Bébé enlevé à Metz: pourquoi l’alerte enlèvement n’est pas déclenchée
Un bébé de 7 mois a été enlevé lundi dans un hôpital de Metz (Moselle) par son père. Depuis plus de 24h, l’enfant et son père, ravisseur présumés, sont activement recherchés. Le parquet n’a pas encore activé l’alerte enlèvement, habituellement déclenché dans les affaires de ce type.
Les faits
L’enfant qui était avec sa mère dans l’hôpital de Mercy situé à Ars-Laquenexy assistait à une consultation. Durant un moment d’inattention, le père de l’enfant aurait kidnappé le bébé de sexe masculin au sein même de l’hôpital messin.
Le père de famille, un ressortissant tunisien de 30 ans, est activement recherché dans les environs de Metz et dans l’est du département de la Moselle où il réside.
La mère de famille quant à elle réside dans un foyer de l’agglomération messine avec son fils. De nombreux contrôles routiers étaient organisés autour de l’hôpital de Mercy, en vain, malgré l’arrêt et la fouille de nombreux véhicules par des gendarmes déployés en nombre. Le commissariat de police de Forbach, ville où réside le père, espère qu’il se présentera de lui-même avec l’enfant ce mardi.
Le parquet s’est contenté de donner quelques éléments à l'AFP dans la soirée de lundi que l'enlèvement s'est déroulé "calmement", sans qu'il y ait "de violence ou d'agressivité de la part du père", dans un contexte de séparation du couple et de dispute autour de la garde de l'enfant. Le bébé, un garçon, n'était pas hospitalisé, mais accompagnait sa mère au chevet d'une personne soignée au centre hospitalier régional de Mercy à Metz, lorsqu'il a été enlevé par son père, a également précisé le parquet. Le service de la communication du CHR de Metz-Thionville n'a pas donné suite à nos sollicitations lundi en fin de journée.
L’alerte enlèvement, c’est quoi ?
Ce dispositif s'inspire des systèmes «Ambert alert» créés aux Etats-Unis en 1996 et au Québec en 2003. Ce dispositif permettra de diffuser très rapidement auprès de la population, sur l'ensemble du territoire national, des informations précises relatives à l'enlèvement afin de provoquer des témoignages susceptibles de favoriser la prompte libération de la victime. En France, le dispositif a été lancé en 2006.
L'alerte ne pourra être déclenchée que si les quatre critères suivants sont tous réunis : il doit s'agir d'un enlèvement avéré, et non d'une simple disparition, même inquiétante ; la vie ou l'intégrité physique de la victime doit être en danger ; le procureur de la République est en possession éléments d'informations dont la diffusion peut permettre de localiser l'enfant ou le suspect ; la victime doit être mineure.
C’est le procureur de la République et le ministère de la Justice qui décident de l’activation de cette alerte enlèvement, déclenchée dans toute la France.
Et dans le cas de Metz ?
Parmi les quatre critères nécessaires pour le déclenchement de l’alerte enlèvement, certains sont réunis, d’autres non. Dans le cas ou les faits doivent être qualifiés d’enlèvement et non de disparition même inquiétante, l’affaire de Metz est bien un enlèvement. La gendarmerie nationale a ouvert dès lundi une enquête en flagrance pour «enlèvement» et selon les derniers éléments communiqués par le parquet, le père de famille a bien pénétré au sein de l’établissement hospitalier pour enlever son fils de 7 mois.
«La vie ou l'intégrité physique de la victime doit être en danger». Dans le cas de l’enlèvement de Metz, le parquet a bien précisé à l’AFP que l’enlèvement s’est déroulé «calmement» et «sans violences ou agressivité du père». Ces éléments importants pour les recherches montrent donc qu’il n’y aurait pas d’intérêt – pour l’instant de déclencher l’alerte enlèvement.
Concernant les éléments d'informations dont la diffusion peut permettre de localiser l'enfant ou le suspect, les enquêteurs n’ont pas diffusé d’informations et de photos permettant d’identifier clairement l’enfant ou son père. On connaît uniquement l’âge, 30 ans, du ravisseur et son origine, un ressortissant tunisien. Les enquêteurs auraient toutefois donné des images du bébé et du père ainsi que des descriptifs, selon nos informations. Concernant le critère de l’âge de la personne enlevée – qui doit être mineure – c’est bien le cas à Metz puisque le bébé est âgé de 7 mois.
100% de réussite en cas d’alerte enlèvement
En France, ce dispositif a été testé avec succès lors de l'enlèvement de la petite Aurélia, en novembre 2005, dans le Maine-et-Loire. Il a été déclenché officiellement pour la première fois le 9 juillet 2006 après la disparition de deux sœurs, Emeline et Mélissa, 8 et 10 ans, dans le Maine-et-Loire. Cette affaire s'était révélée être une alerte sans objet, les deux fillettes ayant regagné leur domicile une quinzaine d'heures après leur disparition.
Il a été déclenché une 18ème fois il y a une semaine. Une fillette avait été enlevée par un homme, son oncle, dans l’Isère. Une alerte enlèvement qui a été utile moins de deux heures puisque l’enfant a été retrouvé peu après la diffusion dans les médias de cette alerte.
En 2012, l’alerte est déclenchée après le rapt d'un bébé de deux jours à la Maternité Régionale Universitaire de Nancy, qui est retrouvé le soir même sain et sauf à Vandœuvre-lès-Nancy. Le , après le rapt d'un bébé de quatre mois et demi au centre maternel de Nancy. Il est retrouvé sain et sauf en Moselle 26 heures plus tard. Le , à 20 h 50, après l'enlèvement d'une fillette de sept ans, Bérényss à Sancy en Meurthe-et-Moselle. Elle est retrouvée deux heures plus tard dans les Ardennes.
A Metz, en 2013, ce qui paraissait d’abord comme un enlèvement d’une fillette de 13 ans par son père était en fait une fugue où la préadolescente avait joué un grand rôle dans cette disparition. Le parquet n’avait pas déclenché d’alerte enlèvement.
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