21/02/2014 10:22 |
Chaque jour jusqu’au 1er tour des élections municipales, LOR’Actu.fr zoom sur une ville de Lorraine. Candidats, enjeux, propositions et débats. «Un jour, une ville» s’arrête à Woippy (Moselle).
François Grosdidier (UMP) va tenter un troisième mandat à Woippy en mars prochain. Dans une ville sociologiquement de gauche, le maire UMP part favori dans une ville qui a longtemps souffert de son image. Elu dès 2001, le maire a selon ses termes «réussi à faire d’une ville qui possédait des zones de non droit, une ville où l’on peut se promener en toute sécurité à toute heure».
En effet Woippy a longtemps souffert d’une image dégradée par les multiples faits-divers qui défrayaient la chronique locale voire nationale. «Mais ce que les habitants réclamaient c’était plus de présence policière face à la délinquance du quotidien, aux petites incivilités qui pourrissent la vie des habitants» souffle un observateur de la vie politique locale. Face au maire sortant, Jacques Clément (PS) considère que le problème d’image n’est pas réglé.
Il estime en effet que la ville de Woippy «fait trop souvent la une des rubriques faits-divers et justice». En témoigne, l’hallucinante bagarre de rue entre un colistier UMP et PS filmée par une caméra de vidéosurveillance et diffusée sur internet. Le PS qui s’allie avec les Verts et le PRG n’oublie pas de citer les «affaires» ou les «casseroles» du sénateur-maire UMP sortant.
Bataille autour de la sécurité
Les faits divers à Woippy occupent souvent la une de l'actualité. Photo : BFMTV
La sécurité, enjeux majeur de toute campagne électorale qui se respecte a été l’une des priorités de François Grosdidier. «Dès 2001 quand je suis arrivé aux affaires mon objectif était la reconquête des zones de non droit. Cela a été réalisé jusqu’en 2008 puis s’est poursuivi, chiffres à l’appui de 2008 à 2013» affirme le sénateur-maire. A en croire les chiffres – du ministère de l’Intérieur – cités par le maire, la délinquance «a baissé de 40 à 80% selon les qualificatifs depuis que je suis à Woippy» se félicite le maire. «Le trafic de drogues dures a depuis longtemps quitté la ville» dit-il en énumérant ses actions : police municipale équipée d’un chien renifleur, système de vidéosurveillance dans tous les quartiers…
Dans une ville sociologiquement de gauche voire favorable au Front National, notamment lors des législatives ou des présidentielles, l’implantation de François Grosdidier (UMP) peut paraître surprenante. «Toutefois, Grosdidier a pris des positions sur la sécurité, l’immigration ou l’islam des positions fermes. Ca plaît à l’électorat populaire qui compose une bonne partie de la ville». En effet, la ville située au nord de Metz affiche un taux de chômage plus élevé que la moyenne nationale et un fort taux d’abstention.
Woippy a plébiscité Hollande
Le candidat PS qui avait réunit 23% aux dernières municipales de 2008 contre près de 52% pour son adversaire de l’UMP compte bien s’appuyer sur son accord avec les Verts. Pour Jacques Clément, son score d’il y a six ans additionné à celui des Verts (12%) peut lui donner une dynamique. «La gauche peut aussi séduire l’électorat centriste qui n’est pas forcément avec Grosdidier» notre un observateur local. Mais le Front de Gauche va présenter une liste ce qui n’arrange pas forcément le PS dès le premier tour. Quant au Front National, il n’a pas réussi à constituer de liste à Woippy.
A observer les résultats de la dernière élection présidentielle, Sarkozy avait été rejeté par les électeurs de Woippy. François Hollande avait séduit 58,63% au second tour. Cette percée de Hollande à la présidentielle peut-elle jouer en faveur du candidat PS ? «Une élection n’est jamais gagnée d’avance mais elle s’annonce difficile. C’est une ville qui est tout de même à gauche» affirme prudemment son maire-candidat.
