pas préjuger du vote des britanniques. Il ne faut pas être ligoté aux décisions du Royaume-Uni, nous sommes libres et souverains. Notre partenaire principal c’est l’Allemagne et c’est ensemble que nous devons conduire une nouvelle politique en Europe.
En Moselle, un débat fait rage concernant la fermeture de la centrale nucléaire de Cattenom demandée par le Luxembourg et l’Allemagne. Quelle est votre position sur le nucléaire ? Nicolas Sarkozy s’est clairement placé comme candidat pro-nucléaire.
Le nucléaire restera une énergie dont la part sera toujours importante en France mais il faut encourager les énergies renouvelables. Nous devons anticiper cette mutation comme celle des années 70 où on était concentré sur le nucléaire. C’est à l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) et non au politique de se prononcer de manière indépendante sur l’avenir des réacteurs et leur possible fermeture. Mon ambition c’est que le France devienne le premier pays du monde en terme de stockage des énergies renouvelables.
François Hollande semble être entré en campagne, notamment mardi sur Europe 1 où il a attaqué les programmes des candidats à la primaire de la droite, reconnaissant y être attentif. Il s’est aussi agacé d’une possible victoire de la droite qui s’empresserait de défaire ses réformes. A-t-il raison ?
Que François Hollande soit fier de son bilan c’est stupéfiant. Chômage, division, violences et relégation de la France en Europe, voilà le bilan de M. Hollande. Un champ de ruines, c’est ça le vrai bilan du président de la République. Un projet politique ce n’est en effet pas de s’empresser de défaire ce qu’a engagé la précédente majorité mais François Hollande ne s’est pas privé de le faire dès son arrivée à l’Elysée. Je ne reviendrai pas sur le mariage pour les personnes de même sexe – je suis pour le mariage homosexuel – ou encore sur le redécoupage des régions. Par contre, il faut revenir rapidement car ce sont de mauvaises décisions sur la loi Duflot, sur la réforme des rythmes scolaires et sur le tiers payant généralisé.
Le président des Républicains, Nicolas Sarkozy, est lui aussi de plus en plus candidat… mais en dirigeant le parti. Doit-il se déclarer au plus tôt et lâcher la direction de LR ?
C’est à lui de faire son choix. Moi je fais campagne en France et je ne m’occupe pas des autres candidats. Ca ne me pose pas de problème.
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