EXCLUSIF. A Metz, le projet Kinépolis à Waves est menacé
LORACTU.fr s’est procuré le recours déposé contre le projet d’implantation du cinéma Kinépolis au centre commercial «Waves», au sud de Metz (Moselle). A la Compagnie de Phalsbourg, les arguments à charge contre le projet inquiètent.
Le recours déposé en commission nationale d’aménagement commercial sera examiné le 19 mars prochain, à quelques jours du premier tour des élections départementales alors que le projet est éminemment politique. Dans ce document d’une cinquantaine de pages que nous nous sommes procuré, un cinéma indépendant situé à 3 kilomètres du futur complexe, à Ars-sur-Moselle, pourrait faire tomber le géant belge. La Compagnie de Phalsbourg, qui a construit le centre commercial Waves, est inquiet des arguments avancés par ce recours, selon nos informations. Ils sont qualifiés de «crédibles» et «recevables».
La "disparition" des cinémas indépendants
Le cinéma de six salles et 892 fauteuils va-t-il voir le jour au sein du centre commercial Waves inauguré en octobre dernier dans la zone Actisud, au sud de l’agglomération de Metz en bordure de l’A31 ? Selon nos informations, au groupe Kinépolis et à la compagnie de Phalsbourg qui portent le projet, l’inquiétude est de mise. «Les arguments sont fondés. A Metz, le groupe Kinépolis aurait le monopole de toute l’offre de cinémas de la ville si le projet est retenu. La commission nationale n’aime pas la position de monopole des acteurs» s’inquiète-t-on à la Compagnie de Phalsbourg. La commission départementale de l’aménagement commercial de la Moselle avait pourtant dit oui au projet mais un petit cinéma indépendant, «L’Union», installé dans la petite ville d’Ars-sur-Moselle, a déposé un recours. Argument numéro un : l’installation d’un cinéma au sud de Metz menace «directement» l’existence des petits établissements indépendants.
Les cinémas d’Ars-sur-Moselle, de Pont-à-Mousson, de Marly, de Blenot-les-Pont-à-Mousson ou même de Jarny pourraient disparaître. Le futur Kinépolis de Waves devrait attirer 315 000 spectateurs chaque année avec une moyenne de six séances par jour. Le recours met en avant la programmation du futur complexe : «la même qu’au Gaumont d’Amnéville, la même qu’à Saint-Julien-lès-Metz, le futur complexe de Muse ou celui du centre-ville de Metz». Une enquête commandée par Kinépolis montre que 10% des clients du centre commercial profiteraient de leur présence pour rester au cinéma le même jour. Un indique qui «ne justifie pas la construction d’un nouveau cinéma» avance ce recours.
Plus de fauteuils à Metz qu’à Nancy ou Strasbourg
Le recours pointe aussi du doigt la surcapacité de l’offre de cinéma dans le secteur urbain de Metz. A Nancy ou à Strasbourg où il y a davantage d’habitants, il y a moins de fauteuils. Par exemple dans l’aire urbaine de Strasbourg qui compte environ 612 000 habitants, il y a 7 900 fauteuils en 2013. A Nancy, où l’on compte 430 0000 habitants, les cinéphiles peuvent s’appuyer sur une offre de 5 897 fauteuils contre 9 105 en 2010, un chiffre qui s’est effondré. Dans l’aire urbaine de Metz, 442 000 habitants, on compte 9 629 fauteuils. Il y a donc plus de fauteuils de cinémas à Metz qu’à Strasbourg et son aire urbaine qui compte près de 200 000 habitants de plus. «Un à deux cinémas de plus à Metz viendrait saturer l’offre, le spectateur fera des choix, la fréquentation baissera donc pour les autres cinémas» assure ce recours.
Autre argument : le monopole de Kinépolis. Le groupe belge qui possède un multiplexe à Thionville et à Nancy serait maître du jeu à Metz. Il pourrait ainsi exploiter celui de Waves, Muse et celui du centre-ville. Il exploite déjà Saint-Julien-lès-Metz qui affiche plus de 800 000 entrées, écrasant tous les autres cinémas de Lorraine.
Le problème des accès par la route et la faiblesse des transports en commun
Le document que nous nous sommes procuré soulève un autre point faible. Depuis l’ouverture de Waves qui a rencontré un certain succès durant l’automne et l’hiver, le réseau routier de la zone commerciale sud de Metz est saturée. Pour le porteur du recours, l’arrivée d’un complexe cinéma sur la zone provoquera davantage de problèmes de circulation. «Kinépolis prévoit six séances par jour, dont une l’après-midi pour les séniors» note le recours. «Le cinéma est générateur de flux de déplacements importants» qui ne seront pas seulement problématique en soirée. La CDAC avait également relevé «l’accessibilité du site reste problématique et qu’il ne peut pas être contredit que l’implantation d’un cinéma pourrait avoir des conditions particulièrement sensibles de circulation dans la zone commerciale d’Actisud». L’offre de transports en commun cantonnée à un arrêt de bus éloigné de l’entrée du centre et l’absence d’accès sécurisé pour les piétons et les cyclistes «prouve que tous les spectateurs viendront en voiture, saturant encore plus les accès» appuie le recours.
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