Côté économie, Woippy connaît un taux de chômage et un niveau de qualification faible. «Le maire ne peut pas faire grand-chose sur le contexte économique. Autant il peut inverser une tendance comme celle de l’insécurité mais pas la courbe du chômage. Ca nous échappe» affirme –t-il. Le maire qui ne veut toutefois pas tomber dans le piège de Jospin en 2002 met en avant l’école de la seconde chance ou encore une seconde maison de l’emploi mise à disposition de la population. «Mais un maire ne peut pas faire de miracle sur l’emploi. Et par ailleurs, le problème n’est pas l’implantation d’entreprises sur Woippy mais le niveau de qualification des habitants, notamment des jeunes» se justifie-t-il pour expliquer ce boulet qu’est le chômage et qui mine la ville de 13 000 habitants.
Le PS pointe du doigt la dette et les impôts
Jacques Clément (PS) compte bien pointer du doigt la gestion du maire sortant. Photo : DR
Pour le candidat PS, le gros point noir du bilan de François Grosdidier est la dette. Il affirme que le maire sortant a mal géré les caisses de la ville avec un système de dépenses opaque et organisé. «Le système Grosdidier» glisse un cadre du PS de Moselle qui veut en finir avec le sénateur-maire. Selon Jacques Clément, la dette a explosé en 2013 passant de 10 à 40 millions d’euros soit 3 000 euros par habitant. Une dette digne de très grandes villes de plus de 100 000 habitants.
La gauche compte donc bien dénoncer au fil de la campagne la gestion de François Grosdidier. Appuyer où ça fait mal. Le maire UMP s’en défend affirmant que la ville a dû investir : rénovation du secteur de la gare SNCF, pistes cyclables, caméras de vidéosurveillances, rénovation des quartiers, loisirs… «J’ai dû prendre en main une ville qui perdait des habitants. Woippy a dû investir. J’ai hérité d’un excédant de gestion mais rien n’avait été fait. La dette a augmenté oui mais elle baisse depuis 4 ans» se défend François Grosdidier, conscient que ses adversaires tirent à boulet rouge contre son bilan de gestion. «Ils n’ont rien à dire sur le reste, il faut bien qu’ils trouvent quelque chose» tacle-t-il.
«Ma notoriété ne se transmets pas»
Le maire (UMP) de Woippy veut décrocher un troisième mandat. Photo : ARNAUD SCHERER/ LOR'Actu.fr
Le maire sortant s’engage en tout cas à ne pas augmenter les impôts «si l’Etat ne baisse pas ses dotations aux collectivités locales». Autant dire que les chances de baisse ou de stabilité des impôts à Woippy sont assez minces tant l’Etat veut réduire sa participation au budget des villes, régions et départements. «Mais la fiscalité à Woippy est saine, elle est moins élevée qu’à Metz évidemment» précisé le maire UMP.
Même si le favori de la bataille semble être le maire sortant, Woippy, sociologiquement favorable au PS pourrait basculer vers sa gauche. Mais avec un climat de défiance sans précédent contre le gouvernement et un candidat moins connu que François Grosdidier, la messe semble dite. «J’ai choisi Woippy et pas Metz car j’avais encore beaucoup à faire ici. Toutefois, j’ai une notoriété qui ne se transmet pas. Mes adjoints et les habitants m’ont demandé de rester ici» dit le sénateur-maire à qui on prédisait une ambition à Metz pour faire face à Dominique Gros (PS). «Je m’occupe de ma campagne, il y a déjà beaucoup à faire» affirme le maire. S’il veut éviter tout commentaire sur la campagne de la droite à Metz, une critique lui brûle les lèvres. «La campagne à Metz est menée par un homme qui n’est pas de la droite républicaine et qui veut le faire croire. C’est une campagne de l’ambiguïté qui explique les couacs» dit-il. Le feuilleton Masson-Grosdidier ne sera décidemment jamais terminé.