VIDEO. 39h payées 37 chez Smart en Moselle: pour les syndicats, ça ne passe toujours pas
Alors que les salariés de l'usine mosellane du constructeur automobile passent ce lundi aux 39h/semaine payées 37, les syndicats s'interrogent sur l'utilité d'une telle mesure alors que la production est à la baisse.
Un an après un référendum hautement symbolique et médiatisé, les ouvriers de l'usine Smart de Hambach, en Moselle, ont embauché ce lundi 3 octobre avec à leur contrat 39 heures payées 37. La bascule, sans augmentation de salaire, s'est faite officiellement le 1er octobre à minuit, mais l'ensemble des dispositifs rentreront progressivement en vigueur. Ceux concernant les cadres - une réduction des jours de RTT - seront ainsi mis en place début 2017. Pour le moment, seuls les ouvriers de la filiale de Daimler, opérateurs de production et caristes, sont concernés.
Ce passage aux 39h, avant un retour progressif aux 35 en 2020, scelle officiellement le Pacte 2020 du constructeur automobile allemand qui vise à améliorer la compétitivité du site mosellans en réduisant le coût du travail horaire, et permet de garder les emplois. Des explications qui avaient convaincu, lors du référendum de septembre 2015, 56% des quelque 800 employés, mais pas les syndicats. La CGT et la CFDT, majoritaires car représentant 53% des salariés à eux deux, avaient opposé leur droit de veto. Pour contourner cette opposition, la direction avait alors fait signer des avenants à 95% des employés.
- Plus d'heures pour moins de travail ? -
Un an après, le "travailler plus sans gagner plus" a toujours du mal à passer. "Cette décision est toujours aussi ridicule, s'est agacé ce week-end Patrick Hoskowicz de la CFDT auprès du Républicain Lorrain. On va faire plus d’heures, mais le volume de travail n’est pas au rendez-vous". Il craint notamment pour les intérimaires. "En octobre, on nous impose une semaine de congé. Tout cela pour modifier les installations afin que les lignes de production tournent plus lentement. C’est incohérent. Quand on produisait 145 000 véhicules, on était à moins de 35 heures. Et aujourd’hui, pour 100 000 voitures, on repasse aux 39heures", a expliqué le délégué CGT Thomas Di Francesco dans le journal local.
"Le passage aux 39h, c'est pour donner un signe à Daimler, leur dire qu'on a baissé les salaires", mais la production ne suit pas, a également déploré auprès de l'AFP Jean-Luc Bielitz, délégué syndical central CGT. "L'objectif, c'est de descendre la masse salariale. Mais avec les baisses d'activité, on craint le pire. Des licenciements". "On voit bien que le passage aux 39 heures n'amène rien, si ce n'est une vie familiale cassée", a-t-il également dénoncé samedi 1er octobre sur Europe 1. "20 samedis travaillés sur 52 semaines, ça fait déjà la moitié du temps au boulot", reprend-t-il. "Ça fait des horaires qui terminent à 23h. Donc les salariés râlent. C'est très dur à vivre."
Ce n'est pas la première fois dans l'automobile que ce genre de changement a lieu. Michelin, Renault, PSA ou Continental ont par le passé négocié des accords temporaires pour augmenter le temps de travail et la flexibilité, baisser les salaires ou supprimer des avantages, avec plus ou moins de réussite, et, parfois, des licenciements.
(Avec AFP)
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