Explosion mortelle à Carling: 200.000 euros d'amende requis contre Total
L'ancien directeur de la plateforme Total de Carling (Moselle) a nié avoir été au courant des problèmes techniques à l'origine de l'explosion mortelle d'un vapocraqueur en 2009, qui avait tué deux employés, à la barre du tribunal de Sarreguemines. Le verdict est attendu en juin prochain.
Le tribunal correctionnel a mis sa décision en délibéré au 13 juin à 9h00. Le vice-procureur de la République, Olivier Gladys, a demandé au tribunal de reconnaître TPF coupable d'homicides involontaires, dans un réquisitoire de près de deux heures.
"La faute de Total passe par l'absence de mesures destinées a empêcher les conditions (qui auraient été) de nature a empêcher l'explosion", a-t-il dit. Quant au directeur de l'époque, Claude Lebeau, il semblait enfermé "dans une tour d'ivoire dont on a voulu obstinément fermer les trappes de vue", où "plus aucune information ne l'atteint".
Le 15 juillet 2009, alors que les équipes s'affairaient depuis plusieurs heures pour rallumer le vapocraqueur, une explosion s'était produite, emportant Maximilien Lemerre, 21 ans, et Jerôme Griffoul, 28 ans.
Revenant longuement sur les circonstances du drame, le représentant du parquet a mis en avant deux victimes "novices" qui faisaient partie d'une "équipe inexpérimentée", amenée à mettre en oeuvre un "mode opératoire défaillant, approximatif". "Les communications étaient brouillées entre la salle de commandement et les opérateurs", a-t-il relevé. Il a aussi pointé une "ambiance électrique", le "stress" et "la précipitation, attisée par des revers pour réactiver l'unité" de production.
- L'ex-directeur affirme ne pas avoir été au courant des problèmes -
Tout en notant "une culture d'entreprise qui est assurément une culture de l'émulation entre les équipes, une volonté de bien faire" chez Total, il a affirmé que celle-ci était accompagnée d'une "culture de l'improvisation", avec une "injonction de produire à tout prix". Il est aussi revenu sur la vétusté du surchauffeur du vapocraqueur numéro 1 du site. "Les techniciens étaient dramatiquement conscients de la technologie obsolète des détecteurs de flamme", a estimé le représentant du ministère public.
Claude Lebeau, 51 ans, encourt au maximum 5 ans de prison et 75.000 euros d'amende, et Total Petrochemicals France (TPF), en tant que personne morale, 375.000 euros d'amende pour "homicides involontaires".
(Avec AFP)
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