27/07/2014 16:33 |
Le maire (PS) de Metz, Dominique Gros, appelle à l’échec du projet de centre commercial Waves qui doit ouvrir dans la zone d’activités d’Augny au sud de la ville avant Noël. Pour lui, le projet qui doit être redessiné par son promoteur va créer une concurrence importante au commerce de centre-ville.
Surprise générale à Metz où le maire (PS) a appelé vendredi, dans un communiqué, à l’échec du gigantesque projet de centre commercial Waves qui se construit au sud de l’agglomération au bord de l’A31. Dominique Gros avait pourtant voté pour ce projet en 2011. A quelques mois de l’ouverture prévue avant Noël, le maire de Metz doit faire face aux pressions des commerçants du centre-ville qui s’inquiètent de l’ouverture de ce gigantesque et ultramoderne centre-commercial situé au bord de l’A31. Du coup, le maire qui avait soutenu le projet critique désormais frontalement la tournure que prend le chantier.
«Je constate que ce nouveau projet Waves Grand Sud n'a plus grand chose à voir avec celui pour lequel j'avais donné mon accord en 2011 car il était principalement axé sur l'équipement de la maison, sans trop faire une concurrence frontale au centre-ville de Metz et aux centres bourgs de l'agglomération» assure Dominique Gros dans un communiqué. «Il était aussi destiné à permettre de mettre de l'ordre dans la zone d'Acti-Sud qui en a besoin» rappelle-t-il justifiant son vote favorable de 2011.
Le maire rappelle que la surface du centre va augmenter de plus de 12% passant de 38 500 m² à 43 400 m² par rapport au projet initial. Mais selon lui, il y a «plus grave encore, la surface consacrée à l'équipement de la personne augmente de 77% en passant de 12 200 m² à 21 600 m². Or, l'équipement de la personne est ce qui reste actif dans les centres villes et les centres bourgs» assure-t-il. Les commerçants du secteur de l’habillement installés en hyper-centre de Metz déjà confrontés à la concurrence d’internet et des zones commerciales existantes vont devoir affronter ce rouleau compresseur du commerce messin.
Le projet va changer de visage
Dominique Gros fustige un «nouveau projet n'a rien à voir avec le précédent, qui par ailleurs sera ouvert prochainement, et pour lequel j'avais déjà eu de sévères critiques. Il met en péril directement le centre-ville de Metz et déséquilibrera toutes les villes de l'agglomération» tranche l’élu qui est de nouveau aux commandes de la ville depuis mars dernier.
«J’en appelle à tous les élus qui siègent dans cette instance, ainsi qu’à toutes les autres personnalités qualifiées qui ont pouvoir de vote à la CDAC de tout mettre en œuvre pour faire échec à ce nouveau projet» assure le maire de Metz dans son communiqué qui a eu l’effet d’une bombe dans la classe politique et économique de l’agglomération.
PHOTO : MORGAN BIETRY/ LOR'Actu.fr
Pourquoi le maire change-t-il de cap ? Le projet présenté initialement par le promoteur pourrait bien changer de visage d’ici son ouverture à l’automne prochain. En effet, Grand Waves veut proposer plus de cellules commerciales consacrées à l’habillement et moins à l’équipement de la maison. Après l’abandon de Conforama et de Milonga (instruments de musique, filiale de Cultura) qui ne s’installeront pas au centre, le promoteur La Compagnie de Phalsbourg a dû trouver de nouvelles enseignes. Aucune dans le secteur de l’équipement de la maison n’a été séduit jure-t-il. Mais La Halle, La Halle aux Chaussures ou encore Besson s’installeront. Ces changements de secteurs doivent être validés par la commission de l’aménagement commercial en Préfecture. Pour le maire de Metz mais aussi la Fédération des Commerçants et la CGPME, si la commission dit oui au promoteur ce lundi 28 juillet, le centre-ville de Metz «sera en danger».
La droite fustige une "réaction tardive" du maire
La droite messine qui s’est toujours opposé au projet notamment pendant la campagne des municipales de mars 2014 a fustigé la «réaction tardive» de Dominique Gros, estimant que le maire de Metz n’aurait jamais dû voter en faveur de ce gigantesque centre-commercial.
«Cela fait bien longtemps que l'opposition s'inquiète du déclin du commerce messin. Nous n'avons cessé de demander au maire de faire barrage à ce projet dès son annonce, le contexte étant extrêmement difficile pour le commerce de centre-ville déjà profondément fragilisé par les travaux du Mettis et par une politique de stationnement non attractive» critique Nathalie-Colin Oesterlé, conseillère municipale (UDI) de Metz.
«Le maire semble découvrir l'impact d'un tel projet sur la vie économique de notre agglomération. De deux choses l'une: soit M. Gros fait preuve d'une incroyable malhonnêteté alors qu'il a voté ce projet des deux mains en 2011, et tente en vain un rétropédalage malheureux, contraint d'admettre l'évidence d'un commerce de centre-ville qui se meurt» poursuit la conseillère municipale de centre-droit dans un communiqué.
«Le centre-ville a durablement perdu de son attractivité commerciale, mais plus grave, le déséquilibre entre commerces de périphérie et commerces de centre-ville, et entre zones périphériques elle-même, est en train de s'aggraver. Waves en est la preuve» conclut la conseillère municipale d’opposition.
Du côté d’Emmanuel Lebeau, conseiller municipale d’opposition (SE), le maire est un pompier «pyromane». Le maire de Metz est atteint du syndrome du pompier pyromane. «Est-ce les 4.900 m² supplémentaires qui vont complètement déstabiliser l’activité commerciale du centre-ville de Metz ou les 38.500 m² initial du projet ?Bien évidemment, c’est le projet dans son ensemble qui affaiblit le commerce du centre-ville. Il est maintenant un peu tard de pleurer sur le lait renversé. La politique menée par le Maire de Metz depuis 6 ans a conduit, elle aussi, à affaiblir Metz la commerçante» attaque l’opposant qui appelle le maire à «changer de politique commerciale» face aux nombreux rideaux de commerces baissés en centre-ville.